Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (6)

Rédaction ActuSoins
6 juillet 2014 @ 15 h 56 min

Vincent Marion, étudiant infirmier en deuxième année à l’IRFSS de la Croix Rouge de Saint-Etienne est parti du 18 mars au 23 avril en stage dans un centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). De jour en jour, il a rédigé un journal que nous publions. Passionnant et instructif !

Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (6)

©Vincent Marion

Le 28 mars 2014

C’est mon dernier jour en service de chirurgie. Il y a seulement un quart des lits qui sont occupés.

Il faut dire que les patients ne restent jamais longtemps après une chirurgie. Généralement ils passent la nuit qui suit l’opération sur place et rentrent chez eux dès le lendemain.

Les motifs d’interventions les plus fréquents sont, par ordre décroissant d’importance : césariennes, appendicites, hernies, fibromes, brûlures.

Pendant cette période j’ai aussi vu des admissions pour accident de mobylette, chute d’un manguier, électrocution, brûlure par manipulation de poudre et morsure de serpent.

Très souvent, en plus du motif principal d’admission, il faut traiter des crises de paludisme qui se manifestent sournoisement dès lors que les organismes sont affaiblis.

[dropshadowbox align= »none » effect= »lifted-both » width= »autopx » height= » » background_color= »#ffffff » border_width= »1″ border_color= »#dddddd » ] »C’est inscrit sur le capot de nombreux véhicules de la ville : « Dieu décide ! »[/dropshadowbox]

Comme il y avait moins de travail ce matin, je suis allé faire un tour au bloc. Il y avait une petite chirurgie réalisée par un infirmier attaché de chirurgie. Il était entrain d’enlever un gros kyste au niveau de la cheville d’un jeune homme. Je lui ai donc proposé mes services pour l’assister.

Comme il avait commencé à faire des points pour refermer la plaie, je lui ai demandé une paire de ciseaux pour couper les fils à la bonne longueur par rapport aux nœuds. Il m’a répondu : « la seule paire de ciseaux disponible ce matin est déjà utilisée par mon collègue ». Il m’a tendu la lame de bistouri (sans porte lame) qu’il avait utilisée pour l’intervention ; je l’ai prise entre le pouce et l’index et me suis acquitté de la tâche comme j’ai pu.

Lorsque l’intervention a été terminée, il a crié « hé le vieux ! ». Le père du patient a rappliqué aussitôt.

Il faut dire que nous étions installés dans l’entrée du bloc pour bénéficier des rayons du soleil en guise d’éclairage. Par conséquent, le public nombreux n’était qu’à trois à quatre mètres de nous. L’infirmier a montré au père le kyste qu’il venait d’extraire et lui a dit « Voilà ce que je viens d’enlever à ton fils. Tu as compris ? ». Le vieux a dit oui et il est retourné s’asseoir pour attendre son fils.

Je retiendrai de cette première partie de stage que les Bobolais et Bobolaises sont particulièrement durs au mal et résignés face à la maladie. C’est inscrit sur le capot de nombreux véhicules de la ville : « Dieu décide ! ».

Vincent Marion

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