
Pour occuper leur poste d’« infirmières nutrition » rattachées à la direction centrale des soins aux Hospices civils de Lyon (HCL), Lila Mebarki et Françoise Allirol ont du suivre un diplôme universitaire (DU) de nutrition. « Nous accompagnons les équipes de soins de nombreux services dans le cadre d’un projet de dépistage de la dénutrition des personnes hospitalisées », explique la seconde.
Infirmière depuis trente ans, elle a suivi le diplôme interuniversitaire (DIU) de nutrition clinique et métabolisme proposé par plusieurs universités (voir encadré) en 2015, peu après avoir intégré le service. « La nutrition m’intéressait depuis le lycée, raconte Françoise Allirol. Après mon bac scientifique j’ai même hésité entre les études d’infirmière et de diététicienne ! » Elle et sa collègue avaient toutes les deux pris leurs fonctions un peu avant d’avoir suivi la formation ce qui leur a permis de définir leurs thématiques prioritaires.
Emilie Debbah exerce à l’hôpital de jour de diabétologie et de nutrition de l’hôpital Bichat, à Paris, uniquement auprès de patients diabétiques ou en surcharge pondérale problématique (certains subissent des opérations de chirurgie digestive). Au-delà des informations de bon sens sur l’alimentation, cette infirmière a ressenti le besoin d’approfondir ses connaissances et de baser ses conseils sur des données solides.
Valérie Mercier, infirmière dans un gros centre de santé, intervient aussi auprès de nombreuses personnes souhaitant perdre du poids ou diabétiques. Elle souhaitait suivre une formation sur la nutrition depuis de nombreuses années. Pour pouvoir conseiller les patients, « je me renseignais sur l’alimentation mais je n’étais pas vraiment au point », souligne-t-elle.
Pour Sabrina Cerou, infirmière libérale en Auvergne, c’est le besoin d’outils pour aider ses patients qui ont besoin de changer leurs habitudes alimentaires qui l’a décidée à suivre une formation. « Foodie » elle-même, elle se trouvait parfois dépourvue face à des patients qui avaient des habitudes culinaires, liées à leur culture, très différentes… Une courte formation à la diététique a déclenché son envie d’aller plus loin et de s’inscrire, trois ans plus tard, au DU de l’université de Clermont-Ferrand.
Nouvelles connaissances
Les formations qu’elles ont suivi sont au départ destinées aux médecins mais intègrent dans chaque promotion un ou plusieurs soignants. « Parfois, le côté scientifique était un cran plus élevé que ma formation d’infirmière », reconnaît Sabrina. La génétique a effectivement paru difficile à Valérie qui s’enthousiasme cependant : « Tout me passionne ! ».
Chacune y a donc trouvé son compte. L’infirmière libérale a été très intéressée par les enseignements sur les mécanismes de la digestion, les probiotiques, le microbiote… « Cela m’a aussi permis de mieux comprendre les facteurs de l’obésité, ajoute-t-elle. J’ai vu voir que ce n’est pas qu’une question d’alimentation et de comportement et que la génétique et les hormones interviennent aussi. » Françoise, quant à elle, a beaucoup apprécié les formations sur la nutrition entérale et parentérale, notamment sous la forme de cas cliniques concrets. « C’était exactement ce dont j’avais besoin », commente-t-elle.
Au-delà des enseignements sur les dernières recommandations de la HAS, sur l’utilisation des sondes par exemple, les échanges et partages d’expérience entre participants d’horizons professionnels différents ont particulièrement plu à Lila. « On se rend compte que les problématiques sont souvent communes, remarque-t-elle. Par exemple, on a souvent du mal à faire prendre les compléments nutritionnels oraux aux patients. C’est un médicament mais il est distribué par les aides-soignantes, pas par les infirmières, et ils sont plutôt assimilés à un repas... »
https://www.actusoins.com/340110/sonde-naso-gastrique-sng-quand-alimentation-devient-nutrition.html
Des conseils plus légitimes
Les infirmières qui ont suivi ces formations se sentent souvent plus légitimes ensuite lorsqu’elles évoquent les questions de nutrition et d’alimentation avec les patients ou leurs collègues. Valérie n’a pas encore terminé sa formation mais elle a déjà commencé à donner des conseils aux patients qui ont intérêt à réguler ou faire baisser leur cholestérol et a modifié ceux qu’elle donne aux diabétiques. « On a longtemps dit à ces patients de manger peu de sucres et de féculents alors qu’aujourd’hui on leur conseille plutôt de bouger et d’adapter leurs doses d’insuline à leur alimentation, souligne-t-elle. Je peux appuyer mes conseils sur des informations solides. » Une conséquence constatée aussi par Françoise lors des formations qu’elle anime.
https://www.actusoins.com/313397/la-denutrition-a-lhopital-les-paramedicaux-en-premiere-ligne.html
Emilie observe également que ses explications aux patients lors des examens qu’ils subissent sont bien plus étayées et précises et que ses « messages passent mieux ». Idem pour Sabrina qui a un « discours plus adapté à chaque personne, femme enceinte, patient en chimiothérapie, personne âgée… » car elle connaît leurs différents besoins. Désormais, elle prend aussi plus en compte le fait que les patients ne sont pas toujours prêts à entendre des conseils sur la nutrition, juste après l’annonce d’un diagnostic par exemple.
Ces infirmières ne se considèrent en tout cas pas du tout comme des diététiciennes. « Nous ne faisons pas du tout le même métier », insiste Valérie. « Tout le monde apporte sa petite pierre à l’édifice », ajoute Sabrina. Aux HCL, les « infirmières nutrition » n’interviennent pas auprès des patients, contrairement aux diététiciennes. En revanche, elles échangent des informations et co-animent les formations auprès des soignants, où la « casquette » et l’expérience des infirmière est un plus. « Nous sommes très complémentaires », résume Françoise. A l’hôpital de jour où elle travaille, « les seules qui sont présentes tous les jours et répondent aux questions des patients au téléphone, c’est nous », poursuit Emilie.
https://www.actusoins.com/21987/pose-sonde.html
La formation a jouté une corde à leur arc en tout cas et certaines, comme Emilie, se verraient bien poursuivre ce parcours en direction de l’éducation thérapeutique.
Olivia Dujardin
Cet article est initialement paru dans le n°24 (avril 2017) d’ ActuSoins Magazine.
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Pour aller plus loin : formation continue DPC en Nutrition pour les infirmières et infirmiers libéraux
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Clémence Razowski, ta mère est une star ! Je lis l’article en pensant à elle et hop son nom apparaît. Des bisous à toute la famille
Donc quand on a un métier on a plus le droit d’apprendre d’autre compétence ? Pourtant c’est génial aujourd’hui on a la possibilité d’avoir des diet psy ou diet et sport ou diet et commercial ou diet et scientifique, pourquoi ne pas se spécialisé ou élargir son champs ? Un DU ne remplace en aucun cas un BTS et ceux qui se risque a penser ça vont vite s’en mordre les doigts
Je travaille ds une structure ou il y a de la chir bariatrique . Une diete assure tres bien l avant le pendant et l apres des patients concernés par cette chirurgie . Certaines d entre nous (IDE) avons ete formé sur la nutrition en lien avec cette chirurgie et c’est franchement appreciable pour tout le monde equipe et patients!! Ces connaissances et competences suplementaires sont un excellent relais de la diet pour un PEC optimal du patient. Je ne vois absolument rien de mal a ameliorer nos connaissances et nos pratiques.
Je ne suis pas contre le fait que les infirmières aient un minimum de connaissances en diététique car ça évite qu’elles racontent des conneries quand la diet n’est pas là. Mais de là à faire son boulot il y a une marge. C’est facile de dire que la diet n’est pas là tout le temps.
Je suis vacataire dans un centre de dialyse et même si on a augmenté mon temps de présence depuis mes débuts, je ne fais que quelques heures par mois.
Et il n’est pas question d’embauche même si le centre se vante d’avoir une diet formée à l’ETP.
Et sinon vous savez qu’il existe un métier spécialisé dans la nutrition : ce sont les diététiciennes!!!!
Voilà pourquoi les hôpitaux ou clinique ne créent pas de poste de Diet on nous pique nos compétences et nos poste
Et si on se spécialise dans les injections intramusculaires ca serait pas mal
Émilie Mazars Debbah
Et sinon moi g suis infirmière et diététicienne. .. et il n’y a pas de fond pour créer des postes adaptés…
A chacun sa spécialité…
Économie économie
Cyrielle Janvier
Sinon les diététiciens existent déjà, pourquoi ne pas utiliser le personnel soignant existant! On va aussi bientôt former les diet aux piqûres, comme ça plus de différences et de reconnaissance des compétences…
Émilie Mazars Debbah t es une star