La crise des urgences laisse présager "un véritable désastre sanitaire", alerte Samu-Urgences de France

Rédaction ActuSoins
24 mai 2022 @ 15 h 47 min

Ce printemps, la crise du système de santé devrait atteindre son paroxysme à travers une faillite incontrôlée du fonctionnement des services d’urgence qui laisserait présager, dès cet été, « un véritable désastre sanitaire », alerte le syndicat professionnel Samu-Urgences de France, dans une lettre ouverte adressée à Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et de la prévention. 

La crise des urgences laisse présager "un véritable désastre sanitaire", alerte Samu-Urgences de France

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Avec plus d’une centaine de services d’urgences, de toutes tailles, des petits CH aux grands CHU, déjà en difficulté majeure, la France doit faire face à une cette crise qui prend de l’ampleur. Les difficultés à venir seront « sans commune mesure avec les difficultés estivales habituelles« , prévient Samu-Urgences de France. 

« Cette faillite de cette première ligne aura des répercussions désastreuses sur l’ensemble de l’hôpital et du système de santé français« , explique le syndicat dans sa lettre ouverte. 

« Vitrine de l’hôpital« , les urgences apparaissent aujourd’hui surtout comme une interface entre la ville et l’hôpital qui concentre les dysfonctionnements de ces deux secteurs, poursuit Samu-Urgences de France. 

« Ces dysfonctionnements se traduisent par une saturation inacceptable des urgences qui a des conséquences dramatiques sur la santé des soignés (on évoque de plus en plus de véritables situations de ‘maltraitance’, a fortiori lorsque des services doit fermer par manque de ressources) et…sur celle des soignants, à la fois harassés par la surcharge de travail, désespérés par le sentiment de mal faire leur métier et désemparés par la montée des violences réactionnelles dont ils sont victimes« . 

Pas de « solution miracle », mais des « outils »

Pour désamorcer la crise, l’organisation propose de mettre en place un « panel d’outils« , « pour l’amont comme pour l’aval« . 

Sur l’amont, elle préconise d’agir sur les urgences…qui n’en sont pas. Il faut que « les urgences ne prennent en charge que ce qui relève des urgences« , demande Samu-Urgences de France.

Pour cela, il faut « communiquer » auprès du public. « Avant de vous déplacer, appelez« , pourrait-on faire savoir [dans une campagne, ndlr], suggère le syndicat.

Il faut aussi « renforcer la régulation médicale« , « imposer une régulation médicale préalable à toute entrée aux urgences« , « coordonner les fermetures des cabinets médicaux en lien avec les CPTS et/ou les CDOM« ; « mettre en place des unités mobiles/fixes de télémédecine à la disposition du Samu/SAS« ; « valoriser financièrement les libéraux qui apportent une réponse à des besoins de soins non programmés définis par la régulation médicale« , estime-t-il. 

Sur l’aval, les patients sont « des malades de l’hôpital et non ceux des seules urgences!« , rappelle Samu-Urgences de France. 

L’organisation demande « d’imposer une gestion des lits, opérationnelle dans tout établissement siège de SU »; « d’imposer une gestion des lits territoriale, pour tout établissement siège de GHT« ; « de mettre en place le Besoin Journalier Minimum en Lits (BJML)« , comme préconisé dans le pacte de refondation des urgences; « d’imposer la reprise par les établissements qui n’ont pas de structure des urgences les patients suivis chez eux et qui sont dans un service d’urgence« ; de « fermer les UHCD qui ne jouent plus leur rôle ou en confier la responsabilité à d’autres médecins que les urgentistes« . 

Par ailleurs, elle demande « d’anticiper les difficultés« . Il s’agit de « coordonner les solutions à l’échelle d’un territoire, y compris avec le secteur privé, pour éviter des fermetures conjointes de plusieurs structures« , détaille-t-elle. 

Agir en faveur des personnels de santé

« Les professionnels de santé ont pour mission d’éviter aux patients de souffrir, mais n’ont pas vocation à souffrir eux-mêmes du fait de conditions de travail inadaptées!« , considère Samu-Urgences de France. 

Préconisations? D’abord, il faut « recruter les effectifs jugés nécessaires, sur la base des référentiels professionnels en rendant les conditions de travail acceptables« . 

Parmi d’autres mesures, Samu-Urgences de France préconise également de « rétablir la valorisation financière des horaires de permanence de soins […], revaloriser les heures supplémentaires et le temps de travail additionnel ». 

« Aujourd’hui, le sujet n’est malheureusement pas d’attirer de nouveaux professionnels dans nos établissements mais d’éviter le départ des rares qui y restent…« , conclut le syndicat. 

Rédaction ActuSoins

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