Virus Ebola : les mesures en Afrique et en France

Rédaction ActuSoins
7 avril 2014 @ 11 h 03 min

Des équipes médicales françaises ont été déployées à l’aéroport de Guinée Conakry « pour limiter au maximum » le risque d’une arrivée sur le sol français du virus Ebola apparu en Afrique de l’Ouest, a annoncé samedi Marisol Touraine le 5 avril.

Virus Ebola : les mesures en Afrique et en France« Des équipes de l’institut Pasteur, des médecins d’organisations non gouvernementales qui sont sur place pour surveiller la manière dont se déroulent les embarquements, ce sont des procédures jugées les plus efficaces face au risque lié à un virus », a précisé la ministre de la Santé lors d’une visite au centre médical d’urgence situé au terminal 2F de l’aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle,

« La meilleure façon de lutter contre ce virus, c’est d’éviter sa propagation », a insisté Marisol Touraine, en indiquant qu’il n’y avait « pas de malade atteint du virus Ebola sur le territoire français ». 

Selon le cabinet de la ministre, interrogé par l’agence APM, ce personnel trie à l’embarquement les personnes fiévreuses. La température des voyageurs, prise au moyen d’un thermomètre électronique jusqu’à ce week-end, serait désormais évaluée à l’aide d’un portique, a précisé le cabinet.

L’ONG Médecins d’Afrique avait depuis jeudi déployé une équipe médicale à l’aéroport de Conakry pour « contrôler » les passagers et s »‘assurer » qu’ils ne sont pas porteurs du virus Ebola. Cette équipe  se relaie par groupe de quatre 24 heures sur 24.

Patrice Loua, membre de l’ONG africaine présente en Guinée, a expliqué à l’Agence France Presse que l’équipe avait pour mission de « contrôler tous les passagers qui veulent sortir du pays (…) nous les soumettons à une série de questionnaires, à un interrogatoire » médical précis sur d’éventuels symptômes. Si nous décelons un cas suspect, nous faisons appel à l’un des deux grands hôpitaux de Conakry » pour des examens médicaux supplémentaires.

Inquiétude en Afrique de l’Ouest

L’épidémie sévit dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest : 151 cas en Guinée  et 95 décès depuis janvier (chiffre actualisé au 7 avril), Des cas suspects ont également été détectés au Mali, au Liberia (14 cas, 7 décès) et en Sierra Leone.

Selon les spécialistes, l’isolement des malades confirmés et des cas suspects est l’unique moyen de casser la chaîne de transmission du virus. Une mise à l’écart souvent mal comprise dans certaines communautés où obligations sociales et rites traditionnels sont importants. A Macenta (sud-est), des habitants s’opposant à la mise en isolement d’un des leurs s’en sont pris à un site de Médecins sans frontières (MSF), très active sur le terrain l’épidémie.

Le virus Ebola, responsable de fièvres hémorragiques, a été découvert en 1976 en République démocratique du Congo (ex-Zaïre). Il serait responsable de 1 200 morts lors des épidémies les plus graves en Afrique centrale.

La fièvre hémorragique à virus Ébola est l’une des maladies virales les plus graves connues chez l’homme. Le taux de létalité peut atteindre 90%. Il n’existe aucun traitement ni vaccin et la prise en charge repose généralement sur un traitement symptomatique.

Un taux de létalité élevé

Le  virus Ébola se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite dans les populations par transmission interhumaine : par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets et animaux infectés.

La fièvre hémorragique à virus Ébola est une maladie virale aiguë se caractérisant souvent par : l’apparition brutale d’une fièvre supérieure à 38°, une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhées, d’éruptions cutanées, d’insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes.

Cette épidémie « est grave parce qu’elle n’est pas encore sous contrôle a priori et parce qu’il y a une grande dispersion des patients », a expliqué à l’AFP le médecin français Sylvain Baize, qui dirige le Centre National de Référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales, basé à Lyon.

« L’hypothèse la plus probable est que l’épidémie soit liée à l’introduction du virus par l’intermédiaire des chauve-souris mais cela reste à démontrer », commente encore M. Baize, ajoutant toutefois que d’autres hypothèses sont « possibles ».

Mesures en France

Une note de la Direction générale de la santé précise la procédure d’accueil de passagers en provenance de Guinée, de Sierra Leone et du Liberia arrivant à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle :  » Dans l’hypothèse où les symptômes se déclareraient lors d’un vol Guinée-Paris, Air France a assuré une information spécifique auprès du personnel navigant de façon à ce que les premières mesures d’isolement d’un passager malade soient mises en place pendant le vol, et les autorités aéroportuaires, immédiatement alertées. »

Le document officiel souligne  qu’un « message d’alerte rapide sanitaire à tous les établissements », appelé MARS, a été envoyé pour leur détailler la conduite à tenir, très précisément. Le Centre national de référence à l’Inserm de Lyon, qui a lui-même identifié le virus, centralisera les analyses de prélèvements.

« Les prélèvements visant à la confirmation du diagnostic doivent être adressés au Centre national de référence, avec son accord, dans des conditions de transport sécurisées de niveau P4 [le plus élevé qui existe]. », précise cette note de la DGS.

Un message a été envoyé à tous les établissements de santé pour les informer de la situation épidémiologique et leur transmettre les recommandations de prise en charge de cas suspects.

De plus, une instruction a été transmise à l’ARS Ile-de-France afin que soit mise à jour la procédure avec l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.

Le 4 avril, un avion d’Air France en provenance de Conakry, a d’ailleurs été placé en quarantaine après le signalement d’un passager malade à bord. Les contrôles effectués par le Samu ont permis de constater qu’il s’agissait d’une fausse alerte. Les passagers ont pu quitter l’appareil au bout de deux heures.

Le service médical de Roissy possède notamment une chambre d’isolement à pression négative, pour isoler le malade avant que celui-ci ne soit pris en charge. Les autres occupants, quant à eux, se voient remettre des consignes pour savoir quoi faire en cas de symptômes, et leur identité est soigneusement relevée pour pouvoir les «tracer» en cas de besoin.

Rédaction ActuSoins

Pour en savoir plus : le site du ministère de la Santé

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