Attentats du 13 novembre : des soignants témoignent

Cyrienne CLERC
24 novembre 2015 @ 16 h 47 min

Six membres de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) ont témoigné de leur expérience lors des attentats du 13 novembre, dans des vidéos mises en ligne par le service communication de l’institution.

Attentats du 13 novembre : des soignants témoignent

© Pourya Pashootan, chef de clinique à l’hôpital Saint-Louis. La salle de réveil, surchargée

Rappelons que le bilan est de 130 morts et plus de 350 blessés dont 169 toujours hospitalisés.

L’hôpital Saint-Louis a vu arriver « par vagues » 27 blessés par balles, a expliqué le Dr Jean-Paul Fontaine, du service d’accueil des urgences.

Les victimes sont arrivées très vite, a-t-il poursuivi, car cet hôpital est situé à quelques mètres seulement du bar et du restaurant visés dans le Xème arrondissement et à proximité de plusieurs bars touchés dans le XIème.

La situation à l’hôpital Saint-Louis était « très, très singulière » car « ces bars sont des lieux de rendez-vous fréquents » pour les soignants, a poursuivi Jean-Paul Fontaine. « Chacun de nous connaît des personnes qui ont été impliquées, voire qui sont mortes »: il fallait « savoir absorber » ces histoires difficiles.

« L’un des enjeux majeurs » dans cette situation était « de prendre conscience très rapidement qu’il était impossible de transférer » les patients vers d’autres hôpitaux, a raconté le professeur: ce sont les chirurgiens qui ont fait preuve de mobilité.

« Une excellente collaboration »

Nathalie Nion, cadre supérieure de santé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a souligné l' »excellente collaboration » médicale et paramédicale car certaines « personnes pivots » étaient définies comme seuls interlocuteurs. Elles ont permis de donner des ordres acceptés par tous, ce qui a favorisé une coordination.

« Je suis assez admiratif de la vitesse » à laquelle les différentes équipes se sont mobilisées, s’est félicité le Dr Matthieu Legrand, du département anesthésie-réanimation de l’hôpital Saint-Louis, dont le rôle était précisément de « faire en sorte que les différentes équipes s’articulent ».

Il y a eu une « montée en puissance avec une coopération de tous », a également assuré Marie Borel, anesthésiste-réanimatrice à hôpital de la Pitié-Salpêtrière. « On était prêt », a-t-elle estimé, précisant que « s’il y avait besoin de prendre en charge plus de patients, on pouvait le faire ».

« La capacité d’accueil n’a jamais été saturée »

« Pendant un moment, nous étions dans l’incertitude du nombre de victimes qui pouvaient arriver », a repris Matthieu Legrand, qui a noté que la « capacité d’accueil n’a jamais été saturée ». Le nombre de volontaires a permis d’atteindre le niveau de service diurne, a précisé le Pr Pierre Carli, directeur du Samu de Paris. 60 équipes Smur étaient « disponibles ou engagées sur le terrain » et il y avait plus de 35 blocs d’opération actifs, a-t-il dit.

Matthieu Legrand a expliqué que le Samu avait été « très efficace » sur la « deuxième partie de la nuit », lorsque les patients avaient été stabilisés, vers « quatre ou cinq heures du matin ». A 5h30, lorsque l’alerte s’est arrêtée, « on a renvoyé un maximum de personnel » afin de « conserver des forces vives » pour les 24 heures suivantes, a raconté Mathieu Raux, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

« Les conditions psychologiques étaient très difficiles », a souligné Mathieu Raux, car il y a un phénomène d’identification, notamment des jeunes personnels, avec les victimes. Il y avait un « stress et un sentiment d’angoisse », a décrit Matthieu Legrand. Cette angoisse n’est pas ressortie au début, mais « quand la pression est retombée, on a bien senti » que c’était un « choc pour tous ». Il a souligné qu’il fallait « travailler » pour que « tout le monde puisse gérer cette angoisse ».

« Une impression de calme et de fluidité »

« J’ai été très surpris par le calme, la sérénité qui régnait », a-t-il complété. Les patients ont été « très calmes: ça ne criait pas, ça ne hurlait pas ». La situation donnait une « impression de calme et de fluidité ».

Matthieu Legrand a raconté que, après une « phase initiale », il y avait celle de la « tristesse »: « On s’identifie complètement aux victimes » car « ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous ». « Le fait d’avoir été impliqué » était toutefois « réconfortant dans ce malheur ».

Jean-Paul Fontaine a estimé que, jusqu’ici, l’AP-HP était en exercice pour un événement qui relevait de la théorie. « Maintenant, il nous faut tourner cette page » car « cette chose est arrivée ». « Je suis fier du service, […] l’équipe a su élever le niveau de ce que la situation exige », a-t-il fait valoir, même si « on peut être insatisfait de plein de choses », notamment parce qu’il y a eu des « moments de flottement ».

« On découvre ce qu’est la traumatologie avec des armes de guerre », a dit Mathieu Raux. « Ici, on a soigné des blessés de guerre avec des techniques chirurgicales civiles de pointe », a-t-il ajouté. Mais il refuse de parler de chirurgie de guerre, préférant qualifier les actes de « chirurgie de très haut vol délivrée à des blessés de guerre ».

Source APM

 

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16 réactions

Camille Mussard
24 novembre 2015

Ils ont du vivre des moments vraiment difficiles 🙁

Sylvia Lima
24 novembre 2015
Esperance Volpi
24 novembre 2015

Respect , et merci à tous les soignants

Christine Poulteau
24 novembre 2015

Courage, dévotion

Murielle Leblanc
24 novembre 2015

Chapeau aux collègues qui étaient sur le terrain ce jour là

Valérie Matthys
24 novembre 2015
Emilie Bizard
24 novembre 2015

Merci à tous

Fifi Sel
25 novembre 2015

Coup de chapeau aux soignants du chirurgien a l aide soignante….tout a ete possible gracs a leur devouement leur abnegation leur professionnalisme. Pourtant les professions se meurent. Encore bravo

Cyril Renaudie
25 novembre 2015

Combien vont rester avec des handicaps et des traumatismes ?

Celine Chafouine
25 novembre 2015

J’aurai pas dit mieux .. Chapeau .. Étant moi même Ide j’ai beaucoup penser à eux ce soir la .. Chapeau bas …

Beboop Viotty
25 novembre 2015

Bravo pour les professionnels hospitaliers, les pompiers, les gendarmes, la police, les militaires…. Toute mon admiration … Encore BRAVO

Yvette Lang
25 novembre 2015

❤️❤️❤️❤️❤️❤️

Marie Marye
25 novembre 2015

?????

Geneviève Longin Pitt
26 novembre 2015

BRAVO à l’ensemble médical et para – médical et toutes les professions ayant un lien direct ou indirect….c pas facile surtout quand les circonstances sont aussi dramatiques..! eux aussi il faudra les soutenir car les traumatismes psychologiques se révèleront plus tard … encore bravo !

Onvousremplace.com
26 novembre 2015

Bravo à tous les soignants !!

Master Thief
3 décembre 2015

Et un hommage à ceux-ci, très souvent oubliés alors qu’ils ont pris une part essentielle lors des attentats:

http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/19/dans-les-hopitaux-militaires-de-begin-et-percy-c-etait-kaboul-a-paris_4813024_4809495.html

http://www.sfmu.org/fr/actualites/actualites-de-l-urgences/id-57663-victimes-d-attentats-les-hopitaux-militaires-ont-mis-a-profit-leur-savoir-faire-face-a-l-afflux-de-ce-type-de-blesses

Ils versent un peu moins dans l’auto-congratulation, certes, car ils ont l’habitude de ce genre de situations….et les médias en parlent beaucoup moins aussi.

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