Les Z’entonnoirs : des patients sur les ondes…

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Le jingle donne le ton. « Ils sont malades. Vraiment malades. Chaque lundi ils se regroupent dans leur quartier général à Roubaix et ils enregistrent une émission de radio. Dans le milieu, on les appelle... les Z'entonnoirs !».

"Les Z'entonnoirs" - © EPSM de l'agglomération lilloise

"Les Z'entonnoirs" - © EPSM de l'agglomération lilloise

Pas de concession, pas de pincettes. Depuis 2005, l'émission des Z'entonnoirs se veut espace de parole et de liberté : elle est conçue et animée par des patients atteints de troubles psychiques et des infirmiers de l'EPSM de l'agglomération lilloise.

Dans le studio de La Condition Publique - fabrique culturelle- il y a Bruno, Yohann, Margot, Malika, Tahar, Brahim... L'un souffre de phobie sociale, l'autre de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de dépression.

Chaque lundi matin, ils préparent le rubriquage de l'émission : cinéma, musique,santé, météo, débats, interview, reportages.

Tout y est discuté dans une ambiance parfois animée, qu'il faut cadrer. L'enregistrement de l'émission se déroule l'après midi. Le tout est ensuite monté puis diffusé quelques jours après.

Un temps thérapeutique

Ici, il y a égalité de parole entre soignant ou patients, égalité tout court. « C'est un espace où les patients trouvent enfin de la place pour s'exprimer et pour qu'on les écoute » assure Blandine Beugnet, une des infirmières animatrices. L'enregistrement est toujours suivi d'une réunion de débrief. Ce moment est important pour dire la façon dont chacun a vécu le déroulement de l'émission ou pour exprimer ce qui n'a pas pu être dit. « Le but est qu'ils ne gardent rien sur le cœur en repartant d'ici ».

[dropshadowbox align="center" effect="lifted-both" width="420px" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Médecins et soignants qui suivent ces patients constatent les bénéfices qu'en tirent les participants : moins d'hospitalisation et d'isolement, plus d'autonomie, d'acquisition de compétences...[/dropshadowbox]

L'émission s'inscrit comme un atelier du Centre d'Accueil Thérapeutique à Temps partiel. Tous les patients 'stabilisés' peuvent y participer. Erika Schröder, cadre de santé supérieur à l'origine du projet explique : « l'atelier n'est jamais prescrit mais il peut être suggéré à certains par un infirmier ou un médecin. D'autres arrivent par bouche à oreille ou parce qu'ils ont déjà entendu l'émission ». Parfois, le format ne correspond pas aux attentes des patients.

Parfois, certains ont des difficultés à s'adapter aux règles de fonctionnement du groupe. Mais autour des micros, on trouve beaucoup de patients fidèles. «C'est un lieu où l'on est en confiance » glisse Margot. « Cela m'a sauvé la vie » n'hésite pas à confier Yohann. Erika Schröder assure que les médecins et soignants qui suivent ces patients constatent les bénéfices qu'en tirent les participants : moins d'hospitalisation et d'isolement, plus d'autonomie, d'acquisition de compétences...

D'égal à égal

Une chose est sûr, dans cet espace, on apprend la tolérance, l'écoute, on créé des amitiés. Et la relation entre les soignants et les patients du groupe s'en trouvent bouleversée. « On est ici d'égal à égal, il y a moins de barrière entre nous » reconnaît Marie-Agnès Barré, une autre infirmière animatrice.

Le projet s'est initialement inspirée d'une radio argentine précurseure  (la Colifata). Aujourd'hui, l'expérience commence à être répliquée ailleurs :  Morlaix,  Toulouse, Nantes... Nul doute que l'espace ouvert à travers cette prise de parole est inspirante pour soignants et soignés. Bruno, le poète révolutionnaire du groupe, le rappelle : « la folie est le seul espace de liberté qu'il nous reste ».

Caroline Guignot

Pour aller plus loin : 

Un documentaire a été réalisé sur les Z'entonnoirs par Marine Place (2012). Il peut être visionné ici

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Réactions

3 réponses pour “Les Z’entonnoirs : des patients sur les ondes…”

  1. Roberte dit :

    ça veut dire quoi?

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