“L’HAD connaît quelques problèmes dans son développement“, a souligné en guise d’introduction la députée socialiste Joëlle Huillier, rapporteure de la MECSS.
“On peut s’interroger sur la prise en charge des patients puisque dans certains cas, ils sont trop légers pour l’HAD. Et à l’inverse, dans d’autres cas, il semblerait que les soins dispensés aux patients soient trop lourds pour les Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ou les libéraux, mais en raison du manque d’HAD, il n’y a pas d’autres choix.”
“Vous avez dressé un constat qu’on ne peut que valider“, a soutenu Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Selon lui, l’HAD prendrait du sens si elle ne se substituait qu’à de l’hospitalisation traditionnelle. « On relève toujours des inclusions de patients trop légers au sein des HAD », a-t-il pointé du doigt.
Réviser les critères d’inclusion
Revoir les critères d’inclusion entre l’HAD, les SSIAD et les infirmiers libéraux est une demande soutenue par l’ensemble des syndicats car « on constate que tout et n’importe quoi est fait sur le terrain », a rapporté Thierry Amouroux, président du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), avant d’ajouter : « Surtout que l’hôpital fait face à forte injonction de développer l’ambulatoire. Et il doit aussi faire du chiffre, donc inclure des patients dans les structures d’HAD qu’il développe par ailleurs. »
Pour Elisabeth Maylié, présidente de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (ONSIL), il faudrait aller plus loin et faire en sorte qu’il revienne aux infirmiers libéraux et aux médecins traitants de décider s’ils ont ou non besoin de l’HAD. « Nous ne voulons pas que ce soit les Agences régionales de santé (ARS) ou les médecins hospitaliers, qui ne nous connaissent pas, qui décident de nos besoins », a-t-elle soutenu.
Respect du choix du patient
Autre problème soulevé par la présidente de Convergence Infirmière, Ghislaine Sicre : l’orientation des patients. “Nous avons eu de nombreuses remontées des infirmiers libéraux à propos des problèmes qu’ils rencontrent sur le terrain avec l’HAD car lors de la sortie l’hospitalisation de leurs patients, ces derniers, captés par l’HAD, partent dans une filière pour des soins qui ne sont pourtant pas nécessairement complexes comme par exemple pour des nursings simples, des piluliers ou encore des pansements. “
Les infirmiers libéraux perdent alors leurs patients. « Les infirmières, en colère, regrettent que l’HAD vienne au lit du patient et dénoncent le fait de n’être jamais contactées », a ajouté Ghislaine Sicre.
Certains patients seraient même contraints de passer par l’HAD pour sortir de l’hôpital. “Le choix du patient, qui souhaite ou non être pris en charge par l’HAD, doit être assuré et respecté, ce qui n’est pas souvent le cas”, a soutenu John Pinte, secrétaire général du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).
Meilleure identification
Pour que ce choix soit respecté, il peut être utile, d’après Thierry Amouroux, que l’infirmière libérale qui prend en charge habituellement le patient soit plus facilement identifiable à l’hôpital afin qu’elle soit associée à la sortie du patient.
“Aujourd’hui, nous avons l’identification du médecin référent, mais pas celle des infirmiers”, a-t-il expliqué. “Or les patients ne sont pas toujours en mesure de donner les coordonnées de leur professionnelle. Il faudrait l’introduire dans le dossier patient ou dans le dossier d’admission.“
Quant à la coordination et la continuité des soins, censées être assurées par l’HAD, les infirmiers libéraux estiment qu’il n’en est rien. Elles seraient selon eux effectuées par les libéraux souvent appelés par les structures d’HAD. “Les structures d’HAD n’ont pas suffisamment le personnel pour le faire”, a rapporté Ghislaine Sicre. “Quel est alors l’intérêt de l’HAD si ce sont les libéraux qui font tout“, a conclu John Pinte.
Laure Martin
Dans le cadre de la MECSS qui porte sur l’HAD, les députés multiplient les tables-rondes. Ils ont déjà auditionné la FEDEPSAD, l’Ordre National Infirmier, puis hier les libéraux. D’autres tables rondes vont suivre.
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