Plus de 10 000 étudiants infirmiers dans la rue ce 4 mars

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Peu importe la guerre des chiffres. Ils sont descendus nombreux dans la rue à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rennes,... pour réclamer l'arrêt du boycott des stages par la FHP. Deux délégations ont été reçues, l'une au ministère de la Santé, l'autre par la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), à la Clinique de l'Alma, à la fin du parcours de la manifestation parisienne. Constat : la FHP campe sur ses positions.

Plus de 10 000 étudiants infirmiers dans la rue ce 4 mars«Marre d'être pris en otage», "Opposition FHP/Gouvernement = ESI innocents", "Stages annulés, patients en danger", ou encore «Sous la blouse, la colère»... : les banderoles de la colère ont fleuri dans plus d'une dizaine de villes.

A Paris, partis à 14 h du parvis de la Gare Montparnasse pour terminer vers 16 h devant le Pont de l'Alma après être passés à côté du ministère de la Santé, ils étaient près de 4000, selon la FNESI. A Lyon, 2 300, selon la police. Près d'un millier ont défilé à Bordeaux, organisant un sit-in face à l’Hôtel de ville, où ils ont formé un «S.O.S» géant.

A Rouen, ils étaient 500 au son des trompes et des sifflets, à Rennes, près de 600. A Marseille, environ 450 étudiants ont marché de l'Agence régionale de santé (ARS) au conseil régional, selon la préfecture. A Cholet (Maine-et-Loire), quelques centaines ont défilé entre l'Ifsi (Institut de formation en soins infirmiers) et la polyclinique du Parc.

Quels que soient les chiffres, au moins 10 000 ESI en colère ont dit qu'ils "en avaient marre d'être pris en otage". 

Une belle démonstration de force pour la jeune FNESI qui avait appelé à manifester deux jours auparavant. A Paris, l'équipe s'est partagée entre la manifestation  ou Bastien Herry, vice-président, tenait le mégaphone, le ministère de la Santé où Karina Durand, présidente était reçue par Eve Parier, conseillère technique.

Quant à Eve Guillaume, ancienne présidente de la FNESI et responsable de la communication, elle a tenté une nouvelle fois de dialoguer avec la FHP dans les locaux de la clinique de l'Alma où devait se terminer la manifestation, avant d'essuyer un refus. Finalement les étudiants ont terminé leur marché Place de la Résistance (Pont de l'Alma), tandis que la clinique  était gardée par des cordons de policiers.

"L'échange" qui s'est tenu entre la FHP et la FNESI dans cette clinique, selon les termes du président de la FHP, Jean-Loup Durousset a finalement abouti à un statu quo qui ne présage guère d'issue positive dans les jours prochains.

Un avenir encore sombre pour les prochains stages

Avril-mai devrait être, selon le président de la FHP, la période la plus impactée par le refus des cliniques d'accueillir des stagiaires, du fait des chevauchements de stages et des demandes effectuées pour le stage final des troisièmes années. Cependant le boycott continuera "tant que nous ne serons pas entendus par la ministre", a affirmé Lamine Gharbi président de la FHP-MCO, à la sortie de la discussion avec la FNESI.

"J'espère que nous n'en arriverons pas là", a réagi Eve Guillaume qui a réaffirmé la mobilisation des étudiants infirmiers, prêts pour une manifestation nationale le 13 mars "si rien ne bouge". Pour les étudiants, touchés directement par la décision de boycott des stages par la FHP, soit environ 7 000 sur les 9 000 en cours d'accueil par les cliniques, les stages en cours ont été sauvés in extremis.

Le ministère, l'hospitalisation publique et le privé non lucratif ne laissent en effet presque personne sur le carreau, du moins pour les semaines à venir . Mais une question essentielle n'est guère levée, celle de "la qualité de l'accueil et de l'encadrement" dans des services surchargés par 7 000 étudiants supplémentaires, affirme la FNESI.

La FHP se positionne en "victime"

"A chaque fois que nous avons voulu dialoguer avec le ministère, il nous a été rétorqué que les mesures phares adoptées contre les cliniques comme la récupération du crédit d'impôt compétitivité (qui a entraîné une baisse des tarifs remboursés par l'Assurance maladie aux cliniques, ndlr) ou la dégressivité tarifaire sont politiques", s'est exclamé Lamine Gharbi.

"Les étudiants infirmiers sont victimes, nous aussi", a-t-il ajouté, précisant  que "600 cliniques ont fermé en vingt ans", que "35 % des cliniques MCO, sont en déficit". "Les cliniques en difficulté, cela représente 30 000 salariés dont 21 000 infirmiers", a affirmé Jean-Loup Durousset.

De son côté le président de la FHP voit au moins un aspect positif pour le futur : "cet échange constructif a permis de dialoguer et j'espère, que cela continuera, une fois la crise passée. Les étudiants infirmiers sont nos futurs partenaires. Il y a des points de convergences, dans la mesure où nous défendons les emplois dans l'hospitalisation privée et le libre choix pour le patient".

"En outre la mobilisation étudiante montre qu'ils ne veulent pas d'un seul acteur unique pour la formation. Ils réclament aussi plusieurs terrains de stage", a-t-il ajouté, soulignant ainsi que le ministère et la FHF n'ont rien résolu en réussissant le difficile pari d'accueillir tous les étudiants sans stage dans le public.

Un succès ?

Dans ce jeu à trois - Ministère, FHP et, involontairement, les étudiants -, chacun peut s'arroger le succès de cette journée.

La FHP montre ainsi "son rôle essentiel dans la formation des élèves infirmiers en France, rôle qu’ils assument d’ailleurs bénévolement" et en se positionnant comme un "acteur incontournable du paysage sanitaire français", comme le précise la fédération dans son dernier communiqué. Le ministère de la Santé peut se prévaloir d'avoir réussi à trouver des terrains de stages pour tous dans l'immédiat.

Les étudiants, surtout, ont montré leur capacité à se mobiliser mais ils avancent aussi d'autres pions. Eve Guillaume liste ainsi les problématiques en cours de discussion : " l'accueil dans les terrains de stages, la formation spécifique des tuteurs à l'encadrement, l'évaluation de la qualité des stages, la revalorisation des aides sociales et leur transfert auprès des CROUS,...".

"Nous estimons utile que les étudiants puissent aussi au cours de leur stage suivre un parcours de soin sans rester dans le même service", a ajouté Eve Guillaume. La FNESI réclame également "une meilleure démocratie au niveau de la gouvernance des IFSI".

Un quatrième partenaire s'est invité à la table : la Fédération hospitalière de France (FHF). Cette dernière compte prouver que "le service hospitalier est au rendez-vous de ses responsabilités", comme elle le souligne dans un communiqué.

"La FHF tient à rassurer les étudiants infirmiers et leurs représentants sur la qualité de la formation qui leur sera prodiguée. En effet, fidèle à leur tradition et à la qualité du compagnonnage qui les caractérise, les établissements publics mettront tout en œuvre pour accueillir comme il se doit les étudiants et leur permettre de valider leur formation", précise la fédération. Un défi qui risque d'être difficile à relever.

Cyrienne Clerc

 

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Réactions

5 réponses pour “Plus de 10 000 étudiants infirmiers dans la rue ce 4 mars”

  1. Little_asa dit :

    La FHP montre ainsi « son rôle essentiel dans la formation des élèves infirmiers en France, rôle qu’ils assument d’ailleurs bénévolement »
    _____________________________________________________
    C’est une blague j’espère??? Il est au courant que c’est une obligation par décret de former les futurs professionnels???

  2. Vous mélangez tout, comme cela personne n’en sort quelque chose de constructif

  3. Venez nous rejoindre le 12 mars dans toute la France ( avec les intermittents du spectacle, chômeurs, précaires, salariés etc contre le MEDEF) et la super manif nationale le 18 mars pour tout le monde contre l’austérité, pouvoir d’achat etc.., !( Manif avant les municipales pour ce faire entendre) TOUS DANS LA RUE POUR SE FAIRE ENTENDRE!

    • Little_asa dit :

      Excusez, mais ça n’a rien à voir là…

      • Sansebastien dit :

        Comme il dit: « avant les municipales pour ce faire entendre »
        ou dans un autre article:
        « Tant q vous n’aurez rien compris ça sera tjours com ça???réfléchissez 1 peu?? »
        Ca pue un peu la politique, celle qui considère les infirmières comme des nantis.

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