Médicaments écrasés dans l'alimentation : risque de dénutrition

Rédaction ActuSoins
1 juillet 2014 @ 10 h 04 min

De  nombreux malades ont du mal à avaler : leurs aliments sont mixés et les médicaments sont mélangés dans les aliments. Aussi, le CHU de Nice et Solidages ont lancé une étude auprès de volontaires, afin de tester le goût des médicaments écrasés dans la nourriture.

Médicaments écrasés dans l'alimentation : risque de dénutritionSolidages est une société issue de travaux de recherche publique sur la santé buccale et la nutrition, menés à l’Université Nice Sophia Antipolis et au Centre Hospitalier Universitaire de Nice.

Le but est d’informer les familles et le grand public du problème des médicaments écrasés, qui donnent un mauvais goût aux aliments et peuvent couper l’appétit des personnes âgées ou malades. Les médecins sont concernés, pour limiter dans la mesure du possible le nombre de médicaments prescrits ou trouver d’autres solutions (autre formes, autres molécules, moins de prises au cours de la journée…).

Les malades qui ont du mal à avaler ont souvent une alimentation mixée et des difficultés pour avaler les médicaments.

Il faut donc écraser les comprimés et ouvrir les gélules, puis les mélanger dans les aliments. Cela peut poser des problèmes pharmacologiques, par exemple avec les comprimés gastro-résistants, et donner un mauvais goût aux aliments.

Mais l’aspect gustatif de cette pratique a été peu évalué. Elle pourrait entraîner un refus de manger contribuant à la dénutrition des patients âgés, ce qui augmente les risques d’infections, de chutes, de fractures, d’escarres, de dépression et la dépendance.

Des mélanges notés « insupportables »

Le protocole a inclus 16 volontaires évaluateurs sains : 8 professionnels du goût, dont 2 Chefs étoilés Michelin, des psychologues, des représentants des usagers et 8 médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et aides-soignants du CHU de Nice et de maison de retraite (EHPAD) des Alpes-Maritimes.

Les médicaments étaient écrasés dans de l’eau gélifiée et de la compote : 10 médicaments séparés, 1 mélange de 6 médicaments et 1 comparateur (eau gélifiée et compote non modifiées).

Chaque volontaire a fait 24 tests en aveugle et donné une note de 0 (très mauvais) à 10 (bon).

Sur les 10 médicaments testés, 6 sont trop amers : 3 ont été jugés mauvais, 3 très mauvais et le mélange de 6 médicaments a été qualifié « d’insupportable » par l’un des Chefs. Il faut donc essayer de réduire le nombre de médicaments pris par les personnes âgées et, lorsque cela est possible, les substituer par d’autres médicaments ayant un meilleur goût.

Une alimentation monotone à texture molle, mixée ou lactée peut diminuer l’appétit des personnes âgées fragiles. Cette étude montre que la situation est aggravée lorsque des médicaments sont mélangés aux aliments.

Croquer redonne goût aux aliments

Cette étude sur le goût a été portée par l’équipe du CHU de Nice et de Solidages, qui a déjà développé un complément nutritionnel sous forme de petites galettes « niçoises ». Plusieurs études à l’hôpital et en EHPAD ont montré que, grâce à leur texture brevetée,  elles redonnent le plaisir de croquer aux personnes en perte de poids même si elles ont des problèmes dentaires.

Croquer et mastiquer nettoie la bouche, élimine plus vite l’amertume et stimule la sécrétion de salive et de toutes les sécrétions digestives : on digère mieux et tous les aliments sont mieux assimilés.

En cas de perte de poids involontaire, les personnes âgées et les malades reprennent plus facilement de la masse musculaire en mangeant des aliments solides. De plus, croquer est un plaisir sensoriel en soi, parce que les sons intra buccaux sont bien perçus, même par les personnes âgées qui entendent mal.

Rédaction ActuSoins avec CHU de Nice

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12 réactions

Au Drey
1 juillet 2014

Écraser les médicaments c est aussi la faculté… Il faut réfléchir a ce que nous faisons et aux conséquences !

Laurence Vanhaezebrouck
1 juillet 2014

Ne pas faire aux patients se qu on ne ferais pas pour nous meme

Anne-sophie Lestrade Avril
1 juillet 2014

Moi perso j ai gouté une gélule de doliprane dans de la compote . C’est atroce

Isabelle Cuartéro-Aubin
1 juillet 2014

Les labos devraient faire les ttt sous des formes plus facile à avaler ! (Poudre ou gelée par exemple…)

Didie Enzo
1 juillet 2014

Plusieurs médicaments prescrit aux personnes âgées peuvent être pris sous forme de gouttes il suffit parfois le demander au médecin prescripteur

Cyrielle Crc
1 juillet 2014

n’oublions pas les fausses routes

Debo Milan
1 juillet 2014

Ok mais concrètement on fait quoi? C’est pas bon on s’en serait pas doute tiens! Mais au final qu’elle est la solution? Car je suis preneuse si vous avez de meilleures idées! Quant aux traitements en gouttes, pour en avoir goûter un ou 2 c’est dégueulasse aussi, donc cela ne règle en rien le problème!

Veronique Le Gall
1 juillet 2014

Combien de fois m’a t’on reproché de ne pas avoir écrasé les médicaments (y compris les enrobés LP!!!) alors que les patients les avalaient sans problème tels quels dans une cuillerée de quelque chose dont ils ne dénaturent pas le goût! Dur de faire changer les habitudes quand on est la nouvelle qui débarque (et qui a bossé en médecine gériatrique où la chef de service interdit tout médicament écrasé!).

Beatrice Le Lay
1 juillet 2014

Pour Principe , on ne mélange pas les médicaments à la nourriture ,il y a l’alternative: eau gélifiée, compote , confiture ….

Annelyse Pinatel
1 juillet 2014

Je suis consternée de voir que les soignants paramédicaux soient encore montrés du doigt!
– ça ne fait plaisir à personne de devoir écraser les thérapeutiques
– on a pas besoin de faire une étude pour savoir que mélangés aux aliments, les médocs écrasés dont dégueulasse en plus d’avoir perdu leur efficacité!!!
– encore plus que certains médecins maintiennent la galénique solide quand elle peut être substituée en liquide!!!
– enfin, qu’on soit encore obligé de parler de ce problème connu de tous depuis des années!!!! Si les labos parrêtaient un peu de s’en mettre plein les poches et cherchaient une solution, non????

Cindy Moi
1 juillet 2014

Ok qu’il faut pas écraser les traitements mais quand t’en parle au dr et qu’il réagi pas on fait quoi… Pi on mélange pas ds toute la nourriture … Pi comme on dit au gosses les médoc ça n’a jamais été bon… 😉

sancho
5 juillet 2014

Bonjour,
c’est pas cool de se faire montrer du doigt mais que des paramédicaux puissent continuer à administrer des thérapeutiques en dépit du bon sens, pose question. (Qualification,Formation, Epuisement prof., Positionnement prof.,…)
Quand les traitements ne sont pas adaptés aux capacités du patient, ou pire, quand ils deviennent inactifs (Certain LP par exemple), le manque de positionnement des infirmiers est très dommageable pour la profession, pour nos collaborateurs et surtout pour le patient. (Y a t il au moins des infirmiers dans toutes ces structures, pour évoquer cette problématique au médecin et si besoin se positionner ?)
Cordialement

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