Coefficient de relargage des pansements absorbants : intérêts et effets dans la cicatrisation

Philippe Viseux de Potter
8 avril 2016 @ 19 h 04 min

Objectifs

  • Définition au travers d’études expérimentales du coefficient de relargage Kr des pansements absorbants.
  • Réalisation d’une classification des pansements absorbants en prenant en compte le coefficient de relargage Kr.
  • Mise en application dans la prise en soin des plaies exsudatives et évaluation des résultats utilisant la nouvelle classification.

Problématique

Depuis les travaux du Dr Winter, nous avons tous conscience de l’importance du milieu humide sur la plaie. Lorsqu’une plaie est exsudative nous utilisons des pansements absorbants. Mais quelle est leur capacité à garder les exsudats au sein de leur matrice ? Y-a-t-il un intérêt à utiliser un pansement absorbant qui relargue ? Quel est l’impact d’un coefficient de relargage élevé sur la plaie et à l’inverse quel est l’impact d’un faible coefficient de relargage sur la plaie ?

Définition du coefficient de relargage Kr d’un pansement absorbant (1)

pansements absorbants coefficient de relargage kr

 

Classification des pansements absorbants en fonction du Kr

 Pansements  Hydrofibres
polymères de CMC (3)
 Hydrocellulaires (4)  Compresses (5)  Alginates (6)
 Kr
corrigé de l’indice
d’incertitude
0.005 (2)
de 0.021 à 0.291
en fonction
des marques
de 0.315 à 0.663
en fonction
des marques
 0.735 0.840

❑ Plus le Coefficient de relargage Kr est élevé et plus le pansement relarguera les exsudats absorbés sur le lit de la plaie.

❑ Plus le Coefficient de relargage Kr est faible et plus le pansement gardera les exsudats au sein de sa structure.

 

Impact du Kr sur la Cicatrisation

L’objectif de l’étude est d’évaluer sur le lit de la plaie, l’impact du coefficient de relargage Kr en fonction de la quantité d’exsudat absorbée par le pansement (quantité évaluée en TENE (7)) (Figure 1).

L’étude est réalisée :
– avec des pansements absorbants toutes marques confondues en fonction de leur Kr et de leur capacité d’absorption.
– sur un échantillon de 20.301 plaies exsudatives.
– sur une période de 7 ans.

Critères d’évalution du lit de la plaie :
– apparition ou non apparition de macération
– apparition ou non apparition d’inflammation

pansements absorbants coefficient relargage kr fig1

 

 Evaluation des plaies fortement exsudatives en fonction du Kr des pansements absorbants  Evaluation des plaies faiblement exsudatives en fonction du Kr des pansements absorbants

Résultats : Evaluation du lit de la plaie suite à l’utilisation de pansements aux différents Kr sur des plaies fortement ou faiblement exsudatives.

– L’utilisation de pansements absorbants à faible coefficient de relargage Kr<0,5 sur des plaies fortement exsudatives limite l’apparition de macération et d’inflammation sur le lit de la plaie en 24h (Graph 1).

– l’utilisation de pansements absorbants à coefficient de relargage Kr élevé>0,5 sur des plaies faiblement exsudatives limite l’apparition de macération et l’apparition d’inflammation sur le lit de la plaie en 24h. (Graph 2). Cependant l’utilisation de pansements absorbants ayant un faible coefficient de relargage Kr favoriserait l’apparition d’inflammation sur le lit de la plaie (Graph 2).

Conclusion

En fonction de la quantité d’exsudat absorbée par le pansement, nous avons donc une complémentarité dans l’utilisation des pansements absorbants (toutes marques confondues) en lien avec leur capacité d’absorption et leur coefficient de relargage Kr. Ceci permet d’éviter l’apparition de macération et / ou d’inflammation sur le lit de la plaie, et favorise ainsi la cicatrisation des plaies.

Philippe Viseux de Potter
DIU Plaies & cicatrisation
Société i-Cica institut de la cicatrisation
Directeur du programme de recherche sur la quantification des exsudats.

Définition du coefficient de relargage des pansements absorbants : Intérêts et effets dans la cicatrisation

Définition du coefficient de relargage des pansements absorbants : Intérêts et effets dans la cicatrisation

(1) Etude Ph. Viseux de Potter réalisée sur l’ensemble des pansements absorbants toutes marques confondues, étude indépendante des laboratoires pharmaceutiques sans aucun conflit d’intérêt de quelle que nature que ce soit.
(2) Indice déterminé par des variables environnementales (évaporations, variation de température, force de frottement, support d’appui).
(3) Capacité d’absorption 16g/100cm2 Norme EN 13726 chapitre 3
(4), Capacité d’absorption 30g/100cm2/24h Norme EN 13726 chapitre 3
(5) Capacité d’absorption 65g/100cm2/24h Norme EN 13726 chapitre 3
(6) Capacité d’absorption 16g/100cm2 Norme EN 13726 chapitre 3
(7) Poster CPC 2012 : Dr JP Lembelembe – Ph. Viseux de Potter : Optimisation de la gestion des exsudats des plaies par une Technique d’Evaluation Numérique des Exsudats : TENE

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5 réactions

Magali Perraud
21 janvier 2016

en parlant de pansement, congrès national plaies et cicatrisation annulé à la dernière minute week end dernier ! pas cool du tout….

Carine Mosca
21 janvier 2016

Ouh Ca me fatigue de lire Ca … Ya pas une traduction Lucie ?

Marion Didierlaurent
23 janvier 2016

merci pour cet article qui complète les connaissances sur les exsudats de plaies.

ToBEE
23 janvier 2016

Très bon article. Tout simple il fallait y penser !!!! Et c’est vrai qu’un pansement qui relargue peut avoir des conséquences sur la plaie …. BRAVO ! et encore BRAVO quand j’ai vu qui a écris l’article ça ne m’étonne pas ! Continue Phil nous sommes toutes et tous avec toi ! Béa

heliosvp
23 janvier 2016

C’est clair que la quantité d’exsudat absorbée par le pansement est à considérer, je m’en rend compte à domicile assez souvent.
On aurait aimé un peu plus de concret après l’analyse pour pouvoir réajuster notre pratique.

Et sinon c’est quoi l’institut de la cicatrisation ?? C’est où ? Ils font des formations ? C’est quelle équipe de quel établissement ? « Directeur du programme de recherche » , c’est l’INSERM ?

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