Santé: aucune "dérive contentieuse", tendance au règlement amiable

Rédaction ActuSoins
12 décembre 2012 @ 16 h 55 min

 Les actions en justice résultant d’accidents médicaux s’étaient multipliées dans les années 90, mais la tendance est très nettement au règlement amiable et aucune « dérive à l’américaine » ne menace les professionnels de santé, selon une étude publiée mercredi.

Santé: aucune "dérive contentieuse", tendance au règlement amiableCe changement a résulté de la loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades, qui a « introduit une procédure amiable, concurrente de la voie juridictionnelle, pour la réparation des dommages » médicaux, constate cette étude sur « la judiciarisation de la santé », réalisée par l’Institut droit et santé de l’université Paris-Descartes et portant sur les années 1999-2009.

« Le mouvement de mise en jeu de la responsabilité des médecins » s’était auparavant accentué lors de grandes crises sanitaires telles que le sang contaminé ou l’hormone de croissance, faisant « craindre une véritable crise de confiance à l’égard de notre système de soins ».

Encore aujourd’hui, le « sentiment de judiciarisation peut naître de la médiatisation de certaines affaires pénales », comme celle du Mediator, ont noté les auteurs de l’étude au cours d’une conférence de presse. « L’opinion publique et les professionnels de santé ont alors le sentiment que toute la profession est mise en cause », a commenté Anne Laude, professeur à Paris-Descartes.

« Les professionnels ont aussi le sentiment que le droit ne leur est plus favorable, à propos par exemple de l’obligation d’informer les patients », a-t-elle ajouté.

Pourtant, la loi de 2002 « marque très clairement la fin de la montée du contentieux », a souligné son confrère Didier Tabuteau.

Cette loi, qui a créé les Commissions régionales de conciliation et d’indemnisation (CRCI), permet à une victime d’accident médical, d’affection iatrogène (consécutive aux traitements et médicaments) ou d’infection nosocomiale (contractée à l’hôpital ou en clinique) « de se voir proposer une indemnisation ».

Celle-ci s’effectue par « la voie de la solidarité nationale » en cas de « responsabilité sans faute », ou par celle de l’assureur si la faute est établie, explique l’étude, qui a analysé des milliers de décisions de justice et données statistiques.

En matière de contentieux judiciaire, le nombre d’affaires nouvelles présentées en référé (urgence) devant les TGI a augmenté de 10% entre 1999 et 2004 et diminué d’autant sur 2004-2009.

Le nombre de plaintes pénales contre des médecins a « diminué régulièrement et significativement entre 1999 et 2009 » (respectivement 249 et 108), tandis que le contentieux disciplinaire est resté stable depuis 2002.

Pour l’ensemble des litiges, « la répartition entre la voie juridictionnelle du référé et la voie amiable des CRCI a connu une inversion de tendance remarquable: pour 14 professions cumulées, le rapport est passé de 86%-14% en 2003 à 46%-54% en 2009 ».

Les auteurs de l’étude ont par ailleurs comparé la « judiciarisation » de l’activité des médecins à celle des avocats. Selon le Pr Tabuteau, ils ont constaté que « les médecins sont moins souvent en litige avec leurs patients que les avocats avec leurs clients ».

Rédaction ActuSoins, avec AFP

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1 réaction

12 décembre 2012

Les raisons de la baisse de la judiciarisation peut aussi se trouver dans l’accès au dossier médical et aux explications que les patients peuvent y trouver, au-delà de la recherche d’indemnisation.

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