Vincent Lambert : sans fin....?

Cyrienne CLERC
25 juin 2014 @ 12 h 02 min

Alors que les 17 juges de l’Assemblée du contentieux du Conseil d’Etat ont validé le 24 janvier la décision d’arrêter les soins qui maintiennent en vie Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état végétatif depuis six ans, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), saisie en urgence, a demandé au gouvernement français de suspendre l’arrêt du Conseil d’Etat.

Vincent Lambert : sans fin....?

Cour Européenne des Droits de l’Homme

Vers 22 heures, la CEDH, saisie en urgence par les parents de Vincent Lambert, opposés à l’arrêt des soins, a suspendu « l’exécution de cet arrêt pour la durée de la procédure devant la Cour ».

La CEDH fait obligation au CHU de Reims où est Vincent Lambert de continuer à l’alimenter. La cour a également interdit tout transfert de ce patient « avec le but d’interrompre le maintien de son alimentation et de son hydratation ».

La juridiction européenne s’appuie sur l’article 39 de son règlement, qui prévoit qu’elle peut imposer des mesures urgentes aux Etats « à titre exceptionnel » lorsque l’absence de telles mesures peut entraîner « un risque de dommages graves et irréversibles ». 

La CEDH précise que « cette mesure provisoire est appliquée en attendant que la Cour se prononce sur la recevabilité et le bienfondé de l’affaire, et ne préjuge en rien de l’issue de la procédure ». Mais, même si la requête Lambert sera « traitée en priorité », la procédure devrait durer plusieurs mois (trois ans au maximum).

Décision difficile pour le Conseil d’Etat

C’est la première fois que le juge administratif avait ainsi à trancher dans le cadre de la loi Leonetti de 2005. Une décision « douloureuse », a reconnu Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil, mais symbolique dans ce dossier extrêmement délicat du débat sur la fin de vie. 

Si le Conseil d’Etat « a souligné que l’état médical le plus grave, y compris la perte irréversible de toute conscience, ne peut jamais suffire à justifier un arrêt de traitement », il a également estimé « qu’une attention toute particulière doit être accordée à la volonté du patient », a ajouté Jean-Marc Sauvé. Or Vincent Lambert « avait, avant son accident, clairement et à plusieurs reprises exprimé le souhait de ne pas être artificiellement maintenu en vie ».

Un avis partagé par le député UMP Jean Leonetti, à l’origine de cette loi, qui a vu dans cette décision non pas la « validation d’un acte euthanasique, mais le refus de l’acharnement thérapeutique », et a rappelé que chaque situation devait « être appréciée au cas par cas ».

D’ailleurs le Conseil d’Etat a formellement signifié qu’il n’y aurait pas de jurisprudence Vincent Lambert. La haute juridiction administrative prend soin de souligner que sa décision ne s’applique ainsi qu’au cas Vincent Lambert.

Le Conseil d’État précise en effet que « chaque cas particulier doit faire l’objet, sur la base des éléments médicaux et non médicaux le concernant, d’une appréciation individuelle en fonction de la singularité de la situation du patient ».

L’expertise médicale ordonnée par le Conseil d’Etat en février avait conclu « à une dégradation de l’état de conscience de M. Lambert, correspondant désormais à un état végétatif, au caractère irréversible des lésions cérébrales et à un mauvais pronostic clinique ».

Le recours de trop ?

Selon le Conseil d’Etat, «?le médecin en charge de M. Lambert a respecté les conditions imposées par la loi pour l’arrêt des traitements?»Nous allons devoir faire encore subir des traitements qui relèvent d’un acharnement thérapeutique et de l’obstination déraisonnable qu’il redoutait tant lui-même », a réagi le docteur Eric Kariger, qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims, suite à la décision de le CEDH.

« C’est une situation extrêmement difficile à vivre pour l’ensemble de mon équipe qui appréhendait cette décision comme le recours et le délai de trop », a expliqué le médecin.

Cyrienne clerc

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10 réactions

Muriel Dumas
25 juin 2014

Acharnement! Il s’agit bien de celà! Celui de parent « traditionalistes » qui s accrochent à des principes désuets. Car il ne faut pas omettre qu’ il y a pas si longtemps ce Monsieur n’ aurait pas vécu. Pourquoi maintenir en vie un être déjà « parti » et, qui de surcroit, s etait explicitement opposé à l acharnement thérapeutique!

Veronique Nostress Rêverie
25 juin 2014

Par pure betise et egoisme mais cela servira l avenir

Claudine Vidmar
25 juin 2014

Il faut se mettre à la place des parents, nous avons vécu la même situation avec notre fils,et qui peut dire ce qui se passe dans la tête de Vincent?
et Schumacher il n’est certainement pas en meilleure état que lui et pourtant on ne parle pas de le laisser mourir de faim…

Tout ceci résulte de l’acharnement des ré animateurs.

Angele Toun
25 juin 2014

parce que justement ce sont des parents qui aiment leur enfant et qui ont peur de le perdre …. on ne peut pas les juger, nous ne sommes pas à leur place. comment comprendre qu’il s’agit d’acharnement thérapeutique lorsqu’il s’agit de son propre enfant? il faut leur laisser le temps de comprendre tout cela et non pas les juger.

Muriel Dumas
25 juin 2014

Je ne juge pas, je constate simplement. Et les parents sont les premiers à souffrir de ce triste dilemme alors que sans acharnement (comme le patient le souhaitait) débat et souffrance n’existeraient pas. Maintenant, ce n’est que mon opinion et j’accepte que l’on ne soit pas de mon avis.

Marie Pierre Ambert
25 juin 2014

Cela fait sept années je crois, tous les parents aiment leurs enfants ,est ce cela aimer ?

Coraliie Deffein Pierre
25 juin 2014

non pas tous certain ne les aime pas malheureussement!

Jean Fleure
25 juin 2014

EN Dépit de la médiatisation sur cette affaire, je veux simplement indiqué ici, que Vincent Lambert,  » le patient tétraplégique désigné ici par ACTU SOINS « , était un ex collègue, infirmier de secteur psychiatrique….Que sa volonté soit exaucée ! Partage sur Plaidoyer pour la défense de la psychiatrie.

Anne-sophie Lestrade Avril
25 juin 2014

Respectons la volonté de ce monsieur qui veut juste quitter ce monde pour ne plus souffrir

Anne-sophie Lestrade Avril
26 juin 2014

C’est vrai que tous les matins il se dit je kiff ma vie je suis super bien j ai un avenir génial !!! Il a fait cette demande avant son coma ….

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