Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (9)

Vincent Marion, étudiant infirmier en deuxième année à l'IRFSS de la Croix Rouge de Saint-Etienne est parti du 18 mars au 23 avril en stage dans un centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). De jour en jour, il a rédigé un journal que nous publions. Passionnant et instructif !

Le 02 avril 2014

Ce matin, il y a de l'affluence à la consultation. L'organisation adaptée est mise en place.

Deux salles de consultations sont ouvertes, des papiers avec des numéros de passage sont donnés aux patients qui attendent.

Je suis avec un infirmier dans une des salles et nous commençons à recevoir les patients. Nous n'avons qu'un tensiomètre et un stéthoscope pour les deux salles, ce qui n'est pas du tout pratique. Le matériel passe sans arrêt d'une pièce à l'autre.

En plus des patients, il y a un défilé permanent de gens qui entre en consultation pour des motifs divers : des patients qui veulent éviter de faire la queue et qu'il faut rembarrer, des soignants qui viennent dire bonjour ou au revoir au collègue, un agent d'entretien qui vient pour fixer une tringle à rideau, etc.

La salle de consultation ressemble à une vraie auberge espagnole.

Ce matin, c'est palu, palu, palu, morsure de serpent, palu, palu, palu puis palu grave pour une petite fille de 2 ans. Elle est inconsciente et polypnéique. Je prends sa température, je relève 41°C, je regarde les conjonctives de ses yeux, elles sont toutes blanches ce qui signe une anémie sévère. C'est une urgence vitale, mais ici l'urgence est toute relative.

L'infirmier fait une ordonnance avec tout ce qui est nécessaire pour perfuser la quinine et faire chuter la température. Il la donne à la maman en lui disant « tu vas payer ça et tu reviens ». Les minutes passent, la petite fille attend sur le lit de consultation ; l'infirmier en profite pour faire entrer le patient suivant.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]"L'infirmier fait une ordonnance avec tout ce qui est nécessaire pour perfuser la quinine et faire chuter la température. Il la donne à la maman en lui disant « tu vas payer ça et tu reviens »[/dropshadowbox]

Après dix minutes, la maman revient avec le nécessaire pour débuter le traitement. Je prends le sac pour préparer la perfusion et je vois qu'il manque le perfuseur. Le préposé à la pharmacie a oublié de le mettre dans le sac. La mère retourne à la pharmacie.

Après dix minutes supplémentaires nous avons tout le matériel. Je prépare la perfusion pendant que l'infirmier pose le cathéter.

Comme nous sommes dans une auberge espagnole, un visiteur médical entre sans frapper pour présenter sa gamme de produits. L'infirmier lui dit qu'on est un peu occupé.

« Je vais attendre » dit le visiteur médical en s'asseyant sur le second lit de consultation face à nous.

Lorsque la perfusion est posée, l'infirmier dit à la maman « Tu vas emmener ta fille en médecine pour qu’elle soit hospitalisée ».

La mère prend sa fille dans les bras. L'infirmier pose sur le ventre de la fillette le flacon de la perfusion et le dossier d'hospitalisation. Par l'entrebâillement de la porte je les vois s'éloigner vers l'autre bâtiment. C'est au tour du visiteur médical d'entrer en scène !

Vincent Marion

Selon l'OMS, 207 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2013 dans le monde, dont 6,9 millions de cas au Burkina Faso. Le paludisme fait plus de 600 000 morts chaque année dans les zones impaludées de la planète, dont 90% d'enfants.