Le 8 novembre, fait rare, 17 organisations infirmières ont décidé de manifester ensemble à Paris et en France. Le ras-le-bol d’une profession protéiforme est plus que jamais palpable, dans le privé comme dans le public, et chez tous les infirmiers, spécialisés ou non.
Si les références à la grande manifestation infirmière de 1988 reviennent souvent dans la bouche des manifestants en ce froid matin du 8 novembre, c’est que cette journée cherche à s’inscrire dans le sillon creusé voilà presque 30 ans.
« En 1988, on défilait pour un tryptique « Formation, salaire, conditions de travail ». Ce tryptique est toujours d’actualité aujourd’hui », lâche avec dépit Nathalie Depoire, de la CNI (Coordination Nationale Infirmière).
Même si on était loin des 100 000 manifestants de 1988- ils étaient quelques milliers-, l’esprit de révolte soufflait bel et bien sur la profession infirmière. L’ambiance, bon enfant, était pourtant survoltée, et la bande-son du cortège formée par les 17 associations infirmières se partageait entre sifflets de colère et musique entraînante.
« Pour une infirmière dans la rue, il y en a 10 dans les services », assure Marine, 25 ans, infirmière en psychiatrie à bout de souffle, qui souffre du manque de personnel dans son établissement.
Avant le départ, juste en face de la Gare Montparnasse, des centaines de protestataires s’étaient réunis avant 10h, portant déjà leurs panneaux et banderoles. « Stop au massacre des infirmières libérales », « 24/24 à vos côtés, il est temps d’être des nôtres », ou encore « AP-HP en coma dépassé », pouvait-on lire.
Thierry Amouroux, du SNPI CGE-CGC, alors en avant-poste, rappelle l’origine de l’événement. « Les centrales avaient proposé un rassemblement devant le Ministère de la Santé. Mais nous (organisations infirmières, ndla) n’étions pas intéressés. Nous voulions clairement un mouvement identifié « infirmier ». On ne veut pas être considéré comme un personnel de l’hôpital, comme un auxiliaire de santé en ville, mais comme un personnel infirmier à part entière », rappelle-t-il.
Des moyens pour travailler et prendre soin des patients
Au coeur de cette profession multifacette, un socle de puissantes revendications communes prend le dessus sur les luttes internes propres aux spécialités: réductions budgétaires délétères, revalorisation salariale, reconnaissance de la pénibilité par un départ anticipé à la retraite, détermination de ratios infirmiers au lit du patient par sécurité… Sans oublier la vague récente de suicides sans précédent, et des dépressions en série dans le milieu.
« On sait avec certitude que demain sera pire qu’aujourd’hui », reconnaît Thierry Amouroux, évoquant les 100 000 lits supprimés en 10 ans, et les 16 000 voués à disparaître… Sans oublier les 22 000 postes menacés pour permettre de réaliser les 3 milliards d’économie prévus dans le budget des hôpitaux. « Notre revendication première, ce ne sont pas nos salaires, mais bien d’avoir les moyens pour travailler! Ils (la direction, ndla) veulent des techniciens spécialisés dans une usine à soins, mais nous, ce qui nous motive, c’est de prendre soin des patients. »
Les moyens pour travailler… C’est bien la préoccupation de Catherine, Ibode depuis 20 ans, actuellement en pédiatrie au sein d’un établissement public. En plus de revendiquer le niveau master pour les infirmiers de bloc opératoire, et l’application du décrêt concernant les actes exclusifs, cette Strasbourgeoise défile pour la première fois, preuve de son inquiétude pour l’avenir de la profession infirmière.
« On a du annuler tout un programme opératoire pour être là aujourd’hui », raconte-t-elle, visage couvert d’un masque de bloc. Sa crainte? Que les parents la détestent pour cela. Mais à ses yeux, il fallait absolument en être. « Dans mon métier, ce qui a changé, c’est la rentabilité à tout prix. Mais on ne peut pas être « rentable » sur un patient! », s’offusque celle qui dénonce aussi les heures de nuit à 1,07 euros et les dimanches à 35 euros.
Questions revendications salariales, Maryse Alcindor (SNIIL) dénonce des déplacements pour moins de 10 euros, et souhaite que les infirmières libérales obtiennent des missions mieux définies dans la prise en charge des maladies chroniques, alors qu’elles sont au coeur de ce dispositif.
Réingéniérie des diplômes et reconnaissance des compétences
Du côté de puéricultrices, Elsa, 31 ans, a vu ses conditions d’exercice se dégrader profondément depuis 8 ans. Aujourd’hui, elle défilait pour une « réingénierie de notre diplôme, l’obligation d’embaucher une infirmière puéricultrice quand on travaille avec des enfants. »
Florent Brault, de l’ANPDE et SNIPUERLIB, plaide pour une reconnaissance des compétences cliniques et managériales des « puer » et la possibilité d’exercer en libéral ou de facturer des actes professionnels (suivi allaitement, sortie de maternité précoce, accompagnement parentalité) codifiés dans la nouvelle nomenclature.
Les inquiétudes sur l’avenir étaient partagées par tous les infirmiers, y compris les étudiants, comme Jérémie, 21 ans, en seconde année, et qui regrette de constater que les infirmières qui encadrent son stage, n’ont tout simplement pas le temps…
Après le rendez-vous obtenu par cette union des organisations infirmières au ministère de la Santé, dans l’après-midi, Brigitte Ludwig (Unaibode), regrettait l’absence de mesures concrètes et n’excluait pas d’autres manifestations unitaires… « S’il ne se passe rien d’ici janvier, il ne se passera rien du tout », a-t-elle déclaré, allusion aux présidentielles à venir et qui pourraient mettre en suspens toute volonté de réforme rapide.
Delphine Bauer
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60 réactions
Et bcp de grévistes assignés auraient aimé se joindre au cortège. ..
Bravo à vous toutes et tous
Regardez les infos sur fr3, on passe après on va voir ce qu’ils disent
A Montpellier aussi on était nombreux 😉
A Nice c est la police..il y avait pas bcp ..
Allez, faut rien lâcher !!!
Super, mais avec les élections américaines, le JT en a dit vraiment un minimum
Dans les cortèges syndicaux, il n’y avait pas que des ide, il y avait tous les autres personnels qui souffrent. Attention le corporatiste n’est jamais bon!
Ajaccio à suivit le mouvement aussi
Et je dirais que je suis avec eux car meme auxiliaire de vie sociale que jexerce metier dur et conditions de travail difficile car seul avec la patiente
Il faut reconduire le combat toutes les semaines si il faut !!
Lucie Benard Mélanie Podeur Gwendoline Crenn ils disent qu’on était 7000
Ah on approche des 10000 😉 MDR
Ah on approche des 10000 😉 mdr
Pfff c’est clair! Pendant qu’on parle du reste on ne s’occupe pas des vrais problèmes que nous rencontrons!!!!!
Ba si tu comptes avec ceux dans le sud ou ils étaient 5000 on les dépasse largement
Bravo à tous!!
Fanny Bisbau
Oui y’en a marre de coller des rustines sur un bateau qui coule merci de nous donner des canots de sauvetages en bon état et des rames pour avancer … au delà du cri c’est notre colère qui monte et gronde et je rappelle que notre profession est une vocation pour la plupart celle d’être au service d’autrui et que défendre ses idées est le plus motivant des moteurs
J’y suis allé à paris me geler les miches! Ben très déçu du peu de personnes!!! j’ai enchaîné sur ma journée de boulot en SOUs EFFECTIF again… je sais pas mais pr moi y’a pas bcp de gens motivés à se battre et ça me fait peur…
Je n ai toujours pas compris pourquoi il y avait deux défilés ? ….
Merci d’y être aller pour moi, infirmière malade qui a manifesté en 1988. ça ne fait que commencer. Et c’est compliqué entre les réquisitions, les mères de familles. Et même s’il y avait moins de monde qu’1988, les médias ont comparé cette manifestation à celle de 1988. Courage. Ma fille est à pu y aller.
Merci ça met un peu de baume au coeur! 😉
Appeler la coordination nationale des ide et proposer une date avec un seul lieu de manifestations: Paris. Organiser des collectes Les assignées participent au frais de celle qui se déplacent. J’ai donné 40 euros à une élève qui a pu faire le déplacement. Elle a pris un bus Macron Lyon paris 13 euros l’aller et 13 le retour. Un peu long mais une manifestation pour 30 euros.
C’est pour cela qu’il faut faire grève qu’à Paris comme en 1988.
Faut pas lâcher. Je suis venue du Gers jusqu’à Paris aujourd’hui pour nous défendre nous les liberales ….
Clément t’es en 1ere ligne!
On aperçoit ton pompon ^^
On aperçoit ton pompon
Et tout ce qu’on paie comme charges faut pas abuser et surtout quand on voit que certains foutent rien
Je pensais venir jusqu’au dernier moment, sauf que j’ai eu un problème familial. J’aurai bien aimé y être. Par contre, si des rassemblements en province avaient été organisés, je suis sûre qu’il y aurait plus de monde
Coucou Léa Even sur la photo
Coucou je suis une grande manifestante !
Ily en a eu en province ! 1500 personnes a lyon
Un seul lieu? C’est denigre ceux qui souffrent dans leur structure. On est tous au bord de la crise au régime sec avec nos paye et il faudrait venir à Paris? Arrêtons de croire que tout ce fait à Paris…
Quand on veut quelque chose on s’en donne les moyens
Hehe qui avait raison ? 😛
Première réponse de la ministre :
http://www.lepoint.fr/sante/le-gouvernement-s-engage-a-elargir-le-droit-des-infirmiers-a-vacciner-08-11-2016-2081774_40.php?utm_medium=Social&utm_campaign=Echobox&utm_source=Twitter&utm_term=Autofeed&link_time=1478635838#xtor=CS1-32-%5BEchobox%5D
Le gouvernement s’engage à élargir le droit des infirmiers à vacciner
Mouais lol
Parce que dans les revendications de l’intersyndicale figurait (à bon escient) l’abrogation des ordres professionnels ce qui allait à l’encontre de l’idéologie du collectif majoritairement pro-ordre et soutenu par ce dernier.
Se battre jusqu’au bout ne rien lâcher sa suffit nous sommes pas des pions grève nationale être payé plus sa suffit de se faire agresser par les gens nous sommes pas des souffre douleur
Peu de personnes à Caen mais quand même environ 700 ! Donc oui il y en a eu en province
Pensez aux personnes du Sud de la France par exemple. Tout le monde n’a pas les moyens et ma possibilité de faire garder les enfants, de se déplacer etc etc… Unicité OUI mais pas n’importe comment
Aurélie Dromery
J’habite l’Hérault. Donc quand je vais faire grève je pars le latin je manifeste et je rentre à 23 h
Même ressenti à nantes
Clinique st Jean du Languedoc a Toulouse en grève aujourd’hui
Souvenir en fin de manifestations devant le ministère à Paris : Les IDEL ont brûlés un cercueil en carton, la FNESI les a rejoins, appelant les étudiants à ajouter leurs panneaux de manifestations au feu.
La communication n’as pas été au top…! et qui a choisis cette date?! Au niveau des médias ça a été catastrophique… C’est évident que les élections américaine passerons devant nous.
Je suis d’accord avec toi, on était pas beaucoup à Paris, j’étais aussi tres déçus …
Même ressenti à Lyon 🙁
Assignees mais j aurai vo i lu être là!
Qq un sait s’il y a une reconduction du mouvement? Et quelle date?
Effectivement nous avons souhaité brûler notre cercueil UNIDEL, c’était pour nous symbolique
Il y a la manifestations du 24 novembre initiée par l’ufml mais pour tous les professionnels de santé et ensuite début d’année 2017
Alexandra Cantarel merci!
Joie et bonheur Capio…
Marine Desmet
Entre 2000 et 5000 à toulouse!
Justine Bonté 700! J aurais pensé moins. J y étais mais c était très calme ?