Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (3)

Rédaction ActuSoins
3 juillet 2014 @ 13 h 24 min

Vincent Marion, étudiant infirmier en deuxième année à l’IRFSS de la Croix Rouge de Saint-Etienne est parti du 18 mars au 23 avril en stage dans un centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). De jour en jour, il a rédigé un journal que nous publions. Passionnant et instructif !

Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (3)

©Vincent Marion

Le 21 mars 2014

 Ce matin, nous faisons le tour des patients avec l’infirmier attaché de santé qui a plus ou moins le rôle d’un médecin en France. Une patiente a 20/15 de tension artérielle alors qu’on lui a prescrit un traitement contre l’hypertension.

L’attaché de santé prend le sac plastique dans lequel elle conserve les médicaments qu’elle a achetés. Il manque huit comprimés, alors qu’elle aurait dû en consommer trois.

Il interroge en langue Dioula la patiente et ses accompagnant pour comprendre pourquoi la tension est si haute alors qu’elle a pris plus du double de la posologie.

La discussion se termine par une engueulade magistrale des accompagnant à qui on reproche de n’avoir pas surveillé la bonne observance du traitement.

Comme il y a sept autres patients dans la chambre, tous accompagnés par une à trois personnes, cela fait une bonne vingtaine de spectateurs qui approuvent la colère de l’attaché de santé à grand renfort de commentaires et de hochements de têtes.

J’apprendrai par la suite que la patiente a commencé par dire qu’elle avait avalé les huit comprimés. Devant l’énormité du mensonge et la colère de l’attaché de santé elle a dit ensuite en avoir pris trois et que les autres étaient tombés par terre.

[dropshadowbox align= »none » effect= »lifted-both » width= »autopx » height= » » background_color= »#ffffff » border_width= »1″ border_color= »#dddddd » ] »La patiente a probablement jeté des comprimés pour donner le change, car elle fait partie des minorités qui pensent que les remèdes de la médecine moderne n’ont aucune efficacité. Il est très difficile de leur faire observer un traitement. »[/dropshadowbox]

N’ayant réussi à convaincre personne, elle s’est murée dans un silence profond. Selon l’attaché de santé, la patiente a probablement jeté des comprimés pour donner le change, car elle fait partie des minorités qui pensent que les remèdes de la médecine moderne n’ont aucune efficacité. Il est très difficile de leur faire observer un traitement.

Une petite anecdote pour finir la semaine. Un stagiaire infirmier local m’a demandé ce matin à quelle heure étaient pour moi la « montée » et la « descente ». En fait il voulait connaître mes horaires de travail. Je me demande si les mineurs de fond Burkinabais (s’il y en a) commencent le travail à la montée et le termine à la descente ?

Vincent Marion

Retrouvez demain la suite du journal de Vincent Marion

 

 

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5 réactions

Aude Daubeze
3 juillet 2014

Merci

Anne-sophie Lestrade Avril
3 juillet 2014

Merci

Isa Nsb
3 juillet 2014

« L’observance à l’africaine » c’est à dire?

Jean-Aurélien De Nightingale
3 juillet 2014

observance locale quoi, pas à la française… faut un dico ??

aelys
4 juillet 2014

bonjour à tous , cette expérience moi aussi je l’ai vécue lors de mon stage optionnel au Sénégal . expérience ravissante , enrichissante et surtout pleine de leçons de moralité à tirer pour les pays développés . Mais par contre , il faut voir et pratiquer, pour y croire et dire merci .
j’en garde de beaux souvenirs en mémoire de ce stage

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