Violence sur patients : procès contre un infirmier sous pression

Rédaction ActuSoins
8 septembre 2014 @ 17 h 08 min

« Un infirmier digne de ce nom doit rester maître de ses nerfs, il est fait pour soigner les gens, pas pour les blesser », a conclu le substitut du procureur en demandant six mois de prison avec sursis à l’encontre d’un infirmier en psychiatrie qui a blessé deux patients. Un procès relaté par La Voix du Nord.

Violence sur patients : procès contre un infirmier sous pressionLes faits remontent au mois d’août 2012.

La cinquantaine, S.P. est infirmier depuis plusieurs années au sein de l’établissement public de santé mentale Val de Lys – Artois, dont la direction générale est basée à Saint-Venant (Pas-de-Calais).

Affecté à l’antenne de Saint-Pol-sur-Ternoise, il s’occupe de personnes atteintes de pathologies psychiatriques lourdes, qui nécessitent de les maintenir dans une unité fermée.

À la fin du mois d’août, alors qu’il s’occupe avec quelques collègues d’un patient atteint d’une maladie dégénérative, ce dernier lui saisit le poignet. « J’ai depuis longtemps une fragilité à cet endroit et ça m’a provoqué une douleur intense, explique S.P. Je reconnais lui avoir porté deux coups, au sternum, pour me libérer. » Un acte que ses collègues, interrogés par la suite, trouveront exagéré.

Quelques jours plus tard, alors qu’il encadre une pause cigarette avec quelques patients, il fait remarquer à ses pensionnaires qu’il est temps de rentrer dans les chambres. Mais alors qu’il se dirige vers la porte, l’un d’eux lui assène un coup. Surpris, S.P. se retourne violemment et le blesse à la lèvre. « Je ne voulais pas le toucher, c’est en me retournant brusquement que ma main est venue le heurter », se défend-il.

Interpellée par l’équipe soignante des agissements de l’infirmier, la direction de l’établissement le suspend de ses fonctions le 30 août, à titre conservatoire, et saisit le Procureur de la République.

Présenté au tribunal d’Arras lundi 1er septembre, le prévenu se défend d’avoir infligé de mauvais traitements à ses patients. « Je traversais une période difficile, j’étais sous pression, explique-t-il. Dans d’autres temps et d’autres circonstances, jamais je n’aurais agi comme ça. »

Pour la présidente du tribunal, il appartenait à l’infirmier d’informer sa hiérarchie de ses faiblesses. « Vous êtes confronté à des patients qui peuvent avoir des réactions inattendues, lui fait-elle remarquer. Vous devez savoir les anticiper ! »

Le ministère public a requis à l’encontre de S.P. une peine de six mois de prison avec sursis et l’interdiction définitive de pratiquer le métier d’infirmier. « Un infirmier digne de ce nom doit rester maître de ses nerfs, il est fait pour soigner les gens, pas pour les blesser », a conclu le substitut du procureur. Le jugement a été mis en délibéré au 15 septembre.

Rédaction ActuSoins, avec La Voix du Nord

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7 réactions

Hélène d'Agostino
8 septembre 2014

et l’inverse dans les services généraux, on en parle ?

mac97000
8 septembre 2014

Cette sanction est complètement disproportionné !!!

Nous avons chacun notre propre pyramide de Maslow et sanctionner un individu à vie sans que personne ni dans ses collègues ni dans sa hiérarchie n’est été capable de déceler une souffrance c’est simplement inadmissible.

Je n’excuse pas le geste et encore moins les gestes si il s’avère qu’il y a eu plusieurs comportements litigieux à l’encontre de patients, mais nous savons tous que notre profession est difficile à vivre au quotidien.

La présidente aurait elle besoin d’un cours sur le contexte de travail à assurer et assumer au quotidien dans ce genre d’établissement?

Il faut savoir passer la main quand c’est nécessaire et savoir évacuer les tensions avant de quelconque débordement, mais pour cela encore faut-il que ce soit possible.

Quid des moyens mis à la disposition des infirmiers pour avertir la hiérarchie d’une faiblesse ???

Mathieu Guyon
8 septembre 2014

pourquoi uniquement dans les services généraux?

Hélène d'Agostino
8 septembre 2014

parce qu’en général on parle des urgences et des services de psy

eusebe
9 septembre 2014

Si la personne n’a uniquement été jugée que sur ces deux faits, la réquisition est en effet particulièrement exagérée ; y aurait-il autre chose ?

Claudine Vidmar
9 septembre 2014

Et dans les maisons de retraite c’est pareil, mais souvent l’équipe se tait et si elle en réfère à la cadre, on étouffe l’affaire pour préserver la réputation de l’établissement.

Jean Fleure
9 septembre 2014

Partage sur Plaidoyer pour la défense de la psychiatrie.

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