Marisol Touraine veut revenir sur l’obligation d’adhérer à un ordre professionnel

La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, souhaite revenir sur l’obligation pour les professionnels de santé d’être inscrit à un ordre, en procédant à des « modifications législatives », a-t-elle écrit dans une lettre transmise lundi à l’AFP.

« Je suis consciente des difficultés rencontrées par certains professionnels opposés aux règles édictées lors de la création » de l’Ordre des infirmiers, très contesté, écrit la ministre dans une lettre adressée à la secrétaire générale de la CGT Santé-Action sociale, Nathalie Gamiochipi.

« C’est pourquoi je souhaite engager rapidement des modifications législatives sur l’obligation d’adhérer aux ordres professionnels », ajoute-t-elle.

Contacté par l’AFP, le ministère n’a pas fait de commentaire.

Marisol Touraine n’a jamais caché sa défiance vis à vis de l’Ordre infirmier, et avait déjà fait part de ses réserves lors d’une discussion informelle avec une infirmière en mai dernier.

Dans un communiqué, l’intersyndicale de la santé (CFDT, CFTC, CGT, FO, SNICS-FSU, Sud, Unsa) se félicite « de cette officialisation » et demande à Mme Touraine de « mettre le plus rapidement possible à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le texte permettant » de ne plus obliger les infirmiers mais aussi les masseurs-kinésithérapeutes et les pédicures-podologues à adhérer à leurs ordres respectifs.

L’intersyndicale réclame aussi « la fin de toute pression et menace de poursuites sur les professionnels refusant d’adhérer ».

Le 2 juillet dernier, le conseil national de l’Ordre infirmier qui se félicitait d’avoir été reçu au Ministère des affaires sociales et de la santé dans un « climat constructif », avançait le nombre de 117 085 IDE inscrits, sur environ 500 000 professionnels en activité.

Créé fin 2006, l’Ordre infirmier, peine toujours à s’imposer. Exception fait du SNIIL, dont la présidente sera reçue par Marisol Touraine dans la semaine, la majorité des syndicats de libéraux appellent désormais clairement à sa disparition.

Si la mise en place d’une telle proposition signerait très probablement l’arrêt de mort de l’Ordre infirmier, plus jeune et plus fragile que celui des autres paramédicaux, la préparation du texte et sa présentation devant l’assemblée est loin d’être acquise.

Les autres Ordres professionnels, notamment celui des médecins et des pharmaciens, dont les appuis sont puissants et dépassent le clivage droite-gauche, feront tout pour ne pas laisser s’entrouvrir une brèche législative susceptible de mettre en danger leurs propres intérêts.

L’Ordre infirmier a contre-attaqué mardi 17 juillet, par la voix de son président Didier Borniche. Faisant part de sa « totale désapprobation quant à la méthode employée », il reproche à Marisol Touraine de créer une « polémique inutile et désastreuse, qui peut mettre en péril des ordres et l’ensemble de leurs salariés. »

Edition du mercredi 18 juillet : ajout de la réaction de l’Ordre infirmier

Rédaction ActuSoins, avec AFP

Voir les commentaires (117)

  • Lu sur Résilience (et à diffuser +++ ) :

    RESILIENCE – 13 rue de Molsheim – 67000 Strasbourg.

    Madame, monsieur,

    vous ne le savez certainement pas mais depuis le 21 décembre 2006, date de l'instauration d'un ordre infirmier en France, vous êtes soigné par plus de 80% d'infirmières et d'infirmiers, en exercice illégal de leur profession. Profession qui pourtant, avec celle des pompiers, est une des premières à laquelle vous et des dizaines de millions de français, usagers de la santé, faîtes confiance et apportez spontanément votre soutien indéfectible !

    Aujourd'hui, madame, monsieur, ces plus de 450 000 infirmières qui refusent de cautionner les dérives et les manquements graves de l'ordre infirmier font appel à votre aide et à votre soutien : depuis plus de 5 ans maintenant, les infirmières et infirmiers que vous connaissez bien, soit en ville, soit en clinique ou encore à l'hôpital sont harcelés, menacés pour certains de perdre leur emploi parce qu'ils refusent, tout simplement, de devoir payer pour travailler, ce qui est un comble dans une profession en pénurie depuis de trop longues années.

    En effet, qui dit ordre professionnel, dit cotisation obligatoire pouvant aller jusqu'à plus de 500 euros par an comme pour les avocats par exemple ou encore 300 euros pour les médecins.

    Les infirmières, vous le savez, n'ont pas les mêmes salaires que ces professions souvent libérales. Et même à 1 euro symbolique par an, les infirmières refuseront encore et toujours de se soumettre à une instance qui, en 5 années de fonctionnement, a démontré ses insuffisances et a perdu toute crédibilité, définitivement, auprès de la profession.

    Alors dans l'opposition, les actuels responsables gouvernementaux nous avaient promis de mettre un terme à cette gabegie financière une fois aux affaires. L'ordre infirmier est en effet en déficit de plus de 13 millions et voudrait faire payer ses erreurs à des blouses blanches qui viennent d'apprendre que leur salaire déjà gelé ces dernières années, va de nouveau l'être pendant 5 ans, alors même que les heures supplémentaires sont rarement payées à l'hôpital public. Comme l'ensemble des français, les infirmières participent aux efforts imposés.

    Comme vous, madame, monsieur, les infirmières connaissent des fins de mois difficiles et comme vous, elles doivent assumer leurs responsabilités familiales tout en travaillant le jour, la nuit et souvent un week end sur deux, voire deux sur trois avec des horaires décalés et un rythme épuisant. Alors même à 30, 75 ou encore 150 euros, les infirmières disent encore et toujours non et non à cette taxe professionnelle qui ne dit pas son nom !

    C'est pourquoi, madame, monsieur, nous vous demandons d'appuyer notre demande auprès de monsieur le Président de la République en lui renvoyant gratuitement et par la poste le coupon ci-dessous après l'avoir rempli et signé, mis sous enveloppe et posté sans l'affranchir à l'adresse suivante :

    ___________________________________________________________________________

    Monsieur le Président de la République
    Palais de l'Élysée
    55 rue du Faubourg Saint Honoré
    75008 Paris.

    Je soussigné (nom et prénom),

    demande à Monsieur le Président de la République de donner satisfaction aux infirmières et aux infirmiers en abrogeant la Loi du 21 décembre 2006 instaurant un ordre infirmier en France, inutile et coûteux.

    Signature,

    • certains de ces salariés planqués au siège parisien gagnent plus de 7 000 euros brut/mois, on comprend donc qu'ils n'aient pas envie de perdre leur emploi, mais même avec ce salaire, ils ne décrochent pas le téléphone ...

  • Christine , où as tu vu que l'ordre dérange les gens d'en haut ? Certes les nuls qui le pilotent ont réussi à agacer même ceux qui ont porté l'oni à bout de bras, mais la droite n'est JAMAIS gênée par les ordres.
    L'ordre n'embête que ceux qu'il ose prétendre représenter ! Un comble ,non ? Et tu es prête a cotiser pour ça ?

  • Le problème c'est que ça gêne aussi les gens "d'en bas" comme nous.Du coup j'en veux pas. Payer pour bosser c'est un peu fort de café. Même si l'idée aurait pu être productive les dirigeants de l'ordre et en particulier la première présidente à dilapidé cet ordre. Rien ne productif n'a été fait par cet ordre. Pour ce qui est de l'ordre des médecins il est loin de faire l'unanimité et aujourd'hui et je ne vois pas ce qu'il à réellement apporté aux médecins. Les combats sont menés par leurs syndicats : MG france....

  • Cet ordre dérange l Etat ,je veux pas jouer les Anar. mais moi tout ce qui Gène ces gens d en Haut ,de Dte comme de Gche, et bien ça me va meme s il faut que je mète la main a la poche .....

    • Il derange tellement l'Etat qu'il a eu 1.5 millions pour ses elections, puis un decret pour que les elus restent en place...franchement niveau copinage c'est pas mal. Sans parler de Perol ou de legion d'honneur.

    • et bien vas-y....racke...si çà peut te faire plaisir....ha ha ha ha....mais faut pas obliger ceux désapprouvent pour des raisons réfléchies et pas uniquement contestataires à payer....Un maximum d'IDE réfléchisseent autrement que "basiquement" au grand dam de l'ordre infirmier(c'était d'ailleurs la question qui les préoccupaient ++++ lors de leur rencontre québécoise avec la présidentes Desrosiers "les IDE français réfléchissent et ne sont pas des moutons!" ....dommage le compte-rendu de cette réunion a disparu du net...mais il en reste des traces enregistrées dans bon nombre d'ordi d'IDE!)