Près de la moitié des décès en France sont précédés d’une décision médicale susceptible de hâter la mort

Près de la moitié des décès survenus en décembre 2009 ont été précédés d’une décision médicale ayant pu hâter la mort, selon une enquête publiée lundi par l’Institut national d’études démographiques (Ined).

Cinq ans après l’adoption de la loi Leonetti sur la fin de vie, les médecins interrogés ont reconnu que pour 47,7% des décès, ils avaient pris une décision en sachant qu’elle était susceptible d’abréger la vie du patient.

Dans 28,1% des cas, elle consistait à intensifier le traitement de la douleur avec utilisation de morphiniques ou d’accroître une sédation avec des benzodiazépines, dans 14,6% à ne pas instaurer un traitement visant à prolonger la vie et dans 4,2% à l’arrêter.

Le cancer est la maladie qui bénéficie le plus des traitements intensifiés de la douleur (52%) devant les maladies de l’appareil respiratoire (24%) et les maladies cardiovasculaires (21%).

Les décisions, relève l’Ined, « s »appuient dans leur grande majorité sur les dispositions de la loi Leonetti«  qui permet sous certaines conditions de limiter ou d’arrêter un traitement ou de donner des médicaments pour soulager les souffrances « pouvant avoir pour effet secondaire non recherché de réduire la durée de vie du patient ».

Mais la loi n’est toutefois pas encore complètement respectée en ce qui concerne la discussion des décisions de fin de vie entre patients et équipes soignantes : 10% des arrêts de traitement et des intensifications du traitement de la douleur n’ont ainsi pas été discutés avec le patient, bien que celui-ci ait été jugé apte.

Et même dans 2 des 38 administrations d’une substance létale, le médecin déclare avoir pris la décision seul.

La loi Leonetti donne la possibilité à chacun de rédiger des directives anticipées pour sa fin de vie en cas d’incapacité de participer à la décision, mais seulement 2,5% des patients concernés l’avaient fait.

Selon les médecins interrogés, 16% des personnes décédées ont exprimé à un moment ou à un autre le souhait d’accélérer leur mort, mais les demandes explicites d’euthanasie restent extrêmement rares en France : elles concernent 1,8% des décès, soit 44 personnes sur un échantillon d’environ 2.200 personnes ayant fait l’objet d’une décision médicale en fin de vie.

L’enquête sur la fin de vie en France a porté sur un échantillon de 14.999 décès de personnes âges de 18 ans et plus représentatif des 47.872 décès survenus en France en décembre 2009.

L’enquête a consisté à interroger pour chaque décès le médecin ayant rempli le certificat de décès.

Rédaction ActuSoins, avec AFP

Pour aller plus loin :

Enquête INED : Les décisions médicales en fin de vie en France

Voir les commentaires (74)

  • certain hôpitaux évite de nourrir le patient il le laisse mourir sans rien faire je trouve cela scandaleux on est la pour sauver les gens et non les tuer!!!

  • Ces debats grand public ne servent qu'à affoler la population, à la mettre à mal ainsi que les soignants... ils ont juste le mérite de soulever le fait que la france n'a pas su gerer ce pb.

  • Chaque cas est particulier, et il faut vraiment avoir toutes les données et la connaissance du dossier patient pour savoir ou comprendre. eT puis il ya les patients en soins paliatifs, et les patients en fin de vie imminente...deux situations differentes.g

  • dans certaines vieilles cliniques..on n ouvre plus la porte, ou on branche une seringue électrique de morphine ultra dilluée, vitesse 1cc/h.... dur !....

  • allez donc faire un tour en réanimation. dans ce service (où j'ai travaillé) on pratique 3 genre de niveau de soin: 1°) l'engagement max : on fait tout pour sauver la personne. 2°) La limitation thérapeutique: on limite le patient sur certain soins (ca peut etre l'hémodiafiltration, l'intubation, ect... et 3°) l'abstention thérapeutique: dans ce cas la on remet le corps du patient dans un état proche de la réalité: FiO2 a 25%, plus d'antibio, pas de dialyse, ect... Tout ca est decidé de manière collégiale, en fonction de l'était du patient, son pronostique vital, son contexte social ect... et parfois je vous garantit que c'est necessaire car ca évite l'acharnement thérapeutique

  • allez donc faire un tour en réanimation. dans ce service (où j'ai travaillé) on pratique 3 genre de niveau de soin: 1°) l'engagement max : on fait tout pour sauver la personne. 2°) La limitation thérapeutique: on limite le patient sur certain soins (ca peut etre l'hémodiafiltration, l'intubation, ect... et 3°) l'abstention thérapeutique: dans ce cas la on remet le corps du patient dans un état proche de la réalité: FiO2 a 25%, plus d'antibio, pas de dialyse, ect... Tout ca est decidé de manière collégiale, en fonction de l'était du patient, son pronostique vital, son contexte social ect... et parfois je vous garantit que c'est necessaire car ca évite l'acharnement thérapeutique

  • Toutes ces réactions plus ou moins documentées et parfois farfelues montrent combien le sujet est difficile et encore tabou. Oui il faut en parler et faire en sorte que face à l'arrêt des soins on ne fasse pas n'importe quoi, n'importe comment et avec n'importe qui ! La mort et l'euthanasie passive sont des sujets qui sont peu ou pas abordés pendant les formations paramédicales et bien trop souvent ce sont ces mêmes paramédicaux qui se retrouvent en première ligne.

  • c'est bien vu, tout est question de point de vue... Tant qu'on garde le patient au centre de nos réflexions, je peux entendre toutes les questions et argumentations. Mais quand on essaie de mettre de prétendus arguments au service d'un militantisme quelconque, ça me fait monter la moutarde au nez...

  • c'est bien vu, tout est question de point de vue... Tant qu'on garde le patient au centre de nos réflexions, je peux entendre toutes les questions et argumentations. Mais quand on essaie de mettre de prétendus arguments au service d'un militantisme quelconque, ça me fait monter la moutarde au nez...

  • ça me fait penser à ce que l'on me dit en stage. Il n'y a pas une bonne méthode mais une bonne argumentation.
    arrêter la nutrition/hydrat pour diminuer les vomissements, le volume urinaire, les oedemes, et même permettre la sécrétion d’opioïdes cérébraux-> ok
    arrêter la nutrition pour accélérer la mort -> barbare...(et visiblement inutile)
    Et pourtant on parle du même geste.