Maquillage thérapeutique : des infirmières pour adoucir la lésion

Laure Martin
9 avril 2014 @ 10 h 45 min

Depuis sept ans, le Centre hospitalier universitaire de Nantes offre aux patients atteints de lésions cutanées, une consultation de maquillage thérapeutique, réalisée par une infirmière, sous contrôle d’un médecin.

Maquillage thérapeutique : des infirmières pour adoucir la lésion

© graphia/Fotolia

Acné sévère, rosacé, brulure, mélanome, ou encore vitiligo sont autant de lésions pouvant altérer l’apparence physique des patients et souvent leur confiance en eux. Pour leur venir en aide, « j’ai pris l’initiative de mettre en place une consultation de maquillage thérapeutique », explique le Pr Brigitte Dréno, dermatologue et oncologue responsable de la direction de l’unité cancéro-dermatologie au CHU de Nantes.

Pour ce programme, le médecin travaille en collaboration avec des laboratoires de cosmétiques afin d’obtenir des produits spécifiques aux peaux sensibles.

 La consultation infirmière

Il y a environ 50 consultations de maquillage thérapeutique par an. Prise en charge comme une consultation de dermatologie, la consultation individuelle dure en moyenne une heure.

Une infirmière, formée par les médecins dermatologues du service et lors de stages pratiques dans des services des brûlés et de centres de cures thermales, maquille dans un premier temps le patient, lui apprend à se maquiller, à utiliser les bons produits, et ensuite, c’est à lui de reproduire le maquillage.

« Les patients manifestent un réel besoin d’apprendre », souligne le Dr Dréno. L’objectif est avant tout d’enseigner les bons gestes aux patients, la façon d’estomper une lésion cutanée, une cicatrice, ou même de réaliser des soins quotidiens et d’hydratation de leur peau, afin qu’ils puissent reproduire les gestes chez eux.

Ce sont essentiellement des femmes qui viennent consulter même si les hommes, notamment ceux qui ont des vitiligos, sont concernés. « Ils ne sont que 5 à 10 %, fait savoir le Dr Dréno. Je pense qu’ils n’osent pas venir car le maquillage n’est pas habituel pour un homme. »

 Difficultés de prise en charge

Les professionnels peuvent parfois rencontrer quelques difficultés au cours d’une consultation. « On peut cacher beaucoup de lésions, mais il faut que le maquillage soit adapté à la volonté du patient », rapporte Agnès Larnaudie-Joly, l’une des trois infirmières de la consultation. Et il arrive que certains patients ne souhaitent pas être trop maquillés alors que cela serait nécessaire pour leur type de lésions. De plus, la couleur du teint du patient et aussi les reliefs créés par certaines lésions, peuvent rendre le maquillage plus difficile.

« Il est donc indispensable de faire le point avec le patient, avant le début du maquillage, sur ce qui va être réalisable ou non, afin d’éviter toute déception », précise Agnès Larnaudie-Joly. Face aux difficultés, l’infirmière prend cas de la souffrance de la personne et cherche à la mettre en valeur différemment, en mettant l’accent sur un atout physique de la personne.

« Je fais beaucoup de mise en confiance, c’est essentiel, indique l’infirmière. Et pour le maquillage, je ne fais pas nécessairement le plus beau, mais je fais du sur-mesure, celui qui va plaire au patient et qu’il va pouvoir reproduire. » Les patients peuvent bénéficier d’une seconde consultation s’ils le souhaitent, mais cela reste relativement rare, sauf parfois pour ceux qui ont des cicatrices très traumatisantes. 

 Relation de confiance

« Il m’arrive parfois de terminer une consultation épuisée car les patients viennent avec une telle souffrance qu’ils recherchent un vrai soutien psychologique, une écoute, une relation d’aide », affirme Agnès Larnaudie-Joly. L’équipe a mis en place un questionnaire à destination des patients afin d’avoir leur retour sur le dispositif. « L’évaluation nous montre que la moitié des patients ont intégré le maquillage dans leur vie quotidienne », se félicite le Dr Dréno. Ils se disent plus à l’aise pour affronter le regard des autres, ce qui influe sur leur vie sociale et leur qualité de vie.

« Cette consultation est vraiment enrichissante car on s’aperçoit de la fragilité des gens et qu’avec des astuces on peut les aider, estime l’infirmière. On voit dans les yeux du patient un regard pétillant. » Et d’ajouter : « Certains professionnels ne comprennent pas l’importance de cette prise en charge. Il s’agit d’un soin comme un autre avec une vraie relation d’aide, ce n’est pas de l’esthétique. Et puis il y a un retour immédiat du patient. J’ai vu des gens pleurer car ils retrouvaient, grâce au maquillage, le visage qu’ils avaient auparavant. L’émotion peut être très forte. »

Des informations sur ces consultations ont été diffusées dans plusieurs services de l’hôpital afin que les patients n’hésitent pas à prendre rendez-vous, et des spécialistes de la ville peuvent aussi y envoyer des patients. « Je tiens vraiment à cette consultation, conclut le Pr Dréno. On est l’un des rares CHU à être parvenu à la maintenir. »

 Laure Martin

 

 

 

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4 réactions

Marie-pierre Joffre
9 avril 2014

Sabrina tu peux partager pour Christelle

Béatrice Tardy
9 avril 2014

Depuis le temps qu’on dit que toutes les attentions à l’image de soi : maquillage, sois du visage, coiffure, parfum, etc… sont essentiels à la guérison en réa et ailleurs.

Mymy Mphn
9 avril 2014

c’est toooop !!!

Marion Pica
11 avril 2014

il m’est arrivé de faire les ongles a une de mes patiente avec une image de soi très diminué, et bien rien qu’avec ça elle retrouvais un peu le sourir

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