Un nouveau mécanisme analgésique

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Des chercheurs ont découvert un mécanisme analgésique qui limite la transmission du message douloureux au cerveau, dans le cadre d'une étude sur de patients atteints d’ulcère de Buruli, une maladie tropicale La connaissance de ce mécanisme pourrait être utile pour le développement de nouvelles molécules antidouleur.

Un nouveau mécanisme analgésique

© Inserm / Conception Clerc-com – Simar Thibault

L’ulcère de Buruli ou infection à Mycobacterium ulcerans est la troisième mycobactériose après la tuberculose et la lèpre dans le monde. Cette maladie tropicale, qui touche principalement les enfants provoque des lésions ulcératives cutanées.

La destruction du tissu cutané est causée par la mycolactone, une toxine secrétée par le bacille. Malgré leur étendue, les lésions sont peu douloureuses aux premiers stades de la maladie expliquant les consultations tardives des patients.

Dans un article publié dans la revue Cell, les équipes de Priscille Brodin à Lille [1] et Laurent Marsollier à Angers[2], révèlent que, malgré l’étendue et la gravité des blessures, celles-ci sont moins douloureuses que d’autres qui paraissent plus bénignes (ex: égratignures, brûlures légères).

Jusqu’alors, on pensait que l’absence de douleurs dans les premiers stades de la maladie était liée à la destruction des tissus nerveux. Dans cette étude, les chercheurs montrent chez des souris infectées que cette hypothèse est contradictoire avec la dégénérescence des nerfs qui survient uniquement à des stades avancés de la maladie.

Ils ont aussi injecté la toxine aux souris pour observer ses effets sur la sensibilité des animaux. Les chercheurs révèlent que la présence de la toxine suffit à inhiber la douleur sans que les nerfs soient touchés.

 Un mécanisme anti-douleur inconnu

“Le bacille, plus précisément sa toxine, la mycolactone, est capable d’interagir avec les neurones et d’empêcher la transmission de l’information nerveuse expliquant le caractère indolore des lésions”, explique Laurent Marsollier, chargé de recherche à l’Inserm.

Une technique d’imagerie de pointe a permis d’identifier que la mycolactone interagit avec un récepteur neuronal (le récepteur 2 de l’angiotensine) entrainant une fuite de potassium. La sortie de potassium provoque une hyperpolarisation des neurones limitant la transmission de l’influx nerveux – qui véhicule le message douloureux – au niveau local.

Le blocage du récepteur empêche son interaction avec la toxine mycolactone ce qui rétablit la sensibilité à la douleur des animaux, confirmant ainsi le mécanisme identifié in vivo.

Perspectives pour de nouvelles molécules

Le bacille Mycobacterium ulcerans utilise ainsi une stratégie d’infection inédite en utilisant la toxine qu’il sécrète pour annuler la douleur associée aux lésions qu’il cause.

“La découverte de ce mécanisme, qui limite la douleur des lésions cutanées aux premiers stades de la maladie, ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche de nouvelles molécules antidouleur” souligne Priscille Brodin, directrice de recherche Inserm et co-auteur de ces travaux.

Enfin, d’après les chercheurs, le récepteur identifié pourrait notamment constituer une cible de choix car une autre étude[3] a montré que son blocage entraînait la diminution des douleurs chez des patients atteints d’herpès.

1] Unité mixte de recherche 1019 “Centre d’infection et immunité de Lille” (Inserm – CNRS – Institut Pasteur de Lille – Université Lille Nord de France) et anciennement Equipe Inserm Avenir Institut Pasteur Korea

[2] Unité Inserm 892 – Equipe Inserm Avenir “ATOMycA” (Inserm – CNRS – Université d’Angers)

Rédaction ActuSoins avec Inserm

 

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Réactions

2 réponses pour “Un nouveau mécanisme analgésique”

  1. Oum Nabil dit :

    Il serait temps , la douleur est insupportable .

  2. Rika Mat dit :

    Une grande avancée grace à nos chercheurs.

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