La rentrée des étudiants en IFSI toujours plus chère

Les étudiants en sciences infirmières qui font leur première rentrée en 2024 doivent en moyenne débourser 5,38% de plus que l’année dernière, soit 3354,26€, révèle la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi). Dans son analyse de la situation financière de ces étudiants, Pauline Bourdin, sa présidente, observe que tout ce que doivent payer les ESI augmente alors que leurs revenus potentiels stagnent. Quand ils ne doivent pas, en plus, s’acquitter de droits illégaux.

© Malika Surbled

Si l’inflation diminue, les étudiants en sciences infirmières ne s’en rendent pas compte. En effet, le coût moyen d’une rentrée scolaire en première année d’Ifsi augmente encore cette année, de plus de 5% par rapport à l’année dernière.

Le poste de dépense qui augmente le plus, souligne Pauline Bourdin, la présidente de la Fnesi, concerne le logement. Parce que les loyers augmentent partout mais aussi parce que « du fait de l’augmentation du nombre d’étudiants en formation, nous sommes amenés à aller en stage de plus en plus loin et obligés, souvent, de prendre un deuxième logement, explique-t-elle. Conduire deux heures le matin et le soir quand on est en stage, c’est compliqué. Il n’est pas rare que des étudiants aient des accidents sur ces trajets. Certains choisissent d’arrêter leur stage et d’effectuer un stage de rattrapage » en espérant qu’il se déroule plus près de chez eux.

La Fnesi demande donc que les étudiants en stage loin de leur domicile puissent bénéficier de logements temporaires mis à disposition soit par les Centre régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), soit par les établissements qui les accueillent. À défaut, « il pourrait aussi y avoir des conventions avec les collectivités, comme pour les internes en médecine », ajoute la présidente de la fédération.

Les dépenses augmentent

Outre le logement, le coût de l’alimentation mais aussi des transports (liés aux lieux de stage aussi) augmente également et les ESI ne bénéficient pas encore tous, du fait de leur éloignement géographique fréquent mais aussi du manque d’information, des repas à bas prix des Crous, ni de leur offre d’activités culturelles à tarif réduit.

D’autres dépenses augmentent également pour les ESI. Les frais d’inscription, encore gelés l’année dernière, s’élèvent désormais à 175 € et la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), obligatoire, est passée à 103 € puisqu’elle est indexée sur l’inflation.

Alors qu’aucun autre frais ne doit être exigé des ESI, une partie d’entre eux se voient demander, en plus, près de 75 € en moyenne de « frais complémentaires illégaux » sous prétexte de frais pédagogiques, de wifi, d’impression, d’achat du portfolio ou de livres, remarque Pauline Bourdin.

C’est le cas dans 77 établissements, indique la Fnesi, alors que cette pratique est illégale depuis 2009. La fédération est montée au créneau sur le sujet depuis 2019 pour la faire cesser et elle a gagné deux procès récemment. Mais elle perdure encore dans 77 instituts. Sa présidente y voit la tentative, pour ces Ifsi de combler, au moins en partie, la disparition des recettes issues des inscriptions au concours d’entrée, supprimé en 2019.

Au final en tout cas, le coût de la rentrée pour les ESI reste plus élevé de près de 200 € que pour les étudiants des autres filières universitaires (3157 €).

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Réforme des bourses gelée

Alors que les dépenses augmentent, les aides et revenus dont peuvent bénéficier les étudiants en sciences infirmières, stagnent.

Contrairement à la CVEC, par exemple, les bourses auxquelles certains ESI peuvent prétendre n’ont pas augmenté autant que l’inflation. Et une partie des boursiers ont perdu le droit de les toucher du fait de l’augmentation du Smic que touchent leurs parents…

D’autre part, « la réforme des bourses qui devait avoir lieu a été gelée, déplore Pauline Bourdin, contrairement au prix des logements des Crous » auxquelles d’ailleurs les ESI boursiers ont du mal à accéder car quand ils réussissent, tardivement à obtenir leur attestation de bourse de la part des conseils régionaux, le parc de logements des Crous est déjà attribué.

La Fnesi demande donc encore, ajoute sa présidente, le transfert de la compétence des formations sanitaires et sociales au ministère de l’Enseignement supérieur avec une gestion pédagogique par les universités et de celle des bourses par les Crous.

Quant aux indemnités de stage, poursuit-elle, elles atteignent péniblement 1,70 € par heure en troisième année et n’augmentent pas alors que celles des autres étudiants de l’enseignement supérieur, actuellement s’élèvent à 4,35 € par heure et sont indexées sur le plafond de la sécurité sociale qui, lui, augmente…

Prépas coûteuses

La Fnesi pointe aussi les coûts supplémentaires auxquels les ESI sont confrontés en ayant moins accès que les autres, par exemple, aux protections menstruelles gratuites mais aussi aux services de santé étudiants, notamment en santé mentale. Enfin, la fédération s’insurge sur la survivance de prépas privées très couteuses aux formations de premier et second cycle. « Quand le concours a été supprimé, observe sa présidente, on pensait que les prépas allaient disparaître mais elles ont su rebondir en faisant peur aux étudiants sur la difficulté des études et la nécessité de suivre une prépa pour pouvoir y accéder ». La Fnesi demande que ces prépas soient supprimées de Parcourssup et ne soient plus valorisées dans les dossiers des étudiants.

En 2022, la Fédération observait que la situation financière de 52,8% des ESI était mauvaise et que 58% devaient travailler pendant leurs études pour joindre les deux bouts. Il est peu probable que ces chiffres aient diminué depuis. Or les difficultés financières sont la troisième cause d’arrêt de la formation, rappelle Pauline Bourdin. Qui ajoute : « Les principales causes d’abandon sont évitables et rien n’est fait pour les éviter ».

Géraldine Langlois

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