« Lorsqu’il y a 4 ans la question de la recherche infirmière a émergé, nous avons constaté beaucoup de timidité et de pudeur de la part des paramédicaux. Les soignants se demandaient s’ils seraient capables de faire de la recherche. On se rend compte maintenant que c’est tout à fait possible. Voire indispensable ».
Le Dr Marin est responsable pédagogique du D.U en Sciences infirmières au CHU de Limoges. En janvier 2013, il ouvrira cette formation, inédite en France. Sans réel cadre conceptuel, la discipline des sciences infirmières reste en général très abstraite pour la communauté soignante.
Pour Pascale Beloni, cadre supérieure de santé et coordonnateur pédagogique associé, il s’agit d’apporter une légitimité et une crédibilité aux projets infirmiers. « Pour l’instant, les sciences infirmières n’ont pas de champ propre. Elles s’accrochent sur d’autres champs comme celui de la médecine, de la psychologie ou des sciences humaines en général. Nous essayons de construire cette discipline autrement à travers des projets de recherche et d’essayer d’identifier ce qui nous est spécifique » explique-t-elle.
Alors que depuis 2009, les infirmières ont la possibilité de se faire financer des programmes de recherche (avec le PHRI puis le PHRIP*, lancé par le ministère de la santé de l’époque), une centaine de dossiers sont déposés chaque année.
À Limoges par exemple, 3 projets sont en phase d’inclusion : une étude sur la forme d’assiette la plus adaptée pour les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, une mesure des bénéfices de la musicothérapie sur la douleur lors des changements de pansements et un projet de prise en charge des enfants porteurs de poches urinaires aux urgences pédiatriques. Ailleurs en France, de nombreux autres programmes initiés par des infirmières ou par du personnel paramédical ont été validés ces 3 dernières années.
« Pour en arriver là, il faut avoir de solides bases. Il faut savoir construire un projet. Le mûrir. Le présenter et se le faire financer – certains projets demandent un financement de plus de 50000 euros, ndlr – . Un Diplôme Universitaire pourra permettre aux infirmières d’acquérir ces bases, mais aussi, pour celles qui ont obtenu un D.E avant 2012, d’acquérir des crédits ECTS – unités d’enseignements – leur permettant d’intégrer un master, puis un doctorat » explique le Dr Marin.
Un programme accessible
Le D.U est ouvert aux infirmières justifiant d’une expérience professionnelle, mais aussi aux autres paramédicaux qui s’intéressent aux sciences infirmières et aux jeunes diplômés qui souhaitent évoluer sans avoir à sortir de leur champ propre.
« Les jeunes DE connaissent le système universitaire puisqu’ils font partie de la réforme LMD. Ce D.U leur permet de les mener vers un véritable cursus infirmier et non de se limiter à la psychologie ou à la sociologie» explique Pascale Beloni. L’enseignement dure 6 mois, à raison d’une session de 2 ou 3 jours par mois.
Au programme, les participants étudieront la méthodologie de recherche, le droit, l’éthique, la qualité des soins et la gestion des risques. En fin d’année, ils soutiendront un mémoire dans lequel ils devront expliquer une problématique de terrain et envisager une méthode à appliquer pour la résoudre.
Il est à noter qu’en France, il existe aussi un master en sciences cliniques infirmières. Proposé par l’EHESP (Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique) en partenariat avec l’Université de Marseille Méditerranée, l’enseignement est accessible en formation initiale et continue depuis 2009.
Malika Surbled
*Le PHRI (Programme Hospitalier de recherche infirmière) s’est ouvert aux autres paramédicaux en 2010, devenant le PHRIP (Programme Hospitalier de Recherche Infirmière et Paramédicale).
Intéressés par le DU ?
Adressez une lettre de motivation et un C.V à la scolarité de la Faculté de Médecine de Limoges, à l’attention du responsable pédagogique du DU. Adresse : 2 rue du Dr Marcland 87025 Limoges. Les candidatures restent ouvertes jusqu’en janvier.
bravo à tous ceux qui, par le biais de leurs recherches améliorent le quotidien et ce, dans tous les domaines !
Je rejoins tout à fait notre amie Brésilienne. Dans beaucoup de pays ou la discipline infirmière existe le cursus universitaire est installé avec le Master et le doctorat en sciences infirmières. En France, notre profession est aujourd’hui dans un tournant qui je l’espère verra très vite la création de la discipline infirmière. Alors en attendant, il est important de se former aux méthodes de recherche et de se questionner sur nos pratiques pour développer nos savoirs et nos compétences pour des soins reposant sur les connaisses acquises par la recherche. Limoges a donc eu l’initiative de ce DU mais aussi Bordeaux qui ouvre dès janvier 2013 un DU recherche en Sciences Infirmières sous la responsabilité de l’Institut de Santé Publique de d’Epidémiologie de L’université Bordeaux Ségalen et en partenariat avec la faculté des Sciences Infirmières de MONTREAL..
mais le master en sciences infirmières existe, depuis 3 ans maintenant…l’article non plus ne le mentionne pas, je suis très étonnée!???….
pk pas de mention du master en sciences cliniques infirmières?