Les infirmiers devront mettre à jour leurs connaissances tous les ans

A partir de 2012 infirmiers et aides-soignants, comme les autres professions paramédicales et médicales, devront participer chaque année à un programme de Développement professionnel continu.

Un décret publié fin décembre introduit l’obligation de participer annuellement à un programme de développement professionnel continu (DPC), dès 2012.

Une petite révolution pour les infirmiers qui contrairement aux médecins n’avaient pas jusqu’à présent une formation continue imposée. Le DPC va d’ailleurs au-delà de la seule formation puisqu’il inclut également d’autres formes d’action.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, et la secrétaire d’Etat à la Santé, Nora Berra, rappellent d’ailleurs dans un communiqué que cette « mise à jour des connaissances est un facteur essentiel de la qualité des soins ».

Qui est concerné ? Quelle prise en charge ?

Tous les infirmiers, salariés et libéraux, actuellement en exercice doivent désormais réaliser un programme de DPC par an. Les établissements, pour les salariés, et les instances ordinales, pour les libéraux, seront chargés du contrôle du respect de l’obligation.

Compte tenu des rapports conflictuels entre l’Ordre et les syndicats de libéraux, dont la majorité appelle au boycott, cette attribution risque fort de passer à l’as. Mais au moins une fois tous les cinq ans le directeur de l’Agence régionale de santé doit aussi s’assurer que les infirmiers libéraux ont bien réalisé leur DPC annuel.

En cas de non-respect de l’obligation de formation, les employeurs ou le directeur de l’Agence régionale de santé, peuvent après enquête prendre des sanctions disciplinaires.

Les actions liées au DPC seront prises en charge au titre du dispositif de formation professionnelle tout au long de la vie pour les salariés. Les libéraux recevront des « chèques DPC » dont le montant forfaitaire sera fixé par la commission paritaire de l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC). Ces chèques qui seront distribués chaque année permettront de financer les actions faites dans le cadre du DPC.

A quoi ça sert ? Quelles actions sont concernées ?

Le développement professionnel continu doit « permettre  l’analyse des pratiques professionnelles et également l’acquisition ou l’approfondissement de connaissances ou de compétences » explique-t-on à la DGOS.

Les programmes dont la forme et les modalités seront fixés par la HAS intègreront donc aussi bien des actions de formation, des colloques ou d’autres actions comme les réunions pluridisciplinaires de concertation ou des évaluations des pratiques professionnelles. « Nous souhaitons également décloisonner les actions et faire en sorte que plusieurs spécialités se rencontrent. Par exemple regrouper un chirurgien vasculaire et des infirmières libérales d’un réseau de soins plaies/cicatrisation ».   

Qui va gérer ça ? Quels programmes ? Quels garde-fous ?

Ce seront des organismes enregistrés par l’Organisme gestionnaire du DPC et évalués favorablement par les commissions scientifiques indépendantes qui seront chargés de mettre en œuvre les programmes de DPC selon une orientation nationale fixée par le ministère de la Santé. Des orientations régionales, proposées par les agences régionales de santé pourront aussi compléter la ligne déterminée par le ministère.

Ces organismes DPC seront ensuite évalués par la  Commission scientifique du Haut Conseil des professions paramédicales composés de professionnels de santé qui sera chargée d’établir une évaluation technique et scientifique des organismes et veillera à la qualité des programmes dispensés.  La commission formulera également un avis sur les orientations nationales du développement professionnel continu ainsi que sur les orientations régionales formulées par les agences régionales de santé.

C’est aussi cette instance qui dressera la liste des diplômes universitaires susceptibles d’être considérés comme équivalent à un programme de développement professionnel continu.

Les décrets régissant le DPC étant maintenant publiés, les organismes vont pouvoir s’enregistrer et les premiers programmes pourront débuter prochainement. La DGOS a toutefois prévu une certaine souplesse pour 2012 : Les infirmiers et qui ont participé en 2011 ou participeront en 2012 des actions de formation continue sont ainsi réputés avoir satisfait à l’obligation annuelle de DPC. Il suffit pour cela d’adresser un justificatif à l’employeur ou  à l’ordre.

Et les aides-soignants ?

C’est le même décret qui régit le DPC des aides-soignants. Ils doivent également réaliser un programme annuel obligatoire. Les actions seront financées selon le dispositif de formation professionnelle tout au long de la vie et les chefs d’établissement devront veiller au respect de l’obligation de formation.

Joël Ignasse

Pour aller plus loin :

Décret n° 2011-2114 du 30 décembre 2011 relatif au développement professionnel continu des professionnels de santé paramédicaux

Pour aller plus loin : les formations DPC, Master, DU de nos partenaires pour les infirmiers et infirmiers libéraux

Voir les commentaires (142)

  • Je trouve que c'est une très bonne idée vu l'évolution permanente de notre métier, le questionnement sur nos pratiques quotidiennes me semble un minimum. Evitons les pratiques "routinières et sans reflexions qui nous amèneent à faire des erreurs.
    Quant à la nouvelle réforme, les connaissances des étudiants semblent de plus en plus limitées... ce qui ressort malheureusement assez souvent de l'avis des professionnels!

  • alors voyons un peu l'étendue de l'étrangeté de la chose
    dans mon établissement il y a 10 ans la direction a dit que la formation sur les gestes d'urgences concernant les patients hospitalisés devait être annuelle et obligatoire
    je me souviens avoir dit que cela ne serait pas réalisable, et j'ai eu raison, j'ai encore raison.
    les DE de moins de 2 ans sont exclus du programme sous prétexte qu'ils sortent de la formation, les autres si on peut les dégager d'une journée de travail il est assez rare qu'ils puissent y accéder (pas de temps, plus de place?!, enfin ce genre de choses si pathétiques)
    ma formation sur ce thème a plus de 15 ans, ça m'agace toujours autant, quand aux autres formations c'est la même, pas de temps et l'institution n'a plus d'argent.
    dans ces conditions on se forme comment? en DPC sur le temps perso?
    et avec nos salaires si mirobolants sur fond propres pour éviter au système d'être encore et toujours dans le rouge?
    salariée je suis, j'estime que concernant l'adaptation aux nouveautés c'est à mon employeur de s'y coller. pour le reste je me débrouille toute seule quand il s'agit de curiosité intellectuelle hors job.
    pour les IDEL ne serait ce pas aux caisses d'assurances maladies d'organiser les remplacements (paiement inclus)?
    et puis quand on voit le prix affiché par ces boîtes de formation on sent bien que c'est une vraie rente pour eux.

  • Encore une fois de bonnes intentions mais comment vont ils gérer cela, dans les hôpitaux les budgets de formations sont à secs. Qu'est ce qu'ils vont encore inventer; après l'ordre, le dpc (développement professionnel continu), et en 2013 ? l'augmentation de la cotisation de l'ordre, une assurance professionnel national ralié à l'ordre ou non. On nous prend pour des vaches à lait ma parole.2013 sera l'année du clash nouveaux ide sortant de la réforme avec salaires plus haut nous avait on dit......
    A VOIR CHERS COLLEGUES, l'ordre nous l'avons en nous c'est un ordre moral entre nous, ona ime ce métier mais on en bave tellement qu'on se serra les coudes jusqu'au bout.;)

  • Depuis le temps qu'on attendait cela...
    Mais de grâce que la formation incendie et les autres obligations légales (prépa certification, hygiène, CLAN, CLIN...) ne comptent pas et ne prennent pas à peu de frais notre quota d'heures.
    Et que les formations pertinentes proposées par les partenaires sanitaires et sociaux ne soient pas bloqués au secrétariat de direction !
    Et enfin que ds les congrès les formateurs arrêtent de se la jouer en parlant en initiales et en anglais alors qu'on est tous bien Français.
    Bref, ceci ets une TRES BONNE nouvelle.

  • Il est très important pour notre profession de mettre à jour ses connaissances théoriques et pratiques mais combien de fois je me suis inscrit à des formations et au dernier moment votre cadre vous dit " tu ne pourras y aller je manque de monde pour travailler ce jour là".A quand la même chose pour les docs, quand je vois que certains ne savent même pas faire une commande de sang ou encore faire un CPTU alors qu'ils sont responsables de la transfusion ou encore le stétho qui voyage de patients en patients sansêtre nettoyé et à nous la cellule d'hygiène vient nous faire la morale sur le lavage des mains!!!!

  • !!L'Etat devra mettre à jour le salaire tous les ans!!
    C'est bien de penser à notre formation!! Je ne suis pas contre!! Mais après si c'est pour élargir nos champs de compétences, dépassement de tâches.... Sans revoir le salaire, les conditions de travail...!!! Ça sert à rien!! Donner des formations mais ne pas mettre les moyens dans les hôpitaux pour les appliquer, que de frustrations supplémentaires!

  • En plus m. borniche ne devrait pas parler d’élus et encore moins de nos élus. Je parle bien sûr de ceux qui n’ont pas (été) démissionné(s)… Faut il rappeler que les élections ne se sont pas tenues ni dans les CDOI ni dans les CROI et que par conséquent la moitié des conseillers ont un mandat périmé depuis plusieurs mois maintenant. Et au national, les conseillers ont été prolongés par décret ministériel donc VIVE LA DEMOCRATIE.

    Et c’est ça qui veut nous donner des leçons ???

    Et la plus grande représentation infirmière de France, c’est celle qui ne plie pas devant cette chose. Plus de 413000 contre vos 110000 dont certain(e)s ont été contraint(e)s pour pouvoir gagner leur vie malgré leur diplôme, expérience, savoir faire.
    Donc le conseil de l’ordre infirmier ne réunit rien du tout en tout cas pas la majorité, loin s’en faut !!

    La démographie infirmière doit donc être l’une des priorités qu’il dit. Il suffit de jeter un coup d’œil sur votre annuaire !!! En plus les chiffres (comme les comptes) ne sont ni vérifiés ni vérifiables. « Menteur un jour, menteur toujours » disaient les anciens.

    Et la démographie, elle porte sur combien d’IDE ? Les inscrit(e)s ou les non inscrit(e)s ?
    En déposant plainte ici et là contre des ISP par exemple ? En arrachant des listes au forceps ?

    D'autres projets comme l'intégration prochaine des Infirmiers au Répertoire partagé des professionnels de Santé (RPPS) et l'arrivée du développement professionnel continu (DPC) sont des enjeux majeurs pour nous tous.

    Sinon, en ce qui concerne le DPC (faut voir ce qui va être proposé en plus...), Jusqu'à preuve du contraire, les formations continues conventionnelles ou pas sont gérées par les organisations syndicales. Pour le monde libéral, à ce jour, 3 syndicats IDEL appellent au boycott de cette chose...
    Philippe Tisserand a écrit:
    ONI : « Une coquille vide qui ne sert plus à rien »
    Chez les salariés, c’est quasi l’unanimité contre l'ordre infirmier en terme de nombre et de représentativité.

  • Et l'ordre infirmier se gargarise déjà d'avoir encore un moyen de faire peur et d'avoir un moyen de pression sur les IDE(L) alors que ce sont les partenaires sociaux, soit les syndicats à qui cette gestion (organisation/finance) incombe ; cf infolettre de borniche au 1/5 ème des IDE qui adhèrent (à jour ou pas d'ailleurs de leurs cotisation).

    Par ailleurs, les syndicats pro-ordre sont aussi minoritaires que les IDE pro-ordre.

    Infolettre avec ses " bons " voeux [donnez- donnez moi la,la,la :))] qui arrive juste quelques jours avant la conférence de presse comme par hasard.

    [..Communication de l’Ordre National des Infirmiers
    L'infolettre Infirmière

    Chères consœurs, chers confrères,

    Pour cette nouvelle année, vos élus du Conseil de l'Ordre des infirmiers se joignent à moi pour vous présenter leurs meilleurs vœux, tant sur le plan professionnel que personnel.

    Nous sommes plus de 110 000 réunis aujourd’hui au sein de notre Ordre professionnel, constituant ainsi la plus grande représentation infirmière de France. Nous vous remercions de la confiance que vous nous témoignez pour assurer la promotion de notre profession.

    Le conseil de l'Ordre des Infirmiers nous réunit notamment autour d’intérêts communs :

    · La reconnaissance de notre profession comme acteur majeur de la santé,
    · La valorisation de notre diplôme dans toutes ses composantes d’exercice professionnel et quelque soit la spécialisation,
    · La défense des intérêts de la profession infirmière et des professionnels,
    · Un exercice légal de la profession permettant une prise en charge exclusive des actes professionnels,

    Notre Ordre est encore jeune, et a fait face à certaines difficultés. Toutefois, la ténacité, le courage et la résistance qui caractérisent notre profession, nous engagent à poursuivre nos efforts pour que l’Ordre Infirmier remplisse les missions dont le législateur l’a doté au bénéfice de la profession et de la population.

    L’Histoire nous prouve (hélas) que c’est seulement tous ensemble que nous réussirons à valoriser notre merveilleux métier et ainsi le rendre plus attractif, notamment auprès des jeunes générations. La démographie infirmière doit donc être l’une de nos priorités et s’inscrit directement dans cette perspective d’un exercice infirmier mieux reconnu. D'autres projets comme l'intégration prochaine des Infirmiers au Répertoire partagé des professionnels de Santé (RPPS) et l'arrivée du développement professionnel continu (DPC) sont des enjeux majeurs pour nous tous.

    Je souhaite qu'au travers un nombre toujours grandissant d’inscrits au tableau de l’Ordre National des Infirmiers, notre crédibilité sur la scène des politiques de santé soit reconnue à juste titre. Les infirmières et infirmiers de France méritent d'être enfin appréciés pour leurs compétences et leur professionnalisme;

    Chère consœur, cher confrère, je vous souhaite de réaliser vos vœux les plus chers....]

    Didier Borniche
    Président du Conseil National
    de l'Ordre des Infirmiers

    • "Chère consœur, cher confrère, je vous souhaite de réaliser vos vœux les plus chers....]"

      Cher confrère, mon vœu le plus cher est de voir disparaitre l'organisation dont vous êtes président, alors, faites que cela se réalise. Merci.

  • Ah oui sur le fond c'est intéressant mais la reconnaissance salariale d'un infirmier et d'une infirmière c'est pour quand??

  • Apprendre à gérer la pénurie de personnel !
    Travaillons plus pour gagner moins !
    Retour des 42 h par semaine.......

    Enfin on s'occupe de nous . MERCI