L'équithérapie : soigner avec les chevaux

Delphine Bauer
17 mars 2016 @ 12 h 26 min

A l’heure des médecines alternatives, l’équithérapie, pratiquée en complément de soins classiques, est une opportunité d’apporter de vrais progrès aux patients. Reportage auprès de Sophie Peignier, infirmière dingue de chevaux et équithérapeute.

© Juliette Robert - Sophie Peignier, infirmière équithérapeute, Tristan et sa jument Fly

©Juliette Robert – Sophie Peignier, infirmière équithérapeute, Tristan et sa jument Fly

« On commence toujours par dire bonjour », explique Sophie Peignier, infirmière équithérapeute, décryptant l’arrivée de Tristan, 8 ans, quand il s’approche de Fly, « sa » jument. Equipé comme un petit pro de l’équitation, le jeune patient a déjà son casque sur la tête et porte un gros manteau. Il fait froid en ce mois de février.

Tous les mercredis depuis près d’un an, Tristan, petit garçon autiste, retrouve Sophie pour sa séance à l’écurie des Falaises d’Auvers-sur-Oise, charmant village du Val d’Oise. « Je précise que Fly n’était pas une jument qui aimait les câlins », s’étonne encore l’équithérapeute, en voyant Tristan se pendre tendrement à son cou.

La séance débute dans le coeur du manège un peu boueux, en extérieur, où pendant une heure, le cheval devient le meilleur « outil » de Sophie pour faire progresser Tristan. D’abord, un peu de travail sur les parties du corps du cheval, que Tristan doit désigner, puis brosser. Ensuite la préparation de la jument, afin qu’elle soit prête à être montée. Le tapis, les sangles, les mors, Tristan, à l’aide des conseils de Sophie, la prépare précisément.

Sans peur, il monte dessus, puis se prête au jeu de rôle qui consiste à aller chercher des dragons imaginaires. « Tu les vois les dragons? Il faut prendre ce chemin », indique-t-elle. D’abord à ses côtés, puis le laissant autonome, elle invente une traversée semée d’embûches (un pont imaginaire, le tour du lac, en fait une flaque d’eau…) dans le manège.

Fly est à l’écoute du garçon. « Elle est incroyablement adaptable », explique Sophie, qui la connaît bien, puisque c’est sa propre jument depuis seize ans. Tout au long de l’exercice, Fly est d’une grande douceur, parfaitement en phase avec le tempérament de Tristan. « Le cheval est une vraie éponge émotionnelle : il stresse si le cavalier est stressé, se détend si la personne est détendue », éclaire-t-elle. A la fin, Fly s’arrête devant un sens interdit. La séance s’achève sur un moment un peu ludique : Tristan donne à grignoter à la jument.

Sophie Peignier le salue. « On se voit la semaine prochaine! », lance-t-elle, avant qu’il ne s’engouffre dans la voiture de ses grands-parents qui l’accompagnaient.

La passion du cheval et des soins

Aux yeux de cette infirmière, les progrès de ses patients sont très gratifiants. Car Sophie Peignier insiste bien : l’équithérapie ne doit pas être confondue pas avec de l’équitation adaptée. « C’est bien du soin », assène-t-elle. Pour Tristan, elle constate « une belle augmentation de son autonomie, une performance des gestes, une amélioration de sa concentration. Il respecte le cadre et gère mieux sa frustration », se réjouit-elle.

« L’enfant autiste a une façon différente de percevoir le monde extérieur de moi, ce qui entrave la communication. J’utilise précisément le cheval comme un vecteur de communication », explique-t-elle. « Souvent les gens disent que ce qui se passe avec le poney est magique, mais il faut rester très humble : moi je n’attends pas le miracle, les choses se font petit à petit. »

Sophie continue à mi-temps à exercer dans un Itep (institut thérapeutique, éducatif et pédagogique, ndlr) avec des enfants souffrant de troubles du comportement, après avoir longtemps exercé en soins généraux, puis en psychiatrie. Persuadée qu’il existe autre chose que le tout psychiatrique, cette passionnée de chevaux depuis son plus jeune âge, avait souhaité garder l’équitation comme un plaisir, et non en faire son métier. C’est pourquoi, entre autres, elle souhaite garder un pied dans une institution, avec un travail d’équipe. Car être équithérapeute, c’est aussi accepter de travailler seul.

Après avoir découvert l’équithérapie lors d’un salon, elle suit donc de 2008 à 2010 une formation, assez chère (comptez de 6 000 à 8 000 euros, ndlr) de 600 heures à la Fédération Française d’Equithérapie, où elle revoit les psychopathologies ainsi que le développement psychologique et moteur, aborde l’aspect équestre du soin et l’éthologie. Mais elle reconnaît qu’il n’existe pas encore « d’uniformisation dans la formation ».

Ce qui est sûr, c’est que l’équithérapeute n’est pas un professionnel du cheval. « C’est un métier hybride, qui ne propose pas de monter à cheval, mais bien de travailler sur des objectifs thérapeutiques » par le biais du cheval. « Ces objectifs thérapeutiques sont définis lors du premier rendez-vous avec le patient (ou ses parents, quand il s’agit d’un enfant) où je prends connaissance du parcours du soin du patient, ses difficultés. Ensuite, il y a quatre grands axes sur lesquels nous pouvons travailler : l’affectif et l’émotionnel, le relationnel et le social, le cognitif, et le psycho-moteur », explique Sophie.

 Un métier aux contours encore flous

Sophie Peignier n’en vit pas encore, même si elle a des patients réguliers. La faute probablement à une méconnaissance de ce métier, bien qu’elle constate que certains médecins conseillent désormais l’équithérapie à leurs patients. Et aussi à ses tarifs, « moins chers qu’un psychologue ». Mais si elle veut démocratiser l’équithérapie, c’est la seule solution.

Aujourd’hui, aux écuries d’Auvers-sur-Oise, elle est heureuse d’avoir trouvé l’endroit idéal, entre vue sur les champs à perte de vue et panorama imprenable sur Paris. Et surtout, des gérants attentifs et compréhensifs de sa démarche. « Dans d’autres centres, j’ai dû travailler à la lampe-torche car pas d’éclairage la nuit venue, en hiver! », se souvient-elle, regrettant que certains centres équestres affirment être au point pour accueillir des patients alors que la réalité peut être tout autre.

En attendant, peut-être, de travailler à temps plein, Sophie Peignier est une équithérapeute heureuse mais fatiguée. Pour travailler six jours sur sept avec un bébé en bas âge, il faut être passionné. Et Sophie Peignier, l’est sans aucun doute, autant quand elle évoque sa jument que les progrès de ses patients.

Delphine Bauer/ Youpress
Paru dans ActuSoins, n°16

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59 réactions

Réjane Hermitte
17 mars 2016

çà n’est pas un scoop!

Sab Inouche
17 mars 2016

Liziane

Mathilde Lgd
17 mars 2016

Cécile Fabié 🙂

Virginie Medard
17 mars 2016

c’est juste génial cette méthode…j’ai pu accompagner des enfants, c’etait des moments magique…la relation avec l’animal y’a rien a dire…seulement que c’est beau

Laura Montaux
17 mars 2016

Maya Dhuit pour votre projet .

Flo Boa
17 mars 2016

Jade

Marie Outrequin
17 mars 2016

Laura Genest c’est pour toi

Bruno Bourgeaux
17 mars 2016

Bonsoir Virginie , se sera un grand plaisir pour moi de vous avoir comme ami sur Facebook. Comme vous le savez l’internet de nos jours est un moyen très efficace de communication avec le monde extérieur. Si aujourd’hui mon message de correspondance vous est adressé, c’est en fouillant sur la page que j’ai retrouvé votre commentaire qui m’a beaucoup flatté alors je n’ai pas hésité a répondre et c’est aussi parce que j’ai voulu avoir plus de relation pour les échanges d’idée, de propos, pour discuter, dialoguer . Alors si vous ne voyez aucun dérangement en cela, veuillez m’envoyer une invitation.

Kev Lab
17 mars 2016

Cam Ille

Juliette VD
17 mars 2016

Marie-Hélène Demouy Ca peut t’intéresser tiens ! 🙂

Cécile Fabié
17 mars 2016

???

Anais Nardella D'amato
17 mars 2016

Amandine Ka

Marion Limare
17 mars 2016

Shine Lyline j’ai trouvé ma reconversion lol

Shine Lyline
17 mars 2016

Et bien voilà ???

Coraliie Deffein
17 mars 2016

super

Coralie Beaufort Chadouteau
17 mars 2016

Camille Fredon

Marine Brs
17 mars 2016

Edwige Pollier

Nurse Drey
17 mars 2016

Ly Cia 😉

Dominique Tolleb
17 mars 2016
Maëlle Làloù
17 mars 2016

Guïzmo Chicheur une raison de plus ^^

Magali Fourcin
17 mars 2016

Manon Fourcin

Joy Herms
17 mars 2016

Malou Laferriere oh c’est pour toi

Ly Cia
17 mars 2016

Merciii poulette ?

Edwige Pollier
17 mars 2016

Merci ☺

Malou Laferriere
17 mars 2016

Futur metier oui oui ??

Florence Bezes
17 mars 2016

Alison Soo prochaine fois je veux venir avec vous! J’en ai marre de rester dans la service!!!!

Alison Soo
17 mars 2016

Oui tu y vas pas de souci je te met dessus direct dès que tu fais un lundi normalement on va allez au salon du chocolat ensemble le
27 avril

Florence Bezes
17 mars 2016

Je bosse pas le 27…je veux les chevaux moi! Le chocolat j’en ai assez!

Alison Soo
17 mars 2016

Tu vas venir avec moi en faire ?

Camille Soulet
17 mars 2016

Amandine Genet 😀

Amandine Genet
17 mars 2016

La meilleure des médecines alternatives … Faiseuse de miracles !! ?

Rom Ain Boyer
17 mars 2016

Geoffrey

Emma Duval
17 mars 2016

Rien de nouveau… ce n’est pas un scoop

Laura Prigent
17 mars 2016

Mary Le Vern

Léa Gonzalez
18 mars 2016

Maelle Gerard

Céline Bloc
18 mars 2016

Olivia Bloc

Mary Le Vern
18 mars 2016

Merci Laura Prigent

Marion Haristouy
18 mars 2016

Morgane Arette 😉

Kulpinskaya Olga
18 mars 2016

bien sur!!!! musicothérapie et théatrothérapie sont excellentes aussi!!!

Sandrine Payot
18 mars 2016

Marie Payot

Delphine Michel
18 mars 2016

Zaragoza Virginie j’ai pensé à toi!!!

Anastasia Kisielewicz
18 mars 2016

Charlotte Bidaud

Charlotte Bidaud
18 mars 2016

C’est moi plus tard 😀

Anastasia Kisielewicz
18 mars 2016

tout à fait ! ?

Laura Genest
18 mars 2016

Oh Yeah ??

Laura Genest
18 mars 2016

Elle est à côté des chez mes parents en plus dommage que l’article soit pas sorti quand je faisais mon mémoire :p

Martial Panaget
18 mars 2016

Elisabeth Crego
18 mars 2016

j ai déjà participer a une seance,c est génial et ça marche!!

Zaragoza Virginie
18 mars 2016

Merci!!! J’avance petit à petit sur mon projet!!! Et oui tu aides vraiment les patient avec les chevaux, là où les soins « classiques » ne fonctionnent plus!

Ingrid Hild
18 mars 2016

Je connais une infirmiere qui a fait sa these sur equitherapie

Maëlle Pimousse
18 mars 2016

Solène Wodey

Isabelle Baum
18 mars 2016

Marie Guichard-Moulhérat

Brigitte Lattier
18 mars 2016

Les animaux il n’y a rien de tel pour soigner

Asma Ricci
18 mars 2016

Nadia Dadou

Laure Lv
21 mars 2016

Thibaud Magat

Elo Oo
29 mars 2016

Ann SOophie

Ann SOophie
29 mars 2016

Merci ?

Margot Touraille
25 avril 2016

Oriana Garrigues si ça peut t’aider pour ton mémoire j’ai pensé à toi 🙂

Oriana Garrigues
25 avril 2016

Cimer ca tue

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