Martinique : l'infirmière du VLI, aux avant-postes préhospitaliers

Géraldine Langlois
16 mars 2023 @ 12 h 23 min

Dans le territoire insulaire de Martinique, pas forcément bien couvert par le Samu, le véhicule léger infirmier (VLI) géré par les sapeurs-pompiers de Rivière Salée rend de précieux services en préhospitalier. Christine Ludon-Desroses est l’une des infirmières sapeurs-pompiers volontaires qui y participent.

Christine Ludon-Desroses, infirmière sapeur-pompier

Christine Ludon-Desroses, infirmière sapeur-pompier © Géraldine Langlois

10h02 au poste de secours de Rivière Salée, au Sud de Fort-de-France. Le boitier que porte Christine Ludon-Desroses à la ceinture de son uniforme de pompier volontaire sonne.

Elle doit se rendre à bord du véhicule léger infirmier (VLI) auprès d’une personne qui présente des douleurs pelviennes à une dizaine de kilomètres de là. L’interview est finie en un claquement de doigts. Deux minutes plus tard, elle embarque avec son équipier conducteur, pompier volontaire, comme elle. Fermeture du coffre, claquement des portes, ouverture du portail, sirène : il sont partis.

Christine Ludon-Desroses fait partie des 10 infirmières sapeurs-pompiers volontaires qui participent à la permanence du VLI. Quasiment toutes occupent un emploi hospitalier à plein temps axé sur les soins critiques. Elle, est IADE « à la ville » : « je travaille au CHU de Fort-de-France, à 50% sur les blocs et 50% au Samu », indique-t-elle.

Elle est aussi pompier volontaire depuis plusieurs années et c’est à ce titre que le Service sanitaire et de secours médical (3SM) de la caserne de Rivière salée lui a demandé de monter ce dispositif, en 2015.

Le seul de l’île. En plus de son travail, elle effectue une ou deux vacations par mois en moyenne, selon ses disponibilités.

Renfort le week-end

© Géraldine Langlois

Le VLI fonctionne du vendredi au dimanche, de 7h à 19h, la nuit aussi durant les périodes « intenses » comme le carnaval. Le matin, après un moment de transmission avec les pompiers de nuit et la vérification du chargement des appareils et du contenu de la trousse de secours dans le véhicule, Christine Ludon-Desroses signale sa disponibilité au centre de traitement des alertes, côté pompiers, et au SAMU, côté hôpital.

Elle peut désormais être sollicitée à tout moment. Certains jours, pendant le carnaval ou les vacances scolaires, l’infirmière va enchaîner jusqu’à huit interventions, allant parfois de l’une à la suivante sans repasser par la caserne… D’autres jours sont plus calmes.

A chaque alerte, juste avant de démarrer, elle est informée du motif de la mission. « Cela peut être un malaise, par exemple une hypoglycémie chez une personne diabétique – elles sont nombreuses à la Martinique -, un accident de la voie publique, une douleur thoracique, une noyade, un AVC ou un arrêt cardiaque… »

Dans la voiture, elle dispose d’un moniteur multi-paramétrique qui permet de réaliser des électrocardiogrammes, de réserves de perfusions, d’un aspirateur à mucosités, de bouteilles d’oxygène, d’un gros  sac d’intervention et de soins… « Il faut avoir une bonne condition physique, commente Christine Ludon-Desroses, car on peut être amenée à monter le matériel en haut du Morne Larcher », 500 mètres de dénivelés bien raides, sous des températures souvent élevées.

Une fois arrivée auprès du patient, l’infirmière le prend en charge selon l’un des protocoles qui encadrent sa mission. Des protocoles nationaux mais aussi déclinés au niveau local, entre le 3SM et le Samu de Martinique.

Les infirmières qui veulent  participer aux permanences du VLI doivent d’ailleurs suivre une formation de 35 heures au préalable. Les équipiers conducteurs suivent également une formation afin que sur un lieu d’intervention, l’infirmière puisse se concentrer sur sa mission.

Autonomie et protocoles

À chaque intervention, l’infirmière est en relation avec la régulation médicale du Samu. Elle peut intervenir seule et régler le problème, la personne pouvant rester à domicile, mais elle peut aussi conseiller une hospitalisation ou demander l’intervention du Smur, avec qui elle fait la jonction. Sur place, son approche, son expertise et son expérience infirmières permettent soit d’éviter le déplacement du Smur, soit de proposer à ses médecins une première analyse de la situation, souvent précieuse voire déterminante.

L’infirmière du VLI peut aussi être appelée en renfort par les pompiers si une personne présente de fortes douleurs, par exemple. Au plus fort de la crise sanitaire, le VLI s’est également rendu chez les personnes atteintes de Covid pour évaluer leur état de santé. Après chaque sortie, l’infirmière rédige une fiche d’intervention qui a une valeur médico-légale.

Pour Karenne Assoudi, infirmière et cadre responsable du 3SM, « le service fonctionne sur le principe de l’engagement. Les infirmières se rendent disponibles malgré leurs longues journée de travail et leur vie de famille. » Juste avant de partir en intervention, Christine Ludon-Desroses confirme : « je participe au VLI pour me mettre au service de la population, car il y a des besoins auxquels le Smur ne peut pas répondre. Je veux donner de ma personne ».

Les IDE qui participent à ce dispositif reçoivent une indemnité équivalente à 75% du Smic horaire pendant les périodes de garde et 100% sur les temps d’intervention. Elles passeront bientôt respectivement à 100% et 200% grâce à une aide de la collectivité territoriale de Martinique, dans le cadre du programme « Tjinbé Nou La ! » (tiens bon, on est là).

Géraldine Langlois

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