Dans un communiqué diffusé le 18 août, l’association de soignants et soignantes Pour une M.E.U.F (Pour une médecine engagée unie et féministe) a expliqué soutenir les usagers et usagères de santé qui “s’organisent afin de créer des listes de soignant.e.s réputé.es sûr.es dans tous les domaines du soin“.
Cette prise de position intervient alors que l’Ordre des médecins et l’Ordre des infirmiers ont condamné, le 11 août dernier, la mise en ligne d’annuaires de professionnels de santé “communautaires”. Cette condamnation faisait suite à la diffusion sur Twitter, d’une liste de soignants noirs, destinée à des patients noirs, rappelle-t-on.
Contrairement aux Ordres professionnels, Pour une M.E.U.F approuve que “les patient.es et usagèr.es de santé s’organisent afin de créer des listes de soignant.es réputé.es ‘sûres’ dans tous les domaines du soin“, explique l’association sur son site web.
“La couleur de peau d’un.e praticienne et son origine ne dit rien de ses pratiques. Néanmoins, force et de constater qu’il est parfois plus rassurant pour certain.es patient.es de se diriger vers des soignant.es racisé.es et/ou ouvertement LGBT-friendly, fat-friendly, des soignantes femmes afin de se sentir plus à l’aise, de réduire le risque de se retrouver face à un.e soignant.e pouvant tenir des propos discriminatoires, d’avoir une attitude méprisante, voire de pratiquer des soins néfastes. Il s’agit souvent de patient.es ayant déjà eu une histoire de soins douloureuse, qui ont été entre les mains de soignant.es les ayant mal traité.es (ou maltraité.es)“, estime l’association.
L’association dénonce un déni, “malgré les témoignages abondants“, de l’existence de racisme, d’homophobie, de transphobie, de misogynie, de psychophobie, de grossophobie, de mépris de classe dans le soin.
“Sur le hashtag #BalanceTonMédecin sur Twitter, des centaines de patient.es ont témoigné de mauvaises pratiques subies pendant les soins. L’ensemble du corps médical a dénoncé le “docbashing” sans s’émouvoir de la détresse de ces personnes, sans même condamner les comportements intolérables dont il était question.“
L’association dénonce par ailleurs des carences dans la formation initiale des soignants, qui “n’intègrent encore que trop peu, voire pas du tout, les notions de discriminations dans les soins“.
“Pire, certaines les font perdurer, parfois de manière officielle, souvent de manière officieuse. Trop nombreux sont encore les témoignages de jeunes soignant.es ayant entendu parler du supposé ‘syndrome méditérranéen’, trop nombreux sont les stéréotypes sur les patient.es de telle origine, de telle orientation sexuelle, présentant tel trouble psychologique, telle morphologie corporelle“.
Réforme de l’enseignement du soin, sensibilisation, sanctions : l’association Pour une M.E.U.F demande que soient mis en oeuvre des mesures pour “modifier en profondeur” la manière dont les patients et patientes sont considérés.
“Tant que nous n’effectuerons pas cette introspection, tant que ces pratiques ne seront pas fermement dénoncées par les représentants du corps médical, tant que les sanctions ne seront pas prises, tant que les patients continueront à être violenté.es dans leurs parcours de soins, alors nous ne pourrons pas leur tenir rigueur“, conclut l’association.
Rédaction ActuSoins
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