Trois suicides d’infirmiers en un mois

Trois suicides d’infirmiers en un mois

Un homme d’une cinquantaine d’année, cadre de santé de l’hôpital de Saint-Calais dans la Sarthe s’est suicidé le 30 juin 2016 et est décédé le 5 juillet. Dans des courriers envoyés à la direction du centre hospitalier, à l’ARS et à sa famille, il mettrait directement en cause la direction de l’établissement.

Trois suicides d'infirmiers en un mois
© Semary/iStock

Cet agent venait tout juste d’achever une formation continue de cadre de santé et s’apprêtait à reprendre ses fonctions après 9 mois d’absence”, précise dans un communiqué la direction de l’établissement. 

Une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales est diligentée. Par ailleurs, la famille de l’ancien infirmier a l’intention de saisir la justice.

“En 2015, comme c’est l’usage, il avait fait fonction de cadre tout en restant infirmier à l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Louis-Pasteur, qui dépend du CH de Saint-Calais. (…) Il voulait continuer à exercer en Ehpad, alors qu’on lui proposait un service qui connaît de très fortes difficultés, celui des soins de suite longue durée”, détaille l’agence APM. 

L’ancien infirmier a fait une tentative de suicide le 30 juin à son domicile, alors qu’il devait prendre ses nouvelles fonctions le 1er juillet. Transporté en réanimation au Mans, il est décédé le 5 juillet.

Selon Philippe Keravec, secrétaire du syndicat CGT au Mans, responsable départemental de la fédération santé et action sociale, qui a eu accès à la lettre posthume adressée à la direction du centre hospitalier, à l’agence régionale de santé (ARS) Pays-de-la-Loire et à sa famille, ce cadre de santé “dit ouvertement qu’il tient responsable de son suicide une partie de la direction du centre hospitalier de Saint-Calais” et aurait écrit, dans cette lettre : “Vous me demandez de maltraiter mes collègues et ça, ça ne peut pas se concevoir dans les valeurs que je défends”.

La direction se défend en indiquant que suite aux “divers courriers (de ce cadre de santé) mettant en cause certains personnels dont l’équipe de direction et d’encadrement, les autorités administrative et judiciaire concernées en ont été prévenues immédiatement par la direction de l’établissement”.

Deux autres suicides d’infirmiers

Rappelons qu’un infirmier de 55 ans s’est suicidé le 13 juin dans son service au CHU de Toulouse, un décès reconnu comme accident de travail par le CHU, et le 24 juin, une infirmière de l’hôpital du Havre, âgée de 44 ans, mettait en cause dans sa lettre d’adieu ses conditions de travail “en dégradation constante” avant de se suicider.
 
Pour Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, ” les conditions de travail se dégradent un peu partout. La pression devient trop rude sur des professionnels que l’on pousse à bout (rappels sur repos, polyvalence imposée, perte de sens, sous-effectif, pression à l’activité). Ces réorganisations sont en rupture avec les valeurs soignantes, et débouchent sur une maltraitance des soignants et la mise en danger des patients.”
 
Selon la CGT, des problèmes ont déjà été signalés au sein de l’établissement de Saint-Calais. “Au moins 17 cadres auraient changé d’établissement ses dernières années”, selon Philippe Keravec et le syndicat a déjà alerté l’Agence régionale de santé et demandé des solutions.
 
Après la CGT, FO Santé dénonce également les méthodes de la directrice dans un courrier adressé à la préfète de la Sarthe et au directeur de l’agence régionale de santé. Selon Jacky Martineau, le secrétaire départemental, “la directrice s’affranchit des lois et règlements (…). Cette situation peut devenir dramatique à chaque instant”.

Cyrienne Clerc, avec APM,  SNPI et France Bleu


251 réactions

  1. Rip…

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  2. Ce n’est pas étonnant

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  3. C’est exactement ce qui se passe chez nous aussi

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  4. Le funeste (dé)compte n’est pas bon… car 4 suicides à Toulouse entre le 13 juin et le 1er juillet 2016

    http://www.ladepeche.fr/article/2016/08/27/2407280-le-chu-de-toulouse-endeuille-par-plusieurs-suicides.html

    Quant à Amouroux et les autres permanents syndicalistes ou ordinaux de TOUS les secteurs y compris en libéral, ils en savent quoi des conditions de travail depuis le temps qu’ils ont déserté le terrain au profit des couloirs feutrés des ministères, commissions, institutions, observatoires…etc, etc, etc, à parler entre autres d’intelligence émotionnelle pour humaniser les soins ou à faire chier ou bien encore harceler les professionnels ?

    Pour humaniser les soins :

    1/ De bonnes conditions de travail
    2/ Du personnel en nombre et qualifié
    3/ De la reconnaissance
    4/ Une rémunération décente
    5/ Une (R)EVOLUTION

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  5. Zut raté, donc bis : dc j’ai peu de contacts FB, mais si le peu que j’ai peut partager par amitié, il faut que cela se sache.
    Merci

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  6. suppression de la sécurité sociale et système de santé a l’américaine ou a l’européenne, et y’aurait pas autant de suicide, ce qui permettrait d’avoir plus de personnel comme en Belgique 😉

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  7. C’est ca ! Ils se donnent bonne conscience … Tout comme la charte du patient , la bientraitance et toutes ces jolies chartes qui ne sont plus applicables… Quel gâchis ..

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  8. C’est dans la Sarthe, je voulais y postuler… j’me tâte

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  9. Je ne dirais pas la belle vie mais certains n’ont pas la conscience d’harceler leur personnel ; ils appliquent bêtement les consignes sans réfléchir parce qu’ils sont faibles et la direction s’en accommode bien ..

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  10. Faut pas qu’on finisse comme ça les gars !

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