Loi sur le travail : les infirmiers en danger ?

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Alors que le 31 mars marque une nouvelle journée de manifestation et mobilisation, la profession infirmière est préoccupée. La réforme du travail pourra-t-elle concerner les infirmiers du public dans un second temps ?

Sur le site de la Coordination Nationale Infirmière (CNI), les revendications sont claires : le gouvernement lance « des attaques inacceptables aux fondements du droit du travail« , avec pour conséquences, « une plus grande rigidité du dialogue social » et des « dégradations des conditions de travail« .

En ligne de front se trouvent aujourd’hui, le 31 mars les fonctionnaires, qui, à l’instar des salariés du privé, se sentent concernés.
Parmi eux, la profession infirmière se mobilise aussi. « La réglementation du code du travail s’applique dans la fonction publique aussi, et pas que dans le privé« , assène Thierry Amouroux, du SNPI-CFE CGC.

La fonction publique ne sera pas directement impactée

Eric Audouy, vice-président de la CNI (Coordination Nationale Infirmière) nuance légèrement, en expliquant que « pour l’instant, la fonction publique hospitalière ne va pas être impactée directement par la réforme de la loi du travail« , même s’il reconnaît que « nous sommes inquiets sur les conditions de travail, l’hygiène et la sécurité« .
En effet, le CHSTC (Comité Sécurité, Hygiène et Conditions de travail) est la seule opportunité pour le code du travail d’entrer à l’hôpital.
« C’est donc surtout par solidarité que nous allons manifester le 31 mars« , avance Eric Audouy. « En général, quand le gouvernement s’attaque au secteur privé« , il serait dur de ne pas imaginer, à terme, des conséquences également dans le milieu public hospitalier.
Un avis que partage Thierry Amouroux. « Si l’Etat décide de faire bouger les rapports entre salariés et patronat, cela va s’appliquer aussi dans le public, comme pour les retraites. Une année, on s’attaque au secteur public, la suivante au privé!«

Des conditions de travail dégradées

« A l’AP-HP, ce que fait Martin Hirsch est calqué sur le même principe que ce que propose la ministre du travail« , explique-t-il. Selon Eric Audouy, « sur la flexibilité, ces nouvelles conditions pourraient convenir, avec des journées de travail de 12h au lieu de 10, des semaines allant jusqu’à 46 heures. En cas d’activité accrue, cela permettrait aux hôpitaux de mieux marcher« .
Idem sur « la majoration des heures supplémentaires qui passeront de 25% à 10% (si le texte est adopté, ndlr), ou les 11h de repos obligatoire après 24 heures de travail continu qui pourraient être fractionnées… » Sans compter les horaires de nuit, « qui pourraient être moins rémunérés« , précise Thierry Amouroux.
Des inquiétudes au centre desquelles Eric Audouy place la santé du patient. « Les personnels sont déjà à flux tendu dans les services, les gens sont rappelés sur leur temps de repos. Il ne faut pas oublier que plus le personnel est fatigué, moins bien les patients sont traités.«
Même si le taux de syndicalisme est faible dans la profession, le ras-le-bol est bel et bien présent. « Tout le monde parle de la loi, on voit bien son rejet massif« , confirme Thierry Amouroux.
« On appelle à aller dans la rue ce jeudi, on sera présent« , confirme de son côté Eric Audouy, espérant peut-être secrètement renouer avec les événements de 88-90, quand les infirmiers étaient 100 000 dans les rues.
De son côté, Thierry Amouroux espère réussir à faire « céder le gouvernement« , comme lors du CPE. « Je suis non seulement inquiet pour nous, mais aussi pour nos enfants, qui, s’ils ont la chance d’avoir un emploi, seront corvéables à merci« , lâche-t-il.
Delphine Bauer

Voir les commentaires (18)

  • Non mais c'est un grand n'importe quoi et c'est cons de politiciens qui nous pondent cette nouvelle loi c'est pas eux qui se tuent a la tâche on est rien pour ces conard. Déjà qu'on est payé une misère alors la ces le pompon

  • Est il légal pour un établissement public de faire signer des contrats d'ASH à des aides soignants alors que ceux ci font un boulot d'AS?

    • Oui , mais alors il faut que la personne se cantonne à son boulot d'AHS, sinon , il en va de sa responsabilité en cas de problème !! si ce n'est pas accepté , il faut faire requalifier son contrat , et ils risquent de jouer là-dessus pour : "c'est ça ou rien ..." . Il vaudrait mieux s'adresser à un syndicat

  • "Sans compter les horaires de nuit, "qui pourraient être moins rémunérés", précise Thierry Amouroux."
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    Je suis rémunérée 9€ par nuit, pas par heure, pour la nuit entière, soit 0.80€ de l'heure, et ils comptent encore baisser ce tarif?