Un infirmier français en Guinée Equatoriale victime de la peur d'Ebola

Rédaction ActuSoins
26 août 2014 @ 12 h 26 min

Cet article relatant le décès d’un infirmier, chef de service des urgences médicales de l’entreprise Bouygues Construction, refoulé de clinique en établissement hospitalier, a été publié par l’Association France-Guinée Equatoriale (pays proche du Gabon où aucun cas n’a pour l’instant été répertorié).

Photo de Shawn Haggerty infirmier publiée sur le site de l'Association

Photo de Shawn Haggerty publiée sur le site de l’Association

La semaine passée, Oyala, le chantier titanesque du président Obiang en plein cœur de la forêt tropicale, a connu un vent de panique quand Shawn James Haggerty, le Chef de service des urgences médicales de l’entreprise Bouygues Construction, est tombé gravement malade, le 15 août dernier, présentant des symptômes similaires à Ebola (fièvre, vomissements, diarrhée sanglante).

Transféré en urgence à Bata, son admission dans un établissement hospitalier s’est heurtée à la réticence des personnels hospitaliers et à une évidente impréparation : Refoulé de la clinique La Paz, pourtant présentée comme l’une des plus modernes du pays, on l’a finalement accueilli à l’Hôpital public de la ville où il a reçu des médicaments avant d’être reconduit à Oyala.

Cependant, étant donnés la crainte suscitée par Ebola – et surtout depuis son apparition au Nigeria -, et le risque éventuel de contagion et de propagation, les plus hautes Autorités du pays s’en sont mêlés : la Première Dame, d’abord, qui l’a fait admettre dans sa clinique privée Guadalupe de Mongomo, inaugurée le 8 mars 2014. Mais, faute de moyens adaptés, il a été finalement renvoyé à la clinique La Paz de Bata où le ministre Tomas Mecheba et le président Obiang lui-même ont exigé qu’il soit admis.

Selon Celestino Okenve (qui retrace ce événement sur le site guinea-ecuatorial.net), on aurait alors chargé un soignant malien de le faire sortir de l’ambulance et de le placer à l’isolement dans un coin de l’hôpital où il aurait été laissé sans soins. On aurait seulement effectué sur lui des prélèvements de sang et de salive envoyés par avion à  Franceville (Gabon) où se trouve une unité de diagnostic d’Ebola. Malheureusement, Shawn Haggerty est finalement décédé le 18 août 2014, à trois heures du matin.

Originaire de Derby, dans le Kansas (Etats-Unis), formé à l’École militaire de Toulon (France), Shawn Haggerty, 58 ans, travaillait pour Bouygues en qualité d’infirmier urgentiste, responsable du suivi médical des employés de cette entreprise à Oyala. Arrivé en France en 1987, marié à une Française, il a servi dans la Légion étrangère et travaillait désormais en Afrique depuis près de sept ans. Son rêve était de s’installer bientôt en Floride afin de profiter de sa retraite militaire et de parcourir les Etats-Unis sur sa Harley-Davidson.

Mercredi dernier, les résultats d’analyse, revenus de Libreville, ont révélé que le patient franco-américain n’était pas infecté par le virus Ebola. Il est donc mort d’une autre pathologie, non déterminée, à moins qu’il n’ait été victime de la réticence des établissements hospitaliers à l’accueillir et à le prendre en charge.

Selon un communiqué officiel signé par  Teobaldo Nchaso Matomba, porte-parole du gouvernement équato-guinéen, Shawn Haggerty serait décédé suite à une surdose de quinine qu’il se serait lui-même administré en automédication contre le paludisme dont il souffrait. « Grâce au traitement administré par les médecins, les vomissement et la diarrhée avec sang se sont arrêtés et les signes vitaux ont amélioré. Mais à cause d’autres maladies qu’il souffrait (hypertension, diabète et obésité), le patient est décédé à 3 h 46, dimanche 17 août dernier », précise ce communiqué.

A lire sur le site de l’Association France-Guinée Equatoriale

La carte interactive healthmap.org

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10 réactions

Agnès Boyer
26 août 2014

Une information gardée sous silence !!!

Agnès Boyer
26 août 2014

Merci pour Shawn, article à partager sans modération.

Clai Re
26 août 2014

C honteux qd même! RIP

Annaïck Dieuleveux
26 août 2014

Une pensée remplie de tristesse pour Shawn! Infirmier associant Travail et Bonne humeur au boulot, rires et plaisanteries d’un grand bonhomme! Prenant tout patient sans discrimination!!!!!!!!!!!!!!! Le côtoyer professionnellement et autrement ne peut s’oublier et surtout accepter cette fin tragique, délaissé par beaucoup pour diverses raisons!!! On peut rapatrié un infirmier britannique en Angleterre et ne pas pouvoir le faire en acceptant la non assistance à personne en danger pour notre collègue infirmier américain, légionnaire français!!!!!!!!!!!!!!! Pourquoi???

Jean-Aurélien De Nightingale
26 août 2014

Bouygues utilise l’emblème de la Croix-Rouge ? Sinon merci de relayer cela Actusoins.

Francine Pinguet
26 août 2014

Une grosse pensée pour Shawn ,qui partait pour la Guinée Equatoriale le jour de mon arrivée en stage……….Toute l’équipe se réjouissait pour lui , tout en regrettant le départ de ce fabuleux collègue !!!! Quelle prise en charge ,mon dieu !! La peur ne peut et ne doit pas tout excuser…….

Annaïck Dieuleveux
26 août 2014

Complètement d’accord,si la peur n’évite pas le danger , elle n’excuse pas ce que Shawn a du vivre!!! 🙁

Sara Sau
27 août 2014

C’est inadmissible… Encore un événement concernant la profession passé sous silence…
Au delà de ça il est vrai que c’est odieux ce que cet homme a du vivre, cela me révolte en tant qu’Homme autant que professionnelle…
Bravo aux politiques qui n’ont rien fais pour lui…

SYNERGIUS
12 juin 2020

Ce n’est pas que l’emblème de la croix rouge, c’est une croix rouge, elle signale l’usage du véhicule. Toutes les ambulances militaires ont une croix rouge, ainsi que de nombreux autres usages à travers le monde.

Eric
11 juillet 2020

Bonjour, par soucis d’économie Bouygues n’a gardé qu’un infirmier en Guinée Equatoriale. J’étais avec lui jusqu’en 2013. Le problème est qu’il n’était plus en état de faire un diagnostic sur lui même, un deuxième poste lui aurait sauvé la vie. Je connaissais Shawn depuis 1991.

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