Infirmiers libéraux : Ils soignent la nuit

Laure Martin
12 août 2016 @ 14 h 00 min

De 20h à 2h, 4h voire 6h du matin, lorsque la majorité des gens dorment à poings fermés, des infirmiers libéraux ont fait le choix de sillonner les routes de leur territoire pour dispenser des soins. Qu’est-ce que cela implique d’un point de vue organisationnel ? Trois infirmiers libéraux témoignent.

Infirmiers libéraux : Ils soignent la nuit

© DR

C’est dans les rues de Paris, Boulogne-Billancourt et Neuilly-sur-Seine que Daniel Dufray a fait le choix d’exercer la nuit, de 21h à 2h du matin. Un travail qu’il a instauré en parallèle de son cabinet libéral de jour situé dans le Val-de-Marne, avant tout pour des raisons économiques.

« En 1991, avec ma femme nous avons acheté notre pavillon en Seine-et-Marne, raconte-t-il. Mais en 1992, un quota annuel d’actes infirmiers a été institué, me contraignant à réduire mon activité. Cela a impacté mes recettes alors que mes frais fixes étaient toujours les mêmes ! » Il décide donc d’embaucher un infirmier dans son cabinet de jour pour ainsi débuter une activité de nuit puisque la nuit, les actes sont mieux payés (cf encadré).

Laurence Moulin, infirmière libérale à Echirolles (Isère) a quant à elle découvert le travail de nuit en 1997, à l’hôpital. « Je ne supportais plus de tourner dans les horaires le jour, se rappelle-t-elle. Je suis une couche tard et une lève tard, et j’ai trouvé cela moins fatigant de travailler la nuit. » Un mode d’exercice bien pratique avec l’arrivée de sa fille en 1998 car « je pouvais profiter d’elle le jour, au détriment du sommeil bien entendu » !

A la naissance de son second enfant en 2002, Laurence a l’opportunité de reprendre une patientèle de nuit en libéral. « J’ai sauté sur l’occasion car à l’hôpital, je ne parvenais plus à soigner les patients comme je le voulais, trop accaparée par l’administratif », se souvient-elle. Après six ans d’exercice dans ce cabinet, elle monte le sien en janvier 2009, à Echirolles pour intervenir sur Grenoble et sa banlieue.

Six mois après son lancement, elle décide de faire appel à une autre infirmière, Julie Berthollet, qui détenait son propre cabinet libéral à Grenoble depuis 2008. « Comme je suis plus efficace et résistante la nuit, lorsque Laurence a eu besoin de quelqu’un à temps plein, j’ai décidé de la rejoindre », raconte Julie.

Une relation différente aux patients

Les deux collègues s’occupent d’une quinzaine de patients : quelques personnes âgées et majoritairement des personnes handicapées atteintes de myopathies, de tétraplégies ou encore de lésions cérébrales. « Nous avons beaucoup de nursing, de nutrition entérale, et de ventilation non invasive », rapporte Laurence. Avec Julie, elles réalisent à tour de rôle, en moyenne 18 passages à domicile entre 20h et 5h.

« Le monde du handicap est particulier, les patients ne se plaignent jamais, je n’ai pas l’impression de travailler », ajoute Laurence en précisant apprécier l’ambiance du travail la nuit, la dispensation des soins dans le calme. Et de reconnaître : « Je ne suis plus dans une relation soignant-soigné avec eux. Certains de mes patients sont devenus mes amis, nous nous invitons pour des repas et nos anniversaires. »

« Je fais encore quelques soins techniques, mais nous partageons autre chose avec les patients. J’ai privilégié le relationnel à la technique. », ajoute Julie qui était lassée des soins techniques de jour et des plaintes des patients.

« La nuit, nous sommes considérés différemment par les patients, poursuit Daniel. J’ai souvent plus de considération lorsque j’arrive chez eux. » L’infirmier prend essentiellement en charge des déclenchements d’ovulations, mais il réalise aussi des sondages urinaires, des perfusions ou encore des injections intraveineuses.

« Les actes que j’accomplis sont généralement ponctuels. Je n’ai pas de patient régulier. Je suis davantage dans une démarche de dépannage de nuit. Je ne pique pas le travail des infirmiers de jour, ce qui évite les rapports conflictuels entre collègues. »

Jongler entre cabinet et vie de famille

D’un point de vue organisationnel, Daniel a mis au point un roulement avec les trois autres infirmiers de son cabinet de jour. Chacun travaille une semaine le matin, une semaine l’après-midi, une semaine au cabinet et dispose d’une semaine de repos.

En revanche, Daniel poursuit tous les soirs son travail de nuit. « La semaine la plus difficile est celle où je suis du matin au cabinet de jour, explique-t-il. Car je rentre de Paris vers 3h et je me relève vers 6h. » Il a cherché un autre infirmier avec lequel travailler la nuit, mais « quand on est en libéral, il faut accepter l’aléatoire, explique-t-il. Certaines nuits je vais avoir huit patients, et d’autres fois, seulement deux. De nombreux infirmiers ne l’acceptent pas. »

« Travailler la nuit, c’est loin d’être idyllique », reconnaît Laurence Moulin. Au premier rang des contraintes : concilier travail et vie de famille. Comme elle accorde une très grande importance aux repas en famille, « les soirs où je travaille, je fais manger tout le monde à 18h30, et avec des adolescents, c’est parfois un peu compliqué, constate-t-elle. Mais avec mon mari, on leur a appris que le confort de vie dépend du travail, le travail passe donc avant tout. »

Et puis, quand elle ne travaille pas, elle a « envie de cocooner, c’est le hic pour eux. C’est un peu égoïste de ma part, mais je change progressivement les choses. »

Quant à Julie, elle reste lucide sur sa situation. « Je n’ai que 32 ans mais dans 10 ans, je me demande quelle tête que je vais avoir ! Le corps n’est pas fait pour travailler la nuit. Je le sens parfois. Et je me demande si sur le long terme je vais tenir. »

Avec un conjoint pompier à qui il arrive également de travailler la nuit, « pour le moment, notre organisation fonctionne bien, constate-t-elle. Et puis je me fais remplacer un weekend par mois pour profiter de ma famille. » Et de conclure : « Peut être qu’un jour je penserais à une reconversion, mais pour le moment, je ne me pose pas la question plus que cela. »

Laure Martin

Article publié dans le magazine ActuSoins n° 18. Pour vous abonner, c’est ICI

 

Quelle cotation ?

Les actes réalisés la nuit donnent lieu à la facturation d’une majoration en plus de la valeur propre de l’acte. Cette majoration peut se cumuler avec l’indemnité forfaitaire de déplacement (IFD) et des indemnités kilométriques (IK). Les majorations de nuit vont de 20h à 23h et de 5h à 8h, et sont fixées à 9,15 euros. Pour la tranche 23h-5h, la majoration est doublée à 18,30 euros. Pour en bénéficier, la prescription du médecin doit indiquer la nécessité impérieuse d’une exécution de nuit.

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51 réactions

Magali Briant- Chauvel Lefort
12 août 2016

Mon associé et moi avons mis en place en octobre 2015 des gardes la nuit de 20h à 6h. Nous travaillons avec nos collaborateurs , ce qui fait environ 4 gardes par mois. Cela fonctionnait surtout pour les atb en iv (4×jr) et qqes soins de nursing. Mais nos confrères brestois ont estimé que nous leur prenions leur travail ( alors qu’aucun avait accepté ces soins car nous n’étions pas les 1ers à qui on proposait ces prises en charge), avec l’aide de notre cher conseil de l’ordre, ils ont réussi à force de pressions professionnelles ( cpam nous a menacé de nous deconventionner!) à nous faire fermer cette alternative pour les patients brestois. Nous assurions simplement la continuité des soins pour nos patients !!!! Nous nous sommes battus avec nos avocats…. nous avons perdu une bataille mais pas la guerre !

Cécile Venet
12 août 2016

Lis moi ça Ninie Pom!!
Je pense tjr à toi quand j’entends parler de libéral !!

Coraliie Deffein
12 août 2016

dégouté et du coup maintenant s’en est ou.vous avez définitivement arrêter les nuit ou vous vous batte toujours pour continuer a le faire.

Magali Briant- Chauvel Lefort
12 août 2016

On continue à se battre et on assure la continuité des soins pour nos patients.

Coraliie Deffein
12 août 2016

Magali Briant- Chauvel Lefort a bravo vous mérité sincèrement de gagner.

Rol Ka
12 août 2016

Elodie Nowak Blanc

Elodie Nowak Blanc
12 août 2016

Jamais plus

Rol Ka
12 août 2016

la nuit oú le libéral ?

Malika Zerbini
12 août 2016

Bravo pour votre courage DE BOSSÉR Meme LA nuit ????. Mais nous les IDEL ON séra toujours mis à L écart ! Et LA
Cpam s en foutent royalement de nous mais continuez à vous battre on vous soutien ??

Dominique Parchemin
12 août 2016

Comment vous faites pour coter des nursing la nuit ? La cpam accepte ?

Magali Briant- Chauvel Lefort
12 août 2016

Dominique parchemin. Ils acceptent tant qu’on respecte les 4 ais par jour et avec la pm avec l’horaire précis de noté

Dominique Parchemin
12 août 2016

Ok☺

Nadia Infirmière Libérée
12 août 2016

Pour la SS il est plus facile de s’attaquer aux IdeL qu’aux médecins !!!

Nathalie Dhondt
12 août 2016

Qu’.elle reconnaissance et quel courage !! Bravo à vs toutes et tous de prendre ce relais important pour certains de nos patients !!!

Nathalie Dhondt
12 août 2016

Moi je suis seule et vs le savais comme moi le H24 ç.est impossible …même si tu ne compte plus les heures ..

Elodie Frdn
13 août 2016

Marion Arnold

Fiona Schmitt
13 août 2016

Loïc Wachtel

Nathalie Dhondt
13 août 2016

Eh oui tu as tt compris !!

Anthony A-r
14 août 2016

Les HAD assurent des astreintes la nuit ! Si y a un besoin, ils peuvent prendre le relai.

Marine Ash
14 août 2016

Marshmelloww Casano

Frederic Level
14 août 2016

Luc Amat, ^^

Nacéra Lemrabet
15 août 2016

Christelle Boudot

Nolwenn Fernandez
15 août 2016

J’aimerais beaucoup pouvoir trouver un cabinet IDEL qui travaille la nuit … malheureusement, pas mis en place vers chez moi

Carole Di Benedetto
15 août 2016

Yy à t il des soins de nuits aux environs de l ain

Laurent Locher
15 août 2016

Quels soins la nuit ???????????

Marianne Morel
15 août 2016

Atb iv nutrition parentérale pseudo morphine etc
Tu as le choix

Laurent Locher
15 août 2016

Pas viable. Aucune demande autour de Rennes. Si c’est pour saborder le système de protection merci. Business !

Philippe Nagra
16 août 2016

Étonnant ça. Pouvez vous partager le courrier reçu de l’Ordre ou de la CPAM pour savoir ce qu’ils vous reprochaient ? De la pub, j’imagine non ?

Magali Briant- Chauvel Lefort
16 août 2016

Oui pour la pub ( plaque du cab trop grde) mais pas que …. ils ont pris parti pour les collègues qui se sont plaints de notre amplitude de travail…..

Philippe Nagra
16 août 2016

Magali Briant- Chauvel Lefort à priori, autant sur la plaque il y a des règles, autant sur les horaires de travail je ne vois pas quels arguments peuvent être mis en avant…puisque le code du travail ne s’applique pas en libéral…

Magali Briant- Chauvel Lefort
16 août 2016

Nous le savons bien c’est pour ça que nous avons mis aux normes nos vitrines, mais en ce qui concerne nos amplitudes nous n’avons pas changé car certains de nos patients ont besoin de soins la nuit, en général c’est sur des petites périodes mais ils savent que nous sommes joignables même la nuit

bochud1
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Master Thief
18 août 2016

il y a un cabinet dans le Finistère qui bossait la nuit, mais ce qui lui a été reproché c’est surtout de la pub et du démarchage actif des acteurs de santé en se comparant favorablement aux autres IDEL, ce qui est bien évidemment interdit…

J’ignore si c’est ce même cabinet, mais dans tous les cas il faut entendre deux sons de cloches…..dans le cas dont je parle, plus de 15 IDEL s’étaient plants de la concurrence déloyale exercée, on est donc loin du règlement de comptes juste par aigreur.

Master Thief
18 août 2016

Oui.

Et la marmotte emballe le chocolat dans le papier alu.

An So
29 septembre 2016

Hélène Loison-Blache

An So
29 septembre 2016

???

Hélène Loison-Blache
29 septembre 2016

merci <3

Hélène Loison-Blache
29 septembre 2016

je viens d’ouvrir mon cabinet de nuit sur Chambéry. J’en suis ravie. Début un peu long parce qu’ici personne ne connaissait. Mais cela en vaut la peine

Hélène Loison-Blache
29 septembre 2016

tu habites où ? il est vrai que se n’est pas facile de trouver un cabinet de nuit

Nolwenn Fernandez
29 septembre 2016

Dans la Loire, vers Saint Étienne !
Pratique peu courante par ici alors qu’à Grenoble par exemple, c’est très facile de trouver

Emeline Mudric
30 septembre 2016

Jean Bracco

Edouard Gioanetti
30 septembre 2016

Le h 24 en tout cas en mode dispo au tel est obligatoire

Kevin Malacarne
30 septembre 2016

L’ordre encore…courage pour vos démarches. Vous avez mon soutien.

Edouard Gioanetti
30 septembre 2016

On est obligé aussi en tant qu’ idel de faire des astreintes

Nathalie Dhondt
30 septembre 2016

Bien évidemment !! Que tu reste dispo h 24 au tel …

Ingrid Verdiere
30 septembre 2016

Je cherche des remplacements sur la ville de dunkerque motivée plus que jamais par notre métier

Laurianne Rousselin
30 septembre 2016

Pascale Baron, pour les insomnies ?

Pascale Baron
30 septembre 2016

Ah ben maintenant qu on est trois , on fait les 3 / 8

Laurianne Rousselin
30 septembre 2016

OK Natacha Simanski Dumont?

Natacha Simanski Dumont
30 septembre 2016

Laurianne Rousselin et Pascale Baron je vous aime mais c’est sans moi la nuit, je dors !!!!

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