Le point sur le décès d'une sexagénaire aux urgences de Cochin

Rédaction ActuSoins
24 février 2014 @ 15 h 33 min

Arrivée à l’hôpital Cochin à Paris en milieu d’après-midi, samedi 15 février, une patiente a été retrouvée morte dans son fauteuil dans la salle d’attente des urgences près de six heures après. La polémique sur la saturation des urgences enfle.

Le point sur le décès d'une sexagénaire aux urgences de CochinSamedi 15 février, la patiente de 61 ans (suivie par l’hôpital psychiatrique de Sainte Anne, selon le Figaro) est conduite aux urgences de l’hôpital Cochin par les pompiers pour une plaie au pied, après « une chute sans signe de gravité ».L’AP-HP précise que la femme est a été prise en charge pour un premier examen et l’équipe a, à nouveau, écarté l’existence « de signe de gravité objectif ».

Une infirmière a mesuré ses «constantes» (pression artérielle, fréquence respiratoire…) à 17h15 et n’a pas jugé que son cas nécessitait l’intervention rapide d’un médecin, selon les informations de l’AP-HP. Elle a ensuite été « installée en zone de surveillance, à proximité des soignants ». 

Six heures plus tard, au moment du changement d’équipe, on constate qu’elle est toujours en salle d’attente, paraissant endormie… mais en réalité morte.

Cette femme de 61 ans était bien connue du personnel hospitalier qui la traitait régulièrement pour des lésions légères. Fragile psychologiquement et dépendante à l’alcool, la patiente se blessait souvent sans gravité.

Que s’est-il passé ?

La patiente aurait été appelée une demi-heure après son installation et n’aurait pas répondu. Elle a été ensuite appelée à plusieurs reprises au cours de l’après-midi, sans plus de succès. Elle est alors rayée des listes.

L’AP-HP indique qu’« il existe des incertitudes sur ce qui s’est déroulé dans les heures qui ont suivi, le décès de la patiente ayant été constaté à 23 heures ».

L’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP) a ouvert une enquête interne. Les résultats sont attendus « dans le courant de la semaine prochaine », selon le directeur général des hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a demandé aux hôpitaux de Paris de faire « la lumière dans les meilleurs délais ». 

La polémique

Les effectifs étaient-ils suffisants ? La fermeture des urgences à l’Hôtel-Dieu a t-elle créé une situation ingérables sur les autres sites ?

C’est en tout cas l’avis de nombreux syndicats. ‘ »Sur notre groupe  hospitalier,  la liquidation progressive de l’Hôtel Dieu, pose un ensemble de questions non résolues, dont celle des urgences », indique Sud-Santé qui note depuis le 1er janvier à Cochin  3054 passages aux urgences, soit une moyenne de 145 /jour.

« Il n’y a peut-être pas de cause à effets, ajoute le syndicat. Néanmoins, le constat est réel : la dégradation des conditions de travail tant sur le ressentie des collègues que sur la réalité des activités qui explosent ; les urgences subissent plus de 35 % d’augmentation avec des pics d’activité de 185 passages certains jours d’où la difficulté de la prise en charges des patients ». 

Quant à la CGT AP-HP, elle  affirme  » que le déroutage des pompiers des urgences de l’Hôtel Dieu vers d’autres services d’urgence qui fonctionnent déjà à la limite de leur capacité entraîne des problèmes de prise en charge des patients ».

De son côté, l’association Hôpital pour tous, à la pointe du combat contre la réorganisation de l’hôpital parisien de l’Hôtel-Dieu, réfute que les effectifs aient été au complet. L’association affirme, dans un communiqué, que « le service d’urgences de Cochin était complètement saturé, comme le sont quotidiennement toutes les urgences parisiennes depuis la fermeture de l’Hôtel Dieu le 4 novembre 2013 ».

L’association enjoint Martin Hirsch de « rouvrir immédiatement » ces urgences dans le plus vieil hôpital de la capitale. Ce dernier a assuré qu’« à [sa] connaissance il n’y avait pas d’interférence » entre le décès et « la réorganisation de l’Hôtel-Dieu ».

L’AP-HP indique en réponse que les «  effectifs médicaux et paramédicaux étaient au complet ». « L’activité du service d’accueil des urgences de l’hôpital Cochin le samedi 15 février 2014 était dans la moyenne de celle observée ces dernières semaines ». « Le service des urgences a reçu ce jour-là « 152 personnes » ce qui se situe dans la moyenne ».

Rédaction ActuSoins

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3 réactions

Jean-pierre Lesage
24 février 2014

Non !! le lien c’est la démission des médecins généralistes de ville !!! …la bobologie (comme c’était le cas) n’a rien a foutre dans une salle d’attente d’urgences !!! ….

vanco
26 février 2014

Et la permanance de soin elle se fait que par le Volontariat ou par obligation???

Motarde de DIJON
27 février 2014

Effectivement! Il y a un corollaire entre l’encombrement des urgences et la démission des médecins de ville qui pour préserver leur qualité de vie ne sont présents dans leur cabinet respectif qu’aux heures d’ouverture de bureaux. Plus de garde de nuit, plus de garde le samedi-dimanche et jours fériés. Que les patients se débrouillent! Que fait le gouvernement?

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