Le plan d'urgence pour l'hôpital "n'éteindra pas l'incendie", estiment 150 directeurs médicaux et chefs de pôle de CHU

Rédaction ActuSoins
3 décembre 2019 @ 10 h 46 min

Dans une tribune publiée sur le site du quotidien Le Monde, plus de 150 directeurs médicaux de départements médico-universitaires de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et chefs de pôle des autres CHU de France, estiment que les mesures annoncées en faveur de l’hôpital « ne normaliseront pas la prise en charge des patients et n’éteindront pas l’incendie qui ravage l’hôpital« .

Le plan d'urgence pour l'hôpital "n'éteindra pas l'incendie", estiment 150 directeurs médicaux et chefs de pôle de CHU

photo d’illustration. Manifestation infirmière à Marseille (2017). ©M.S / ActuSoins

« Médecins assumant les pus hautes responsabilités dans les hôpitaux universitaires, notre mobilisation a une valeur symbolique d’autant plus forte que notre parole est rare. Nous parlons ici en dehors de tout parti-pris syndical, parce que nous avons la passion du service public de santé« , expliquent les signataires. 

« Mercredi 20 novembre notre attente était forte, à la mesure de la colère qui gronde. Le plan d’urgence pour l’hôpital public annoncé par le gouvernement n’est pas quantité négligeable : une réduction d’un tiers de la dette des hôpitaux publics sur trois ans, une augmentation de l’Objectif national des dépenses d’Assurance-maladie (Ondam) de 0,35 % et la stabilisation du tarif des séjours hospitaliers« , poursuivent-ils. 

Les signataires considèrent néanmoins que « ces mesures ne normaliseront pas la prise en charge des patients et n’éteindront pas l’incendie qui ravage l’hôpital public« . 

Accès aux soins  » en situation critique« , une situation actuelle qui « ne permet plus une prise en charge optimale de nombreuses catégories de patients en raison d’un nombre considérable de poste vacants de soignants » : les signataires alertent sur une situation devenue très critique. 

Ils listent une série des « plus graves conséquences » observées : nourrissons en détresse vitale quotidiennement refusés en secteur de soins intensifs, patients venant de faire un accident vasculaire cérébral parfois pris en charge avec retard, accès au bloc restreint « faute d’anesthésistes et d’infirmières« , en psychiatrie, des patients à risque suicidaire élevé qui attendent un lit parfois plusieurs jours aux urgences, fermetures d’équipement en radiologie qui allongent les délais de rendez-vous…

Rythme insoutenable

« Pour pallier le manque de soignants, nous observons une multiplication insoutenable des heures supplémentaires, le recours habituel à du personnel intérimaire coûteux et souvent moins expérimenté. Mais cela n’empêche plus la fermeture de lits« , poursuivent-ils. 

« Cette situation dégradée entraîne des conflits éthiques chez les soignants qui sont amenés par la force des choses à privilégier la prise en charge de tel ou tel type de patient faute de pouvoir répondre de façon optimale à tous. Si la qualité des soins semble encore très bonne pour la plupart des usagers de l’hôpital public, c’est souvent grâce au sacrifice quotidien des personnels restants qui s’épuisent »

Les signataires plaident ainsi pour une augmentation des salaires des infirmières et aides-soignantes. 

Ils appellent aussi à « lever temporairement l’étau financier imposé par l’Etat depuis plus de dix ans » et demandent un moratoire sur les mesures d’économie prévues par le gouvernement. 

Rédaction ActuSoins

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter Actusoins

Lire la tribune sur Le Monde.fr

Note de la rédaction d’ActuSoins : Une nouvelle journée de mobilisation nationale pour « sauver l’hôpital public » est prévue le 17 décembre, à l’appel ,notamment, des collectifs Inter-hôpitaux, Inter-Urgences et d’une intersyndicale. 

share Partager

0 réaction

Laisser un commentaire