AP-HP : réduire par deux le temps d’attente aux urgences

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Aujourd’hui proche de 4 heures pour les adultes, le temps moyen de prise en charge sera ramené à 2 heures, et pour les enfants, de 2h25 à moins d’une heure, promet l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)

AP-HP : réduire par deux le temps d’attente aux urgencesL’AP-HP a présenté le 10 juin son plan de « Stratégie globale d’amélioration des Urgences », qui sera l’un des axes forts de son plan stratégique 2015-2019. Ce plan comprend quarante mesures dont la réduction par deux du temps d’attente, d’ici cinq ans, en améliorant notamment l’organisation des services et l’orientation en amont des patients.

L'AP-HP s'engage : "Aujourd’hui, plus d’un tiers des patients attendent plus de quatre heures pour les adultes ; un patient sur six pour les enfants. L’objectif est que les patients qui attendent plus de quatre heures soient moins de 5 % pour les adultes (et) moins de 3 % pour les enfants".

"Le temps d’attente aux urgences est devenu le symbole du problème récurrent de l’encombrement des services d’accueil des urgences (SAU)" et "focalise la perception négative que le public a aujourd’hui des SAU (...) Le ras-le-bol souvent affiché des professionnels qui paraissent débordés par cet afflux de patients concourt à cette impression négative", indique l'AP-HP qui note "qu’une proportion non négligeable des patients quitte le SAU sans avis médical".

Un million de passages au SAU

"Pour que les urgences vitales soient bien prises en charge, notre devoir est de nous adapter au flux des patients", indique Martin Hirsch. Le nombre de passage aux urgences à l’AP-HP, qui dépasse déjà le million, progresse de 2 % en moyenne par an depuis dix ans, et même de 3 % pour les patients de plus de 75 ans, généralement des cas plus complexes.

"C’est un sacré challenge, on sait qu’on y arrivera en cinq ans, on sait qu’on y arrivera sur certains sites plus rapidement", estime Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP.

Pour le Dr Patrick Pelloux, interrogé sur le plateau du Magazine de la santé sur France 5, "c'est un souhait des associations de patients et des usagers qui est tout à fait légitime. Il faut que l'accueil change au sein des urgences".

"Il y a trois types de patients qui arrivent aux urgences", explique Patrick Pelloux, "ceux qui viennent pour une consultation rapide les patients qui nécessitent un bilan et les urgences vitales". Il s'agit donc d'adapter les prises en charge au type de besoins des patients.

Mieux orienter les appels au 15

En amont, l’idée du plan est d'"aider à mieux orienter, en travaillant avec la médecine de ville, avec les pompiers, les structures médico-sociales" pour faire en sorte que le recours aux urgences ne soit pas systématique "si on peut proposer autre chose», précise Martin Hirsch.

L'idée est, par exemple, d'orienter certains patients appellant le 15 vers des médecins généralistes exerçant dans un cabinet ouvert le soir. Pour diminuer le temps d’attente au téléphone, les médecins régulateurs de la permanence des soins ambulatoires pourront aussi désormais répondre au 15 24h/24.

Parmi les mesures qui devraient faire l'objet d'accords:  "développer une régulation médicale plus sélective des véhicules de secours des pompiers pour leur permettre d’ajuster la prise en charge et l’orientation des malades et des blessés en fonction des besoins" et renforcer la coopération entre les Samu de l'AP-HP et la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (procédures communes 15/18)

Par ailleurs,"les admissions directes non programmées des patients adressés par les médecins traitants, sans passer par les urgences".

Miser sur les filières rapides

"Le moyen principal d’action n’est pas d’ajouter des personnels, [ni] d’ajouter des euros", indique Loïc Capron, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP. "Il y a peut être des exemples à prendre chez nos concurrents [du privé], avec des densités de personnels qui ne sont pas nécessairement plus fortes", ajoute-t-il.

Pour réduire les délais, l’AP-HP compte par exemple généraliser les circuits courts dédiés aux patients dont l’état ne nécessite pas d’hospitalisation, ni d’examens biologiques ou de radiologie compliqués, ce qui est le cas pour 20 % chez les adultes, 40 à 50 % chez les enfants.

Une solution préconisée par Marisol Touraine, le mercredi 4 juin, lors de l’inauguration du congrès Urgences 2014 : les « fast tracks » permettent à une infirmière "de dispenser rapidement des soins simples aux patients qui ne sont pas les plus urgents, et qui n'ont pas besoin d'être hospitalisés".

Des renforts an cas de tension

Notons également que l'AP-HP compte "organiser des systèmes de mobilisation de renforts en cas de tensions ponctuelles et dans les situations de saturation exceptionnelles" et mieux équiper les intervenants en matériel de télécommunications.

Pour "améliorer la qualité de l’attente", il est question de favoriser l’implication "des bénévoles ou de volontaires : associations comme par exemple les « Transmetteurs », médecins retraités, et des volontaires en Service Civique""Nous ne devons plus laisser des patients sans information, sans nouvelles, éventuellement sans surveillance directe, livrés à eux-mêmes",a précisé Marin Hirsch.

La règle qui interdit aux proches de rester à leurs côtés sera assouplie et des bénévoles volontaires?pourront être intégrés dans les équipes professionnelles pour "accompagner et rassurer". Une expérimentation de ce type est en cours à l’hôpital Bichat.

En aval, l'AP-HP misera notamment sur le développement d'une méthode de gestion des lits, la création d'un aval spécifique en gériatrie et psychiatrie et la création d'un lien direct entre les urgences et l'hospitalisation à domicile (HAD).

Par ailleurs, quelques 40 millions d’euros seront consacrés aux transformations architecturales des services d’urgence de plusieurs établissements.

Cyrienne Clerc

Pour aller plus loin : l'ensemble du Plan de « Stratégie globale d’amélioration des Urgences » 

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Réactions

6 réponses pour “AP-HP : réduire par deux le temps d’attente aux urgences”

  1. Je parlais des généralistes qui pourraient organiser des hospitalisations en externe et non faire passer les personnes systématiquement par les urgences…..

  2. Anna Bel dit :

    Des bénévoles mais bien sur avec la quantité de chômeurs c’est sur c’est la solution !

  3. Gerald Demesy dit :

    On ne parle jamais des « suites de soins » et de tous ces patients reconvoqués aux urgences pour des pansements qui piurraienr (devraient) etre faits en ville…

  4. Et il faudrait que certains généralistes jouent aussi le jeu….

  5. faudrait deja que la plupart des patients relevant de la medecine de ville aillent voir leur généraliste au lieu d’aller au urg ! le temps d’attente serait reduit de moitié rien qu’avec ca!

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