Césariennes : une hausse inquiétante

Emilie Gillet
2 juin 2011 @ 9 h 54 min

Le taux de césariennes a connu une hausse spectaculaire aux Etats-Unis, atteignant près d’une naissance sur trois aujourd’hui. Cette évolution inquiétante se retrouve dans beaucoup de pays.

Hausse du taux de césariennesEntre 1997 et 2008, le taux de naissance par césarienne aux Etats-Unis a augmenté de 72 %, d’après une étude publiée fin avril par l’Agence américaine pour la recherche et la qualité des soins (AHRQ). Il a ainsi atteint 31,8 % en 2007 selon un article paru en octobre dernier dans The American Journal of Obstetrics & Gynecology.

Cette évolution, caractérisée d’ « épidémique » par certains observateurs, est observée dans de nombreux pays. L’année dernière dans The Lancet, l’OMS s’est ainsi alarmée de la situation en Chine où plus de 45 % des naissances sont réalisées par césarienne, dont un quart sans aucune justification médicale.

Si les césariennes de convenance (pour la mère et/ou pour le gynécologue) sont régulièrement dénoncées (elles sont de plus en plus médiatisées notamment chez les stars), les réelles causes de cette augmentation sont à chercher ailleurs : d’une part le développement de la procréation médicalement assistée conduit à plus de naissances multiples, d’autre part les femmes ont leur premier enfant à un âge de plus en plus avancé, ce qui signifie des grossesses à risques nécessitant des césariennes.

De fait, cela augmente aussi les indications de césariennes lors d’une deuxième grossesse. Il n’empêche qu’il devient urgent d’enrayer cette évolution galopante, voire de renverser la vapeur si c’est encore possible.

Une tendance à la hausse en France

En France, la tendance est elle aussi à la hausse depuis plusieurs années, même si on est encore loin d’atteindre de telles proportions. Selon un rapport sur la maîtrise médicalisée des dépenses de santé publié il y a quelques mois par la Fédération Hospitalière de France (FHF), le taux de césarienne atteignait tout de même 20 % en 2009.

Et la FHF de pointer du doigt les structures privées. En effet, elle constate que le taux de césariennes dans les maternités privées qui prennent en charge les grossesses sans risque particulier est supérieur de 10 points à celui des hôpitaux publics accueillant les grossesses pathologiques (niveau 3) ! Pour expliquer cela, elle avance comme hypothèse des facteurs d’organisation des soins, d’optimisation du temps de travail et des coûts de production dans les cliniques à but lucratif.

Si partout on tire le signal d’alarme, c’est qu’une bonne part de ces césariennes n’est donc pas justifiée au plan médical. Et surtout qu’elles n’apportent rien en terme de santé pour la mère et l’enfant.

Au contraire même puisqu’il a été clairement prouvé que plus le taux de césarienne est élevé et plus il y a de risques de complications maternelles graves comme des hémorragies ou des infections nosocomiales, mais aussi de complications psychologiques type dépression post-partum ou problèmes d’allaitement. Quand aux enfants nés par césarienne, ils ont plus de problèmes respiratoires, et notamment d’asthme, que la moyenne.

Selon l’OMS, si l’évaluation du bénéfice-risque de la césarienne reste très difficile, le taux maximum acceptable est de 15 %1. Tout hôpital dont le taux de césarienne dépasse les 20 % devrait ainsi s’interroger sur sa pratique et vérifier qu’il ne fait pas courir de risques inutiles aux femmes et à leurs enfants.

Emilie Gillet

Pour aller plus loin :

Pour consulter le taux de césarienne par établissement en France, se rendre sur le site de la  PLATeforme d’INformations sur les Etablissements de Santé (PLATINES)

1 : « Pour fixer des niveaux acceptables au pourcentage de césariennes, il paraît indiqué de fixer à la fois un minimum et un maximum. Cinq pour cent de toutes les naissances paraît être une limite inférieure relativement raisonnable. Pour la limite supérieure, 15 % paraît raisonnable. C’est légèrement plus élevé que le pourcentage observé dans la plupart des pays développés, mais moins que le pourcentage enregistré dans les pays où le recours à la césarienne est excessif. Ces niveaux minimum et maximum ont été adoptés par un groupe de travail technique réuni par l’OMS [OMS, 1994b]. » in Lignes directrices pour la surveillance de la disponibilité et de l’utilisation des services obstétricaux , p. 32, publié en 1997 par l’OMS, l’UNICEF et le FNUAP.

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12 réactions

Valerie Morabito-Hess
2 juin 2011

Ah oui,c’est pratique de programmer son accouchement dans son agenda comme n’importe quel autre rendez-vous! Ces femmes ne sont sûrement pas conscientes des risques d’une césarienne! Les gens deviennent complètement tarés!

Nadia Zouzou
2 juin 2011

Puis ça rapporte plus aux obstétriciens !^^

Carole Huchede
2 juin 2011

c’est certainement plus une question d’argent effectivement…il vaut mieux privilégier le public que le privé …certaines femmes n ont parfois pas le choix devant des obstétriciens overbookés ou qui partent en vacances …!!^^

Adeline Chabert Clermont
2 juin 2011

ben moi je n ai pas eu le choix cesarienne d urgence et bien j auerai preferé accouché par voie basse!!!

Stéphanie Aragones
2 juin 2011

Moi aussi cesarienne programmée mais bb en siège et anomalie au niveau utérus … Pas trop le choix en fait . Et là je déguste grave … Vive le naturel !!!

Mickaël Conan
2 juin 2011

Gestion du risque ou action lucrative ?????

Valerie Morabito-Hess
2 juin 2011

Bien sûr que ça rapporte aux médecins,mais quand on sait à quel point tout le monde sert les fesses en salle et notamment du côté anesthésie…Sans parler du post-op qui n’a rien d’évident…Mais bon nombre de femmes pense qu’une césarienne c’est pratique et anodin…

Caroline Rousseau
2 juin 2011

en plus ils ne faut pas oublié qu il n y a pas de réa bébés dans les cliniques.on ne peut pas se permettre qu un enfant naisse en néssécitant une intubation.alors on propose a la mère parfois un transfère.

Séverine Boutet
2 juin 2011

et oui peut être que les état unis sont soumis depuis longtemps a la T2A………maintenant on rentre a l’hôpital pour douleur abdo on ressort sans son appendice, en ayant fait une fibro colo et parfois avec hystérectomie…….lol vive le progres…..

Antinea
3 juin 2011

Toute famille confronté à une césarienne, passée, possible ou programmée peut trouver du soutien et de l’information auprès de l’association « CESARINE » ( http://www.cesarine.org/ )

Frédi
3 juin 2011

malgré ce que dit l’ article….
il vaut mieux une césarienne bien soignée, propre…..
que de souffrir pendant des heures ; avec en plus des risques de problèmes si utilisation des instruments…… sans compter les risques existants avec les épisiotomies…..
et je ne parle pas du confort !
après, tout dépend de l’ environnement , et il faut des équipes disponibles; du bon matériel et des salles propres.
évidemment, si ces conditions ne sont pas réunies, la césarienne n’ est pas vraiment top….
c’ est pour cela que de nombreux pays, dont la Chine, pensent autrement……. s’ organisent autrement….

Mamouma34
14 juin 2011

Qu’une césarienne soit pratiquée pour le bien et la sécurité de la mère et de l’enfant soit! (J’en ai eu 2!)
Mais pratiquer cela pour convenance personnelle, surtout avant les départs en vacances du gynéco, horreur!
L’enfant n’est pas prêt à venir et les quelques heures après la naissance, ce n’est pas la joie pour lui!
Je travaille dans un service de néonat collée à une salle d’accouchement et je les vois débarquer, sans compter le fait qu’ils sont séparés de leur mère, ils ont du mal à « atterrir »!
Et dans tout cela, le comble, en clinique, TOUS les médecins sont payés à l’acte, donc bingo pour le gynéco, bingo pour l’anesthésiste et bingo pour le pédiatre. Alors voilà pourquoi cela ne leur pose pas trop de problème de faire ce genre d’intervention!

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