Florence Ambrosino : La promotion « Pratique avancée infirmière ».

Malika Surbled
5 mai 2016 @ 18 h 21 min

Convaincue qu’une troisième voie d’évolution est possible pour la filière infirmière, Florence Ambrosino, infirmière depuis 31 ans, se bat pour le développement et la reconnaissance de la pratique avancée en France. Avec succès.

Florence Ambrosino, infirmière : La promotion « Pratique avancée ».

© Malika Surbled

Elle arrive sur le lieu de rendez-vous, intriguée par l’entretien auquel elle a accepté de participer. Florence Ambrosino a pourtant l’habitude des journalistes. Depuis plus de 3 ans en effet, elle représente la promo des infirmières de pratique avancée et n’hésite pas à promouvoir cette nouvelle filière auprès des médias. Filière que peu de personnes, – y compris les professionnels – comprend encore.

Cette fois, Florence est prévenue : il s’agira bien d’aborder le sujet de la pratique avancée, mais sous forme d’un portrait, et non d’une interview ou encore d’un article de fond. Et ça, pour elle, c’est bien nouveau. « Parler de moi ? » interroge-t-elle.

« En ce moment, ma vie se résume à mon métier. Je travaille sans relâche et mes journées sont longues. Entre mon nouveau poste de coordinatrice pédagogique à l’Institut de Soins Infirmiers Supérieurs et mon implication parallèle pour la pratique avancée, je n’ai pas une seconde. Mais j’aime ça et c’est important pour moi » explique Florence.

Peu de place pour une vie perso et une implication sans limite dans son job ? Soit. De toute façon, l’idée de l’entretien en tête-à-tête face à la mer – Florence habite Marseille – était bien de parler de la pratique avancée des infirmières.

Pratique avancée infirmière : un objectif de 12 000 infirmières formées

« Après l’adoption de la loi sur la modernisation du système de santé – promulguée le 26 janvier 2016, ndlr -, il devrait y avoir environ 12000 infirmières formées dans les prochaines années » explique Florence.

« Pour l’instant, nous ne sommes qu’une centaine à avoir suivi et validé le master en sciences cliniques infirmières qui mène à cette fonction ». Une fonction, qui jusqu’à présent n’était pas reconnue officiellement, et qui représente une véritable troisième voie d’évolution pour les professionnels souhaitant élargir leur cercle de compétences.

« Avant, quand vous souhaitiez évoluer tout en bénéficiant d’une reconnaissance de vos compétences approfondies ainsi que d’une revalorisation salariale, il n’y avait que deux voies possibles : devenir cadre de santé ou se spécialiser».

« L’ouverture d’une troisième voie avec la pratique avancée permettra aux infirmiers d’exercer un nouveau métier, avec une fiche de poste et un salaire qui vont avec et dans le cadre de textes réglementaires stricts. En termes de compétences, ces infirmiers diplômés pourront notamment prescrire certains traitements et certains examens complémentaires, sans que cela fasse partie d’un protocole de coopération, qui contrairement à la pratique avancée est une délégation d’actes ».

Pratique avancée infirmière : une autre approche du métier

Plus que de militer pour une fonction  légale qui se situerait entre celle de l’infirmière et celle du médecin, Florence préfère aborder le sujet sous l’angle de la prise en charge globale des patients.

« C’est une autre approche du métier. On peut exercer différemment. On n’est pas obligé d’effectuer un acte prescrit par un médecin sans se poser plus de questions que ça. On peut élaborer des plans de soins personnalisés, travailler sur des diagnostics infirmiers, ouvrir le champ sur tout l’environnement du patient, sur ses attentes. C’est ce qui est passionnant dans cette fonction »

« Voici ce que je donne toujours pour exemple, et cela rejoint la démarche des infirmières en éducation thérapeutique : On ne prend pas en charge une plaie, mais bien un patient porteur de plaie. C’est à dire qu’il faut prendre en considération le passé du patient, son entourage, ses croyances, ses peurs, en fondant sa pratique sur des données probantes. L’infirmière de pratique avancée sera là pour cela. Elle se chargera de faire le lien et de contacter les différents intervenants mais aussi de s’interroger sur les envies et les besoins réels des patients. Elle exercera aussi un leadership d’équipe » explique Florence.

Cela se fait déjà. « Certains hôpitaux ont des postes dédiés à ce positionnement et à cette expertise infirmière. Mais il fallait vraiment légiférer tout cela, pour une meilleure reconnaissance de ces fonctions complémentaires indispensables ».

Un parcours rythmé par des rencontres

Pendant 20 ans, Florence a exercé avec enthousiasme son métier. En libéral, cheminant d’appartement en appartement, elle s’intéressait aux patients et à leur bien-être. Le déclic « Pratique avancée », même si à l’époque cela ne portait pas encore ce nom, lui est venu lors d’une première formation sur la consultation infirmière, suivie un peu par hasard.

C’était en 2008. « Dans cette formation, j’ai rencontré des professionnels exceptionnels. Ça a provoqué un réel chamboulement de ma vision du métier ». C’est alors qu’elle a commencé à changer. Intégrant un réseau de santé en qualité d’infirmière coordinatrice, puis l’Institut de Soins Infirmiers Supérieurs, elle a mis a profit son expérience et a toujours continué à se former et à former ses pairs. Et ce n’est pas fini.

Malika Surbled

Article paru dans le numéro 19 d’ActuSoins Magazine. Pour recevoir ActuSoins magazine chez vous (trimestriel), c’est ICI

 

Florence Ambrosino en 7 dates :

1984 : obtient son DE,

2008 : se forme à la consultation infirmière,

2008 : intègre le réseau ILHUP,

2010 : obtient un D.U plaies et cicatrisation,

2013 : obtient un master en Sciences cliniques infirmières,

2014 : participe à des groupes de travail pour la HAS,

2015 : devient coordinatrice pédagogique pour ISIS formation.

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35 réactions

Véronique Garlis Boulaire
6 mai 2016

Ce qui devrait déjà être reconnu pour les puéricultrices

Clémence Kessar
6 mai 2016

Camille

Béatrice Tardy
6 mai 2016

En pratiques avancées on recule !!!

Sophie Michaud-Foucault
6 mai 2016

Et les hygiénistes ! Voir nous reconnaître comme une vraie spécialisation. …

Sophie Denis-Bruchon
6 mai 2016

?

Béatrice Tardy
6 mai 2016

la spècificitè des infirmièrs de rèanimation non reconnue malgrè un DU, la spècificitè d’infirmière d’accueil aux urgences ? et la reconnaissance de notre niveau à bac plus 3 toujours pas pris en compte : vous trouvez qu’on avance ? ça doit pas ètre à la mème vitesse partout alors !!!

Dom K'ryne
6 mai 2016

C est tjrs la même chose chez les Ide et c est pour ça que ça avance si lentement : incapable de se réjouir pour une autre spécificité, toujours à se regarder le nombril plutôt que de chercher à tirer profit de cette avancée?
Quant serez vous capable de vous voir comme IDE et de considérer alors les collègues de manière juste et professionnelle
C est l unité et le soutien qui permettra d avoir une force pour faire évoluer la profession dans sa généralité et dans ses spécialités!

Céline Thiebaut
6 mai 2016

@Dom Kryne:et pourquoi ne pas se battre pour le D.E. ? Et permettre aux IDE en entier d’être reconnus dans leur boulot ?

Fatima Tachelhyte
6 mai 2016

Dom K’ryne tellement d’accord avec vous !
Bravo , et félicitations à Florence por ce parcours et son combat pour la reconnaissance du travail des infirmiers de pratiques avancées !

Dom K'ryne
6 mai 2016

Céline Thiebaut rien ne vous en empêche évidemment, méme sans spécialisation le métier est beau et doit être mis en évidence.
Mais la question N est pas la !c est ce besoin jalousif de dénigrer l autre… Ca c est stupide
Soyons enthousiastes de voir notre métier évoluer

Ludovic Ditta
6 mai 2016

Justement on avance, au Canada cela fait longtemps que ce poste existe ! Et ca se passe beaucoup mieux qu’en France !

Elodie Dambrin
6 mai 2016

D’accord avec certains, il faut se réjouir de ce que certaines infirmières arrivent à obtenir et la voie que cela ouvre tant à celles d’entre nous qui suivront ce chemin qu’aux autres qui ont des revendications pour leur propre paroisse 😉

Sabrina Iris
7 mai 2016

Sophie Iris Valerie Bouillaguet

Patricia van Kaam
7 mai 2016

Bravo à toi Florence une belle avancée pour toutes les Ide de France. Un exemple à suivre!! Un véritable objectif
Bravo à vous toutes et tous d’avoir ouvert cette nouvelle voie indispensable à notre évolution des pratiques.
Merci encore d’être actif pour faire reconnaître notre profession.

Dominique Jakovenko
7 mai 2016

Félicitations amie go on 🙂

Céline Thiebaut
7 mai 2016

Mais les pratiques avancées vont de tte façons cliver oarc que 1-deja vous ne voulez pas défendre le de, et 2- réservées aux soins, cool pour les ide qui ne sont plus en soins. Alors que se battre ensemble pour faire reconnaître le DE à sa vraie valeur permettrait à tous les IDE d’être fiers

Théo Teiv
8 mai 2016

1) IDE de réa ou puer c est pas de la pratique avancée 2) pour qu un jour il existe, pourquoi pas, des inf de pratique avancée en soins critiques ou en pédiatrie ou en cancérologie il faut bien initier une troisième filière qui est différente d une spécialisation c est un peu subtil mais c est plus un nouveau métier qui naît qu une spécialisation…

Théo Teiv
8 mai 2016

c est l avenir notamment pour le premier recours ou les pathologies choniques… après peu d applications concrètes pour l instant

Théo Teiv
8 mai 2016

Ludovic : pays du nord, USA aussi…

Florence Ambrosino
9 mai 2016

Merci de vos encouragements. Effectivement peu d’applications concrètes à ce jour, mais je reste confiante avec l’effet levier de la loi de santé. Va s’ajouter un article qui va paraître pendant le salon infirmier sur la « revue hospitalière de France » (FHF) dans lequel je suis un peu plus sur le concret . Pierre après pierre, le chemin se construit et ouvre une voie pour la promotion du métier infirmier… tous les infirmier ont à y gagner, c’est une valorisation globale de l’activité. Il faut bien à un moment donné ouvrir une brèche, même si c’est casse gueule. … 🙂 (Y)

Théo Teiv
9 mai 2016

oui trop peu de concret du coup y a des réticences… ensuite pour développer l advanced practice nursing ne croies-tu pas qu il faudrait augmenter le niveau en IFSI… sinon heureusement que tu es là pour tenter d élever le niveau…

Florence Ambrosino
9 mai 2016

lol, merci mais je n’élève pas le niveau , je tente juste d’imprimer un nouveau mouvement ;-). oui l’ifsi reste un soucis, sur l’enseignement qui doit être renforcé.. et peut être aussi les conditions de travail qui devraient être moins dures pour permettre aux ide de lever la tête du guidon et réfléchir aussi a leur évolution de carrière….Quant au concret pour l’heure pas de décret donc, rien de plus.. patientons … jusqu’ a l’été??

Bastino Lamour
9 mai 2016

Euh j’ai l’impression qu’on ne prend pas en charge le patient dans sa globalité si on a pas ce diplôme ??? Je comprend pas trop la ?!

Laurent Raidi
10 mai 2016

Je crois qu’il faut d’avantage mettre en avant et faire reconnaître notre technicité. Il y a déjà tellement de domaine dans lequel l’IDE reste trop souvent le sous-bal terne du médecin. Il faut nous concentrer sur notre nomenclature et notre rôle propre. Plus on développera de filière différente en soins infirmiers et plus ce sera dilué, exceptionnelle et non visible !!!! Je ne pense pas que le fait de passer un master en science infirmière va changer quelque chose vis à vis de notre profession, de sa reconnaissance auprès des autres pro de la santé

Tim Au Thé Ostertag
10 mai 2016

Elle Sah

Mathieu Guyon
10 mai 2016

N’importe quoi

Mathieu Guyon
10 mai 2016

C’est surtout la porte ouverte aux glissements de tâches officialisé, sans revalorisation salariale

Nolwenn Yonnet
10 mai 2016

Gaëlle Riviere : un p’tit master après le DE ou bien ?

Gaëlle Riviere
10 mai 2016

Carrément ??

Nolwenn Yonnet
10 mai 2016

Un droit de prescription amélioré, un salaire qui (apparemment) augmente et en plus le master est dans le sud : que demander de plus ? 😉

Gaëlle Riviere
10 mai 2016

Le top quoi! On va être bien à étudier au soleil ?

Marie Miceli
10 mai 2016

Ca serait super si tu pouvais faire
Ça, vas y je te soutiens moralement
Bisous

Maud Herrault
12 mai 2016

Margaux Glbd le fameux master!!! On reprend les études?

Margaux Glbd
12 mai 2016

Enfin !!!!

Boubouille PJ
23 mai 2016

Je n’ai rien compris de ce nouveau rôle .. Nouveau d’ailleurs ? Prendre en charge un patient ds sa globalité , on le fait déjà en libéral c’est certain , après en hospitalier :ce n’est pas l’équipe soignante qu’il faut former à ça , mais les med !! Donner moi un exemple concret de votre nouveau métier : vous travaillez oú? Un service ? En libérale ? Êtes vous un peu comme les Stomaterapeute qui ont un bureau mais se déplace ds les services ? Quel est votre rôle concrètement ? Et le salaire ? Les jours de travail ? Week end ? Merci de m’éclaircir sur cette nouvelle fonction car l’article ne m’apprend rien .. Désolée ..

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