Les infirmiers libéraux face à la dérèglementation

Laure Martin
13 juin 2017 @ 16 h 57 min

Accès partiel à la profession, plateformes de coordination et ubérisation du monde de la santé : les professionnels de santé en général et les infirmiers libéraux en particulier, sont confrontés à une transformation du système de santé qui pourrait avoir des conséquences sur l’exercice de leur métier.

Les infirmiers libéraux face à la dérèglementation

Une ordonnance publiée au Journal officiel le 20 janvier 2017, donne la possibilité aux professionnels de santé partiellement qualifiés, issus d’un autre Etat membre de l’Union européenne d’exercer leur titre en France. Il s’agit de la transposition, dans le droit français, d’une directive européenne reconnaissant les qualifications professionnelles. En octobre 2016, l’Ordre national des infirmiers dénonçait par voie de communiqué cet accès partiel à la profession d’infirmier. De même que l’Assemblée nationale, le Sénat ainsi que le Haut conseil des professions paramédicales avaient formulé un avis négatif sur cette transposition. Le ministère est passé outre.

Nivellement vers le bas

Avec cette ordonnance, « une infirmière qui exerce son métier dans son pays avec les exigences et les compétences propres à son pays, va pouvoir exercer en France, même si elle n’est pas titulaire d’une formation équivalente et qu’elle ne dispose pas de l’ensemble des compétences exigées aux infirmières libérales françaises pour pratiquer leur métier », a expliqué Abdel Iazza, infirmier libéral à Paris, lors du congrès Preuves et pratiques infirmiers du 9 juin.

Et d’ajouter : « Lors de l’arrivée du professionnel en France, il appartiendra à l’Oni de lui délivrer un Diplôme d’Etat partiel, en lien avec la compétence qu’il sait exercer dans son pays, par exemple, uniquement les pansements ou uniquement les perfusions. »

Mais sur le terrain, qui va contrôler que cette infirmière limite son exercice à son champ de compétence ? Pour les patients, l’offre de soins risque de devenir « opaque et incompréhensible » car ils n’auront aucun moyen de distinguer les professionnels et de connaître leurs compétences.

« Le patient ne verra qu’une blouse blanche, dénonce Abdel Iazza. Le risque est d’aboutir à une forme d’exercice illégal car pour exercer en France, les professionnels étrangers ne devront pas répondre aux mêmes exigences que les infirmières libérales françaises. Sans parler du fait que la transposition de cette directive entraîne un nivellement vers le bas des soins infirmiers, et nous conduit vers des soins « low cost » effectués par des professionnels sous qualifiés et sous formés. »

Ubérisation des soins

Le risque est d’autant plus grand avec l’ubérisation de la santé et la possibilité pour les plateformes de mise en relation de « récupérer » ces professionnels pour en faire la promotion sur leur site moyennant paiement.

Les médecins ont été les premiers à être « touchés » par cette ubérisation de la santé, avec la plateforme de prise de rendez-vous en ligne Doctolib qui implique pour eux d’y être référencés s’ils veulent apparaître en tête de liste des résultats de recherches sur Internet. Mais les infirmiers ne sont pas en reste.

« De nombreuses plateformes de mise en relation des infirmiers libéraux avec les patients ont fait leur apparition », s’inquiète Abdel Iazza. Et de poursuivre : « Quels sont les risques pour notre profession ? La captation de patientèle… Les patients ne peuvent plus accéder directement à nous. C’est une distorsion de concurrence car si nous ne sommes pas référencés sur les plateformes, les patients ne feront pas appel à nous et nous n’aurons plus de soins à dispenser. Nous n’avons donc pas d’autre choix que d’y être abonné et de payer. C’est une forme de création de filières captives. »

D’autant que ce système semble être sans limite. « On se retrouve dans l’obligation de prendre un abonnement auprès de chacune des applications existantes qui ne vont pas hésiter à contractualiser avec les établissements, comme on l’a vu avec l’AP-HP. » Autre risque : la notation des professionnels de santé, donc leur classement par popularité. Et Abdel Iazza de mettre en garde : « Nous devons nous réveiller, nous saisir de ce problème et mener une réflexion sur les plateformes qui devraient être mises en place par nos représentants URPS ou par des associations dont le fonctionnement doit être transparent. » Agir pour ne pas subir et respecter le libre choix du patient.

Laure Martin

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25 réactions

Carole Pisano Cayez
14 juin 2017

Valérie

Marjolaine Gilli
14 juin 2017

Julie Riou

Corinne Lehmann
14 juin 2017

Il faudra s’adapter et exercer nos talents ailleurs et autrement…

Marianne Durand
14 juin 2017

Baudichet Chantal ca m’énerve

Na Nou
14 juin 2017

Jess Mathurin…

Jess Mathurin
14 juin 2017

Oui mais ce qui me « contrarie » le plus c’est que nous avons été plusieurs fois en grève et que les patients ne comprennent pas pourquoi alors qu’il y a un vrai enjeu de santé public et qu’accepter des soins aux rabais c’est jouer avec leur santé! On de bat aussi pour eux !

Vin Cent
14 juin 2017

qu’est ce qui es le plus hallucinant, devoir « adhérer » à l’ordre pour travailler, ou cotiser (encore) à une plateforme……

Delphine Combe
14 juin 2017

Severine Perali

Mathieu Guyon
14 juin 2017

C’est aussi débile l’un que l’autre

Jordan Dskrew
14 juin 2017

Niko Répare

Sandrine EnyaElly
14 juin 2017

Marine Macedo

Marine Macedo
14 juin 2017

Il faut que l’on soient a 400% alors ?

Sandrine EnyaElly
14 juin 2017

Marine Macedo oui ça craint 🙁

Marine Macedo
14 juin 2017

On fait la paire ? Sandrinette et Marinette débarquent ?

Gladys BC
14 juin 2017

Déjà faudrait parler Français pour bosser ici Lol Et Apres je pense que ça ne sera pas aussi Facile Que ça . Et les patients ne Sont pas dupes ils auront vite compris pour ceux qui ont Encore leurs facultés …. et ensuite pour les plates formes d’appel quand on es connus dans son secteur Et qu’on a une proximité avec les autres professions et pharmacies je doute fort que ca Peut avoir de l’influence pour nous ces plates-formes…

Sandrine EnyaElly
15 juin 2017

Yes ! On va tout déchirer ??

Sandrine EnyaElly
15 juin 2017

Yes ! On va tout déchirer ??

Séb Csn
15 juin 2017

Jordan !!

Christelle Vassia
15 juin 2017

Emma Delaud

To DV
15 juin 2017

Maud Sgrt

Jordan Chx
15 juin 2017

Ridicule et inoffensif je pense. A part peut etre quelques belges qui viendraient ? Ca ne changera pas grand choseen revanche ce qui me revolte c’est que nous français si on veut travailler dans 1 autre pays on nous casse les noix avec une paperasse hallucinante pour avoir une equivalence. Et ensuite on nous brise encore plus les noix avec leur 24 mois/3200h obligatoires + la secu et l’ordre qui font grave chier quand on veut s’installer. Encore et toujours pour baiser les frenchies.

Séb Csn
15 juin 2017

Tu as des pays de l’est aussi

Jordan Chx
15 juin 2017

Tu crois que les gens vont appeler ou du moins maintenir leur ide a domicile s’ils sont de l’est ? Deja que les gens quand ils voient un doc avec un nom en « ewski » a la fin ils doutent… non franchement blague a part je ne m’en fait pas. Mais je maintiens ils font tout pour nous baiser. Encore.

Séb Csn
15 juin 2017

Bah ca !! Se faire baiser on va se faire baiser… reste a savoir si on aura le droit a la vaseline ou pas

Severine Perali
15 juin 2017

Surprenant cet article !! Il faudra que je le lise avec plus d’attention !
Merci Delphine

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