Patients en psychiatrie : un jardin pour s’ouvrir aux autres

Cyrienne CLERC
20 juin 2016 @ 14 h 21 min

A en juger les herbes folles qui poussent entre les allées, le parc, le jardin de la Béchade, à Bordeaux, est bien récent. En réalité, il a été inauguré il y a un an. Dès l’idée de sa création, la ville veut dédier un espace à des jardins partagés, répartis entre cinquante habitants du quartier qui se porteraient volontaires.

 

©Ariane Puccini Dolorès Jimenez, l'infirmière et Gérald Carmona, président de l'association de quartier à l'origine du jardin partagé.

©Ariane Puccini
Dolorès Jimenez, l’infirmière et Gérald Carmona, président de l’association de quartier à l’origine du jardin partagé.

« Nous avons tout de suite voulu qu’un espace soit réservé à l’hôpital », se souvient Gérald Carmona, président de l’association de quartier, Générations Tauzin, chargé de répartir les parcelles entre les volontaires. « L’hôpital participe aussi à la vie de notre quartier », assure-t-il. Car à quelques encablures de là se trouve l’hôpital Pellegrin.

Pour Dolores Jimenez, infirmière au service psychiatrique de l’hôpital, la localisation du jardin en dehors de l’enceinte hospitalière est un plus. « Cela permet aux patients qui sont en institution depuis longtemps, de se re-sociabiliser, explique-t-elle. Ceux qui sont hospitalisés pour des périodes plus courtes peuvent se projeter dans leur sortie prochaine de l’hôpital, et atténuer leurs angoisses. » Parmi les patients-jardiniers certains sont ainsi institutionnalisés depuis plus de 20 ans.

Chaque semaine, le jeudi matin, elle emmène ainsi sept à huit malades souffrant de troubles psychiques (psychotiques, schizophrènes, névrotiques, ou dépressifs) dans Les jardins de Bacchus, les jardins partagés du jardin de la Béchade. L’activité est inscrite à l’agenda des activités proposées aux malades. « Je n’invite personne, c’est aux patients de s’inscrire dans mon atelier de jardinage », poursuit-elle.

A chaque fois, le même rituel s’impose : un petit tour du propriétaire mais aussi des autres parcelles des usagers. Sur les 12m2 octroyés à l’hôpital, les patients choisissent comment ils organisent la parcelle, et ce qu’ils souhaitent y faire pousser, bien souvent des fruits ou des légumes ou plantes comestibles : mélisse, fraises, tomates, ou aubergines.

Des échanges avec les autres jardiniers du quartier

« Le jardin et la récolte sont gratifiants pour les patients », admet Dolorès Jimenez qui rappelle que certains malades, avant leur hospitalisation, jardinaient chez eux. L’été dernier, la production a été pléthorique. « Malheureusement, nous n’avons pas pu emporter la récolte à l’hôpital pour des raisons d’hygiène », raconte Dolorès Jimenez.

Qu’à cela ne tienne, la récolte ne sera pas perdue. Elle sera distribuée auprès des autres jardiniers, habitants du quartier. Une manière plutôt sympathique de lier avec les autres usagers du parc. Le premier vendredi de septembre, un pique-nique est organisé avec les habitants du quartier et la cinquantaine habitués des jardins partagés. « Les jardiniers de la parcelle de l’hôpital sont devenues de vraies stars, se souvient Gérald Carmona. Nous sommes rendus compte à ce pique-nique que tout le monde les connaissaient. »

Le partage des récoltes n’ont pas été les seules raisons de cette petite célébrité. Les malades se sont aussi fait connaître par les petits panneaux en forme de maisonnettes qu’ils ont fabriquées et plantées sur leur parcelle. Bientôt les autres jardiniers leur réclamaient les mêmes panneaux.

Aussi, l’échange auquel prennent par les patients de l’hôpital Pellegrin est courant entre tous les usagers : les uns arrosent les plantes des autres lors des week-ends un peu trop chauds, celui-ci propose des graines de telles courgettes à son voisin. Les générations aussi s’y côtoient. Les enfants de l’école du quartier viennent ainsi vendanger les quelques pieds plantés dans la parc, non loin des jardins partagés. « Les gens ont adhéré au lieu, observe Gérald Carmona. Nous avons fait de ce jardin, un lieu, un lien. »

 Ariane Puccini
Publié dans ActuSoins n°17 (Quand les jardins guérissent)

 A relire : « Quand les jardins guérissent : témoignages d’infirmières »

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16 réactions

Jo Ana
20 juin 2016

Julien Riviere

Réjane Hermitte
20 juin 2016

c’est pas nouveau dans tous les hopitaux psy il y à toujours eu un jardin et des poulaillers!

Ariane Luce
20 juin 2016

Ils ont des pioches en caoutchouc ?

Réjane Hermitte
20 juin 2016

pas du tout moi j’ai géré un atelier thérapeutique de reliure avec des outils sans problème

Johanna Hervé
20 juin 2016

Liliane Londais encore un article qui peut t’intéresser… bisous bisous ^^

Ariane Luce
20 juin 2016

C’était une blague 😉

Ludivine Collet
20 juin 2016

Elodie Collet pour Kévin !

Kévin Darie
20 juin 2016

Karine Queret 😉

Dina Mythe
20 juin 2016

Un de plus a vu le jour a montperrin

Gwendoline Moudjeb
20 juin 2016

Aurore Choquet

Camille Hizette
21 juin 2016

Camille Trms

Karine Queret
21 juin 2016

il faudrait faire le contraire pour nous : que les habitants du quartier viennent aider les résidents pour le jardin thérapeutique !

Sophie Lobner
21 juin 2016

Soigner aurait été plus approprié que guérir !

Ginette Abbest
21 juin 2016

Je suis infirmière en médico social et avec ma collègue psychométricienne nous avons écrit et mis en place un projet : jardin de soins, destiné à certains enfants ne pouvant être scolarisés à temps plein pour gros troubles du comportement.
2h chaque mardi matin.
Ce n’est pas simple tout le temps mais les enfants nous ont scotchées par leur adhésion
Et ces derniers mardis ils étaient contents de repartir avec salades haricots verts etc

Ginette Abbest
21 juin 2016
Ginette Abbest
21 juin 2016

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