Le 9 juillet, le service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou se mettait en grève. Si la situation était déjà très intense avant les JO, les personnels soignants craignent une hausse de l’activité pendant la période estivale et une dégradation de leurs conditions de travail.
L’organisation des JO de Paris va occasionner l’arrivée d’environ 15 millions de touristes. Cet afflux fait craindre aux équipes des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou, déjà saturées en temps habituel, une hausse de l’activité.
« On nous dit que notre activité ne va pas être impactée par la santé des athlètes, qu’ils iront en polyclinique privée. Mais nous craignons néanmoins un surplus d’activité, liée à l’afflux de touristes », explique Fatma Belarbi, secrétaire générale CGT. D’autant plus que leur hôpital fait partie des établissements de « référence », mobilisés pendant la période.
Le 9 juillet dernier, les urgentistes en grève avaient donc placé des banderoles dénonçant leurs inquiétudes. «JO = Arnaque » ou encore « Applaudis en 2020, méprisés en 2024 ».
Les organisations syndicales dénoncent aussi le manque de préparation. Marguerite (le prénom a été changé), infirmière aux urgences, s’en inquiète : « en cas d’attentat, de blessures graves à prendre en charge, nous ne sommes pas prêts », estime la soignante, qui a eu une formation expéditive concernant l’organisation du service en cas de gestion de crise.
Les soignants des urgences relèvent aussi une incohérence liée à la valorisation financière de leur activité pendant cette période. Alors que les urgences constituent un filtre avant la répartition des patients dans les différents services, « pourquoi les soignants qui y exercent n’auraient pas droit à une prime JO alors que d’autres services comme la réa, la médecine interne ou l’orthopédie devraient y avoir droit ? », s’interroge Fatma Belarbi. Parmi les revendications de la CGT, la demande d’une prime JO de 2 000 euros bruts « pour tous les agents, pas seulement les aides-soignants ou les infirmiers », explique celle qui estime que la mobilisation est collective, du brancardier au personnel de nettoyage.
Pour les services concernés par la prime, elle exprime la peur que cela ne se concrétise pas : « Si jamais les personnels ont du mal à arriver pendant la période des JO, à cause de la fermeture de certaines stations de métro, des compétitions, ou sont en retard, on pourra leur dire que finalement, on ne leur donnera pas leur prime », craint-elle. À défaut d’une prime JO, elle propose au moins la possibilité d’une prime de sous-effectif pour les agents des urgences, les agents du Poma des urgences et de la radio des urgences.
Des urgences à bout de souffle
D’autres revendications sont portées pour améliorer les conditions de travail des urgences : la titularisation des CDD aide-soignants, le recrutement d’un psychiatre et d’une infirmière en psychiatrie 24/24, le recrutement de 4 aide-soignants au point d’accueil administratif des urgences, une meilleure gestion des personnes sans domicile et organisation du flux…
Car ces demandes ne datent pas des JO : entre le manque de personnel, la hausse des agressions physiques et des insultes, l’impuissance des agents de sécurité – qui ne sont pas autorisés à toucher les patients – …. Fatma Belarbi parle d’équipes des urgences à bout de force.
Et « pas seulement les vieux, qui ont de la bouteille, mais aussi les jeunes générations ». Selon ses informations, il arrive même que des étudiants en soins infirmiers en contrat d’allocation d’études préfèrent, au bout des 18 mois requis, quitter leur service, ou même partir avant et rembourser leurs primes.
« Si on leur propose un autre service, ils refusent. Ils veulent quitter le secteur hospitalier ! » Un choix radical qui dénote un vrai malaise. Marguerite confirme ce ressenti. « Depuis des années, nos conditions de travail se sont dégradées. Notre activité a augmenté de 40 % », explique-t-elle.
Mais les recrutements ne sont pas à la hauteur de la charge de travail. Résultat : les patients restent sur les brancards pendant des heures. L’infirmière se rappelle ainisi un patient de 95 ans resté allongé 24 heures, en attendant une prise en charge. « Les patients ne sont pas des chiffres », regrette encore Marguerite, qui déplore la fermeture d’environ 170 lits à Pompidou à des fins d’économies.
Et question salaires, « ils ne sont pas assez attractifs », tranche-t-elle. Elle constate le recours de plus en plus fréquent aux intérimaires, pour un coût plus élevé alors que les salaires sont gelés dans la fonction publique. « Cela créé des tensions, car nous devons les superviser, les fixes doivent s’adapter aux horaires ou congés voulus par les intérimaires », regrette-t-elle.
« Nos agents sont plus que déterminés, il faut que ça bouge. Si ça ne bouge pas, il y aura des répercussions », assure Fatma Belardi, qui évoque de nouveaux départs ou des mouvements de grève en vue. Bien sûr, ajoute-t-elle, ces demandes formulées à l’occasion des JO ont vocation à se pérenniser – si toutefois elles aboutissent.
Une nouvelle réunion de négociation devrait avoir lieu la semaine prochaine avec la direction de l’hôpital.
Delphine Bauer
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