Réduction des RTT à l’AP-HP : Martin Hirsch compte passer en force, selon les syndicats

Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP a convoqué les 8 syndicats de l’AP-HP le 6 mai 2015 pour remettre en cause le protocole RTT signé en 2002 en joignant un document de travail de 35 pages. Les syndicats craignent un passage en force.

Réduction des RTT à l'AP-HP : Martin Hirsch compte passer en force, selon les syndicatsLe directeur général de l’AP-HP propose un calendrier, avec 6 réunions pour effectuer un état des lieux, suivi de 8 réunions de négociations à partir du 28 mai sur la base d'un projet de protocole.

A défaut d’un accord, il devrait imposer sa réforme, après consultation des instances représentatives du personnel (au niveau central puis local) avec une date d’effet au 1er janvier 2016.

Trois des quatre syndicats représentatifs ont déjà appelé à une journée de mobilisation le 21 mai. 

L'objectif de la direction est soit de "réaliser des économies à hauteur de 1 000 postes en équivalents temps plein par an, sur quatre ans", à moins de supprimer des jours RTT (20 à 24 jours par agent) à tous les agents, pour trouver l’équivalent de ces 1 000 postes, selon Thierry Amouroux, président du SNPI (CFE-CGC). Le syndicat a été reçu lundi avec la CFDT et l'Unsa par le directeur général Martin Hirsch.

Le DG de l’AP-HP a pour objectif de supprimer les jours de "forfait protocole" (1) d’une part, et de réduire le nombre de RTT en raccourcissant la journée de travail d’autre part, selon le SNPI.

Pour Didier Choplet, secrétaire général adjoint de la CFDT de l'AP-HP, ces chiffres laissent présager une réforme "extrêmement violente pour les agents".

"Nous sommes très inquiets sur le climat social que cela va générer", alors que les tensions sont déjà vives en raison notamment de la non revalorisation des salaires, souligne-t-il.

Martin Hirsch met en garde contre la suppression de 4 000 emplois

Pour Martin Hirsch, la révision de certaines organisations pourraient générer 25 millions ou 30 millions d'euros d'économies, ce qui permettrait de ne pas avoir à les trouver ailleurs, souligne l'APM. L'AP-HP doit réaliser 150 millions d'euros d'économies en 2015 et est confrontée aux prochains objectifs nationaux des dépenses d'assurance maladie (Ondam).

Martin Hirsch compte ainsi réaliser des économies gagner "par une autre organisation du travail", sans diminuer la masse salariale (environ 60% du budget). "Le risque, si on ne le fait pas, est de devoir supprimer des emplois", prévenait-il mi-mars. ce dernier évoque "3 000 ou 4 000 emplois".

Trente-huit établissements et 75 000 personnels (hors médecins) sont concernés par cette réforme qui pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2016.

Réorganiser les 35 heures

"Il ne s'agit pas de remettre en cause les 35 heures" introduites il y a 13 ans, a-t-il précisé à l'AFP mais de "revoir les manières de les organiser" et de "les répartir dans la semaine", car elles ne sont plus "adaptées à nos besoins", au regard notamment du développement de la chirurgie ambulatoire.

L'AP-HP recherche plus de "souplesse", souhaitant par exemple adapter la taille des équipes aux pics d'activité, tout en "veillant à la qualité de vie au travail", comme l'indique le document que la direction vient de remettre aux syndicats. Il s'agit aussi de mieux "coller au rythme du patient", selon Martin Hirsch.

Or, les rythmes de travail à l'AP-HP sont très divers (2) : 66% des agents travaillent 7h36 (38 heures /semaine) ou 7h50, mais d'autres font 10 heures de nuit, 12 heures de jour, certains cadres sont au forfait. Le nombre de jours supplémentaires au titre de la réduction du temps de travail (RTT) varie entre 20 et 24 jours, plus pour les cadres au forfait.

La direction souligne aussi la masse des journées de RTT non prises à cause du manque d'effectifs et accumulées sur des comptes épargne temps. Le stock représentait 74,7 millions d'euros fin 2014 et concernait plus de 36 000 agents. Une page internet sur le site de l'AP-HP est entièrement consacrée aux questions relatives au temps de travail et à la négociation en cours.

Un risque pour les transmissions

"Pour les agents qui n'ont pas de relève comme les administratifs, les ouvriers, l'objectif est de tendre vers les 7 heures", et pour les équipes qui ont des relèves, comme les équipes de soins, "c'est de réduire le temps qui est majoritairement de 7 heures 36, avec certains en 7 heures 50", estime Thierry Amouroux.

Or, "quand il y a une équipe de nuit en 10 heures, des équipes de jour et d'après-midi en 7 heures 36, ça fait 25 heures sur une journée de 24, ce qui permet un temps de transmission crucial". En réduisant le temps de travail la journée à 7 heures, "il n'y a plus de transmission, donc des pertes d'information, et c'est un danger pour les patients", affirme-t-il.

Par ailleurs, plusieurs représentants syndicaux ont critiqué la volonté de la direction de remettre en place "la grande équipe". Cela signifie que les personnels ne seraient plus affectés de manière fixe au matin, à l'après-midi ou à la nuit mais tourneraient entre ces options de manière régulière, selon l'agence APM.

Un exemple pour les autres hôpitaux

Jusqu'à présent, la moitié des hôpitaux ont renégocié leurs accords RTT, plus ou moins dans la douleur. Cela s'est traduit "par un retour à l'équilibre budgétaire, par le dégagement d'un bénéficie ou par la réduction du déficit", assure Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France, à l'AFP.

Désormais, "tout le monde regarde l'AP-HP, le fleuron de l'hospitalisation. Beaucoup d'hôpitaux vont s'y mettre parce que l'AP s'y est mis", analyse M. Vincent. Et "si l'AP s'y est mise, c'est qu'elle a obtenu des garanties du soutien du gouvernement".

Mais les syndicats n'entendent pas laisser M. Hirsch imposer son "49-3" pour supprimer des postes et porter un coup à la sécurité et la qualité des soins et du travail, résume Rose-May Rousseau, représentante CGT.

"Sous couvert de qualité de vie au travail, de lutte contre l'absentéisme et l'usure, il veut nous enlever les RTT pour avoir plus de flexibilité et veut supprimer les équipes fixes (...) Quel sera l'impact sur la vie familiale" des agents ?, s'inquiète de son côté Carole Soulay, responsable SUD.

Les personnels devront faire en 7 heures ce qu'ils "n'arrivent déjà pas à faire en 7h30 ou 7h36", avec une "intensification du travail", a-t-elle souligné.

Cyrienne Clerc avec l'AFP, l'APM et Le Parisien

(1)  Le décret du 4 janvier 2002  précise également le nombre de jours de RTT : 18 jours pour 38h par semaine, 12 jours pour 37h, 6 jours pour 36h, rien en 35h. Le protocole AP-HP de 2002 a prévu des « plus », à savoir pour les agents en 7h36 (soit 38h par semaine) et ceux en 10h, deux jours de « forfait protocole », et pour ceux en 7h50, quatre jours de « forfait protocole ».

 

(2) Selon le document de l'AP-HP, la moitié des agents (50,1%) travaillent en 7h36 par jour, 16,2% en 7h50, 9,25% en 10 heures de nuit, 7% en 12 heures de jour, 6,8% au forfait (cadres), 6,2% en 7 heures de jour, 2,8% en 12 heures de nuit et 1,5% en 10 heures de jour, selon les données du 2 décembre 2014.

Le coût du stock de compte épargne-temps (CET) historique, charges comprises, s'élève à 74,7 millions d'euros au 31 décembre 2015, et celui du CET pérenne (qui complète depuis 2013 le CET historique) à 24,8 millions d'euros.

 

Actualisation : les explications de Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP

Martin Hirsch a affirmé qu'il ne voulait "pas un hôpital sans RTT" et ferait des propositions "équilibrées" en ce sens, à quatre jours d'une grève appelée par les syndicats contre son projet de réforme des 35 heures.

"L'hôpital est passé aux 35 heures sans changer son organisation. On a gardé les mêmes horaires en se disant qu'on verrait bien... Cela a tenu dix ans, cela ne tient plus du tout. Du coup, on traite les problèmes avec quinze ans de retard et de rancoeurs accumulées", affirme M. Hirsch au Journal du dimanche.

"Il faut des RTT, et les propositions que nous mettrons sur la table maintiennent des RTT. Je ne veux pas un hôpital sans RTT", martèle-t-il.

"Nous ferons des propositions équilibrées. Nous raisonnons d'abord en fonction des activités médicales, de ce qui correspond aux besoins des patients, pour savoir quels schémas horaires sont les plus adaptés", ajoute le patron de l'AP-HP.

Il évoque les contreparties de son projet. Une part des gains obtenus "doit aller à la maîtrise des dépenses", une "deuxième part peut aller vers des investissements, les nouveaux matériels, l'humanisation des locaux" et enfin "une part revenir aux agents" à travers notamment "une amélioration des conditions de travail et des garanties sur l'emploi", assure-t-il.

Il affirme ne pas vouloir "passer en force" mais "écouter les inquiétudes". "Nous mettrons plusieurs options sur la table pour qu'il y ait matière à négocier", dit-il.

Selon M. Hirsch, il est "indispensable" de renégocier le temps de travail dans les hôpitaux de Paris à la fois pour "adapter" l'organisation du travail "aux besoins des patients" et pour "préserver l'emploi" et "la qualité du travail".

(Source AFP)

 

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Réactions

27 réponses pour “Réduction des RTT à l’AP-HP : Martin Hirsch compte passer en force, selon les syndicats”

  1. laurentin dit :

    Il semble que ce soit , à écouter M Hirsh, une avancée sociale que de contraindre les soignants à réaliser leurs reléves sur leur temps personnel …..

  2. cachouchou dit :

    c’était faisable autrefois : moins de stress, plus de temps aux patients mais à ce moment il faudrait aussi revoir nos départs à la retraite et notre pénibilité reconnue

  3. Alsete dit :

    Comment vont se faire les transmissions en 7 H – 7 H – 10 H ?

    Pour résumer, il faudra s’arrêter de s’occuper des malades 20 mn avant son heure de départ pour faire des transmissions écrites et partir à l’arrivée de la relève.
    Cette mesure portant sur les horaires (donc quantitative) va avoir une implication qualitative : la suppression des transmissions orales.

    Donc la direction de l’AP-HP veut faire des économies en remettant en cause l’utilité du partage vivant d’informations entre équipes de soins.

    C’est tout ce que j’ai compris mais je crois qu’il n’y avait rien de plus à comprendre.

  4. Et ce n est pas fini …!!!! Y’a pas que les 35 h que le gouvernement remet en cause

  5. Donc qui trinque encore.nous travailleurs.on est juste bon pour payer.payer payer.on nous parle d economie.mon cul.economie yen aura pas.tous les ans c esy la meme.vous enlever a droite pour pouvoir mieux utiliser a gauche.et le trou de l etat est encore la.alors arreter avec vos betises.car si on nous a mis les rtt c est pour une simple et bonne raison.on adore tous notre travaille.mais on n a qusdi besoin de respirer pour tenir.sinon jvous proposerais bien d echanger nos place et vous verrez que les rtt sert a beaucoup de chose.arreter de parler alors qu on est en manque d effectif deja.mettez votre tenu de soignany en geriartrie.et venez mettre la main a la pate.apres vous nous jugerez.nous on travaille pour rien .et pourtant

  6. Mariame Koné dit :

    Bila Amara Sandrine Cich Johanna Heldire Yolande Coulibaly Amina Ait sa commence a etre chaud! C est déjà DUR pour nous pour gérer nos patients . Faut pas oublier qu on a une vie en dehors du boulot. On nous enlève tout. OU VAS T ON?

    • Amina Ait dit :

      De pire en pire !!!! D’accord avec toi Mariame Koné le travail est déjà assez dure sans les RTT la qualitée du travail ne sera sûrement plus la même….

  7. Se ne sont pas les 35 heures qui doivent être remis en cause mais l’absence de recrutement pour les appliquer!!!

  8. Dans les hôpitaux il n’y a pas que des soignants il y a plein d’autre corps de métier qui n’ont peut être en effet pas besoin de relève ils peuvent déjà commencer par eux …
    En même temps perdre ses 20 rtt par an c’est terrible …
    Moi mes rtt ils sont sur mompte d’heure impossible de les prendre et pourtant je n’en ai que 5 …

  9. Florine Skot dit :

    Pacot Maud Antoine Dupache

  10. Little_asa dit :

    Perso, on nous a sucré des RTT, on bosse en 7h30 (on a perdu environ 15min), du coup, on offre nos 10min d’habillage à la princesse (ce qui est en total désaccord avec le code du travail, mais bon, apparemment le public peut aller outre sans être inquiété).
    Faire le plus de taf en moins de temps possible, on en vient à la taylorisation du soin.
    Le temps est pris sur les transmissions, où l’on finit par oublier des choses essentielles, où alors, comme bien souvent, on part quasi une heure plus tard, non pris en compte sur la badgeuse bien évidemment…
    Mais à part ça, on bosse dans l’intérêt du patient il parait…

  11. solange granier dit :

    Cumuls contre productifs.

    Il n’est pas écrit dans cet article que monsieur Amouroux est bien mal placé pour revendiquer. En effet, secrétaire général (et pas président) du SNPI, président de l’Ordre infirmier de Paris, vice président du CIF, membre de presque toutes les commissions au ministère de la Santé, etc, etc … Ce monsieur n’a pas mis les pieds dans un service depuis au moins dix ans !
    Et à force de croiser les directeurs au ministère dans des réunions à petits fours et thé/café, il doit certainement en perdre son latin.
    La pénibilité, il ne sait pas ce que c’est. Comment un tel personnage peut il être légitime à défendre la cause des infirmières ?

    • Little_asa dit :

      Y a pas que lui qui se bat dans ce conflit, relisez l’article et arrêtez votre chasse aux sorcières, ça en devient ridicule et ne sert en rien votre cause, bien au contraire.

  12. cette fois ci va falloir que les ide et as se mettent en grève et fortement même si il y a des réquisitions , car la le hirsh il va commencer par les rtt et il va imposer plein d’autres choses, et pendant ce temps là on nous pond des directeurs de ceci cela à toutes les sauces, des cadres sup à la pelle et c’est encore les petits qui vont trinquer. Ils vont finir par imposer comme ça se fait dans certains lieux dans le privé, des journées coupées pour avoir le personnel le matin et le soir en grand nombre et une grande coupure dans la journée et si tu n’habites pas à côté de ton taf et ben t’es bon pour des journées de 15 h avec le transport

  13. Allais encore le personnel soignant qui trinque mais jusqu’où vont-ils aller?? Les RTT le seul avantage que l on a à l hopital!

    • leilou dit :

      avantage ??? c’est le résultat du fait de travailler + de 35h payés 35… les RTT ne sont pas un avantage mais un dû aux heures sup non rémunérées que nous faisons

  14. 20 à 24 RTT par agent! Ah ouais j’ai jamais eu tout ça moi. On va le laisser bosser 7 jours d’affilée. On va voir quelle tête il va faire au bout du 4e jour. Passez de 7h50 à 7h mais il a cru au père Noël. On arrive déjà pas à tout faire en 7h50 alors en moins d’heure c’est mission impossible.

  15. Jeanne Boyer dit :

    Pff… Ou va t’on??

  16. Amelie Beag dit :

    Dans le secteur privé ils comptent faire ça en force également et personne n’en parle…

  17. 7h et suppression des RTT mais moi mon RTT me permet de couper ma grande semaine, il est forcément utillise sinon je bosse 7 jours d affiles!!!! Donc que l on vienne pas me dire que les RTT ne peuvent pas être pris!! Il est inclu directement dans mon roulement. Qui bosse 7 jours consécutifs à l heure actuelle ?????

  18. 7h et suppression des RTT mais moi mon RTT me permet de couper ma grande semaine, il est forcément utillise sinon je bosse 7 jours d affiles!!!! Donc que l on vienne pas me dire que les RTT ne peuvent pas être pris!! Il est inclu directement dans mon roulement. Qui bosse 7 jours consécutifs à l heure actuelle ?????

  19. Je dirais meme la mega cata

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