Décès à l’hôpital: les premiers gestes des soignants

Pour un soignant, la mort est une réalité face à laquelle il est impossible de faire l’impasse. Quelles sont les généralités et exceptions à prendre en compte ? L’avis d’acteurs directement concernés par la question.

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Les premiers gestes

Sitôt le décès constaté, le certificat renseigné et la famille contactée par le médecin, infirmiers et aides-soignants doivent faire une première préparation du corps du défunt avant le relai par les services compétents.

Il convient, tout d’abord, de retirer tous les matériels invasifs type voie centrale,  sonde d'intubation, vésicale... Concernant l’hygiène, il est recommandé de s’en tenir au strict minimum : pose de protection et réfection de lit.

Le patient décédé étant ensuite pris en charge par les pompes funèbres ou un corps religieux (cf. infra), il est inutile voire proscrit d’effectuer une toilette complète. Pour éviter de gêner le travail de ces derniers, il est également déconseillé d’habiller la personne défunte.

De l’importance d’une bonne prise en charge

Une bonne synergie des compétences va faciliter le travail de deuil pour les familles. Elle implique une bonne coordination entre les soignants en service et le thanatopracteur.

Selon Eliane Lézian, responsable d'une chambre mortuaire à Marseille, certains gestes, d’apparence anodins, ont leur importance : « Laissez le patient la tête à plat et son faciès va prendre une teinte noirâtre que nous aurons toutes les peines du monde à corriger lors des soins d’embaumement ! Le fait de garder la tête légèrement surélevée a une importance capitale pour nous et indirectement, pour les familles. »

Il faut en outre s’abstenir de bourrer les orifices avec du coton ou de  maintenir les yeux fermés avec du sparadrap. Pour ce dernier point, le seul geste utile est d’appliquer un peu de vaseline sur le globe oculaire. A l’inverse, maintenir la mâchoire fermée à l’aide d’une bande a son utilité, « à condition de ne pas avoir omis de replacer le dentier du défunt » souligne Eliane Lézian.

Les thanatopracteurs ont également tendance à conseiller de ne pas couvrir totalement les corps, le poids du drap pouvant suffire à déformer l’arête du nez par exemple.

Autant de points de détail auxquels les professionnels comme Eliane Lézian attachent beaucoup d’importance : « Les soins de conservation vont redonner un teint au défunt et faciliter le travail de deuil des familles. Mais certains oublis compliquent grandement notre tâche. »

Décès et exception religieuse

En regard de la confession de la personne décédée, les soignants doivent également observer certaines démarches. A l’inverse des rites et croyances chrétiennes, il est formellement interdit d’effectuer une toilette mortuaire aux patients musulmans et israélites.

« Nos religions attachent une grande importance au respect du corps » souligne Lionel Dray, adjoint au grand rabbin de Marseille. Ce dernier se veut d’ailleurs conciliant face à toute erreur : « Si un soignant a effectué une toilette par ignorance, ce n’est pas d’une gravité extrême. Nous prenons le relais et le défunt reste juif quand bien même. »

Dans ces deux cas particuliers, les soignants doivent se contenter de retirer les appareillages médicaux, poser ou garder une protection hygiénique et placer les bras le long du corps.

Au médecin ayant constaté le décès de prévenir la famille ou, à défaut, les autorités compétentes. Chaque établissement de santé possède et affiche une liste de contacts des responsables de culte dans la ville.

Cadre légal

La loi prévoit que toute toilette ou geste ne peut être effectuée avant le constat et la rédaction du certificat de décès. Certificat qui sera transmis dans un délai de vingt-quatre heures au bureau d’état civil de la mairie du lieu de décès.

Outre la prise en charge du corps, un inventaire doit être effectué par deux personnes de l’équipe soignante (décret 74-27 du 14 janvier 1974, article 74). Bien que la loi stipule une remise de ces effets au service économique, « ils sont remis directement à la famille contre une signature sur la fiche d’inventaire » observe Audrey Becker, infirmière dans un service de réanimation.

D’un point de vue médico-légal, un corps ne peut être transféré en chambre mortuaire en dessous d’un délai de deux heures. Une durée qui ne peut excéder les dix heures (Décret 97-1039 du 14/11/1987, article 4).

Sans pour autant bafouer toutes les dispositions suscitées, chaque situation peut rester à l’appréciation des soignants et des familles. Pour les professionnels de santé plus fréquemment confrontés aux décès (structure de soins palliatifs, maison de retraite), il existe des formations et ouvrages, comme le guide réalisé par la société française d’accompagnement et de soins palliatifs : L'infirmier(e) et les soins palliatifs : Prendre soin : éthique et pratiques

Joël Ignasse

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Réactions

19 réponses pour “Décès à l’hôpital: les premiers gestes des soignants”

  1. vi dit :

    j’ai rendu visite à ma tante défunte à l’hôpital.
    Elle gisait sur son lit, la bouche ouverte ce qui est très choquant.
    Y a t-il une raison pour qu’on ne lui ait pas fermé la mâchoire?

  2. Némo dit :

    concernant le délai de garde d’un corps dans le service hospitalier, le décret parle d’un délai maximum mais en aucun cas d’un minimum. En cas de nécessité et si la famille ne vient pas, le corps peut-être descendu avant 2heures

  3. Pseudo dit :

    Au contraire à l’ifsi on avait eu une intervention de thanathopracteurs et ils nous disaient d’éviter les bandages autour de la tete qui abiment la peau avec le temps et je lis « raser » aussi ils nous le déconseillait aussi parce que sur le coup ça ne se voit pas et après ya plein de micro coupures qu’ils ont du mal à enlever

  4. stéph dit :

    quelle vision « oeuf de pâques » pour la famille !!! il existe des mentonnières très discrètes pour fermer la bouche c’est moderne et ça coûte pas cher!!!

  5. si je peux t »aider sans souci

  6. quel forum de discussion si je peux t »

  7. bonsoir personne ne va sur le forum de discussions ?? j ai vraiment besoin de conseils de professionnels merci a tous

  8. madielele dit :

    je souhaite dire que ça ne ce passe pas dans tous les service hospitalier de la façon mentionnée ci-dessus.
    Pour information,
    je suis aide soignante en long séjour à l’hôpital public, lors des décès, nous faisons la toilette mortuaire, nous habillions le patient et nous le rendons plus « présentable  » à la famille en le maquillant légèrement…
    on coupe les ongles, on coiffe,…..
    madielele

  9. moi aussi j’aime beaucoup que les défunts partent propre comme si ils étaient toujours de ce monbde.c’est trés important pour la famille de conserver une image humaine de leurs défunts.c’est trés important ayant été dans cette situation il n’y a pas longtemps c’est vraiment la dernière image que l’on conserve de l »etre perdu.accompagner une personne en fin de vie est trés valorisant.ne pas la laisser seulle…combien de personnes paseent de l »autre coté pas accompagné?cela doit etretrés dur…

  10. tu as raison Anne-Sophie , cette toilette est un SOIN important . Quand au parfum , je suis aide-soignant au service mortuaire de l’hôpital et aucun thanato ne m’a donné de contre-indication . Pour la famille du défunt retrouver l’odeur de son parent n’est pas qu’un simple détail .

  11. pourquoi pas de parfum ? je ne savais pas …

  12. Cat' Carion, dit :

    Le parfum, je le mets à la fin de la toilette près du corps,,, ainsi lorsque la famille arrive dans la chambre, c’est réconfortant pour eux de le sentir…

  13. est ce vraiment l’info essentielle dans cette discussion?

  14. attention malheureuse…
    Surtout, surtout : PAS DE PARFUM SUR LE CORPS D’UN DEFUNT… !! les thanato le diront… c’est à proscire vraiment..!!!

  15. oui d’acord avec chrystele nous sommes là pour accompagner jusqu’au bout c’est tellement important pour le malade et sa famille de se sentir entouré et surtout écouté Personnellement je dis toujours « au revoir » au défunt et prend soin de son corps et de son image (eau chaude pour la toilette, parfum, rasage..) le dernier soin …

  16. quand ils sont encadrés ne meurent pas seuls non plus a domicile

  17. Les generalités a^prendre en compte , c’est qu’a l’hôpital les personnes ne meurent pas seul ,souvent accompagné et soigné….

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