Démographie infirmière : augmentation du nombre de professionnels inscrits à l’Ordre infirmier

Démographie infirmière : augmentation du nombre de professionnels inscrits à l’Ordre infirmier

L’Ordre national des infirmiers (CNOI) a publié la semaine dernière une étude démographique sur les infirmiers qui, selon lui,  confirme leur rôle essentiel dans l’accès aux soins, alors même que le projet de loi sur la profession était discuté à l’Assemblée.

©  ShutterStock

L’étude publiée par le CNOI passe en revue l’ensemble des caractéristiques démographiques des infirmiers à partir des données de l’Ordre pour des professionnels qu’il a toujours été difficile de dénombrer précisément.

Elles sont peut-être encore incomplètes car en juin dernier, quelque 100 000 IDE qui auraient du être inscrits à l’Ordre (potentiellement des salariés) ne l’étaient pas encore, nous indiquait alors sa présidente, Sylvaine Mazière-Tauran. Ce qui est sûr, c’est que 565 553 IDE étaient inscrits au tableau du CNOI le 1er mars 2025 (soit 26 553 de plus qu’en juin 2024), ce qui en fait la profession de santé comptant le plus de membres en France.

Parmi eux, 2,6% sont des infirmiers puériculteurs (IPDE), 1,32% sont des infirmiers anesthésistes et 1,12% sont des infirmiers de bloc opératoire (Ibode). Les 2 367 IPA enregistrés à l’Ordre début mars ne représentent que 0,42% des inscrits.

Un gros tiers des IDE font partie de la Fonction publique, un quart sont salariés du secteur privé et un autre quart exercent en libéral. Les autres sont sans activité ou en exercice mixte, essentiellement. Sans surprise, la profession est massivement féminine (87%).

Sur tout le territoire

La répartition géographique des infirmiers est plus homogène que celle des autres professions de santé, souligne le CNOI, et moins concentrée autour des centres urbains. Les secteurs où la densité en IDE est la plus forte correspondent à ceux où la proportion de personnes âgées, « souvent en perte d’autonomie et en situation d’isolement » est la plus forte, constate l’Ordre, c’est-à-dire, en gros, dans les deux tiers du sud de la France.

C’est encore plus vrai pour les infirmiers libéraux, dont la densité est globalement plus forte dans la moitié sud de la France. L’Ordre constate aussi que le lieu du premier exercice des IDE, à l’issue de la formation est souvent choisi dans le secteur où ils ont suivi leurs études, ce qui expliquerait leur présence dans l’ensemble des territoires.

L’étude « révèle aussi des fragilités » que le CNOI invite les pouvoirs publics à prendre en compte pour ne « pas reproduire les erreurs du passé sur la démographie médicale » et que le système de soins ne souffre pas, à terme, d’une pénurie d’infirmiers comme il souffre aujourd’hui d’une pénurie de médecins. Une étude de la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé a en effet tracé en décembre la perspective d’un possible manque de 80 000 infirmiers en 2050 alors même que la demande en soins va augmenter.

Fragilités

L’étude du CNOI pointe que des zones sont déjà sous dotées en infirmiers par rapport aux besoins dans des zones périphériques des métropoles, notamment dans les Pays-de-la-Loire, l’Île-de-France ou certaines zones frontalières. Une des raisons : le zonage actuel est basé sur les besoins évalués en 2020.

L’Ordre demande donc de réviser la base de calcul du zonage tous les deux ans, comme prévu dans les textes. Il souligne aussi l’effet repoussoir des tensions sur les loyers dans certaines régions. Et il s’alerte, globalement, d’un « risque de fragilisation de l’accès aux soins » dû au vieillissement des infirmiers eux-mêmes, déjà perceptible dans les DROM et les régions PACA, Occitanie et Nouvelle Aquitaine, et en particulier pour les libéraux. Le nombre des Idel de plus de 60 ans a presque doublé en cinq ans. De plus, même si le nombre de libéraux a progressé ces dernières années, ils ne s’installent pas de manière homogène.

C’est encore plus vrai des IPA, certes encore peu nombreux mais dont le rôle dans le système de santé devrait s’accroître, et qui exercent plus volontiers dans leur zone de formation ou là où ils peuvent bénéficier d’un soutien financier public.

Face aux perspectives d’accroissement des besoins de soins dans la population d’ici 2040, qu’il évalue à 55%, l’Ordre rappelle la nécessité, pour susciter des vocations et maintenir le plus possible les IDE dans leur emploi, de revaloriser la profession et toutes ses spécialités et d’améliorer l’attractivité de la profession qui constitue selon lui « une réponse aux défis de santé publique ».

Géraldine Langlois

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