La crise des urgences laisse présager « un véritable désastre sanitaire », alerte Samu-Urgences de France

Ce printemps, la crise du système de santé devrait atteindre son paroxysme à travers une faillite incontrôlée du fonctionnement des services d'urgence qui laisserait présager, dès cet été, "un véritable désastre sanitaire", alerte le syndicat professionnel Samu-Urgences de France, dans une lettre ouverte adressée à Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et de la prévention. 

La crise des urgences laisse présager "un véritable désastre sanitaire", alerte Samu-Urgences de France

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Avec plus d'une centaine de services d'urgences, de toutes tailles, des petits CH aux grands CHU, déjà en difficulté majeure, la France doit faire face à une cette crise qui prend de l'ampleur. Les difficultés à venir seront "sans commune mesure avec les difficultés estivales habituelles", prévient Samu-Urgences de France. 

"Cette faillite de cette première ligne aura des répercussions désastreuses sur l'ensemble de l'hôpital et du système de santé français", explique le syndicat dans sa lettre ouverte. 

"Vitrine de l'hôpital", les urgences apparaissent aujourd'hui surtout comme une interface entre la ville et l'hôpital qui concentre les dysfonctionnements de ces deux secteurs, poursuit Samu-Urgences de France. 

"Ces dysfonctionnements se traduisent par une saturation inacceptable des urgences qui a des conséquences dramatiques sur la santé des soignés (on évoque de plus en plus de véritables situations de 'maltraitance', a fortiori lorsque des services doit fermer par manque de ressources) et...sur celle des soignants, à la fois harassés par la surcharge de travail, désespérés par le sentiment de mal faire leur métier et désemparés par la montée des violences réactionnelles dont ils sont victimes". 

Pas de "solution miracle", mais des "outils"

Pour désamorcer la crise, l'organisation propose de mettre en place un "panel d'outils", "pour l'amont comme pour l'aval". 

Sur l'amont, elle préconise d'agir sur les urgences...qui n'en sont pas. Il faut que "les urgences ne prennent en charge que ce qui relève des urgences", demande Samu-Urgences de France.

Pour cela, il faut "communiquer" auprès du public. "Avant de vous déplacer, appelez", pourrait-on faire savoir [dans une campagne, ndlr], suggère le syndicat.

Il faut aussi "renforcer la régulation médicale", "imposer une régulation médicale préalable à toute entrée aux urgences", "coordonner les fermetures des cabinets médicaux en lien avec les CPTS et/ou les CDOM"; "mettre en place des unités mobiles/fixes de télémédecine à la disposition du Samu/SAS"; "valoriser financièrement les libéraux qui apportent une réponse à des besoins de soins non programmés définis par la régulation médicale", estime-t-il. 

Sur l'aval, les patients sont "des malades de l'hôpital et non ceux des seules urgences!", rappelle Samu-Urgences de France. 

L'organisation demande "d'imposer une gestion des lits, opérationnelle dans tout établissement siège de SU"; "d'imposer une gestion des lits territoriale, pour tout établissement siège de GHT"; "de mettre en place le Besoin Journalier Minimum en Lits (BJML)", comme préconisé dans le pacte de refondation des urgences; "d'imposer la reprise par les établissements qui n'ont pas de structure des urgences les patients suivis chez eux et qui sont dans un service d'urgence"; de "fermer les UHCD qui ne jouent plus leur rôle ou en confier la responsabilité à d'autres médecins que les urgentistes". 

Par ailleurs, elle demande "d'anticiper les difficultés". Il s'agit de "coordonner les solutions à l'échelle d'un territoire, y compris avec le secteur privé, pour éviter des fermetures conjointes de plusieurs structures", détaille-t-elle. 

Agir en faveur des personnels de santé

"Les professionnels de santé ont pour mission d'éviter aux patients de souffrir, mais n'ont pas vocation à souffrir eux-mêmes du fait de conditions de travail inadaptées!", considère Samu-Urgences de France. 

Préconisations? D'abord, il faut "recruter les effectifs jugés nécessaires, sur la base des référentiels professionnels en rendant les conditions de travail acceptables". 

Parmi d'autres mesures, Samu-Urgences de France préconise également de "rétablir la valorisation financière des horaires de permanence de soins [...], revaloriser les heures supplémentaires et le temps de travail additionnel". 

"Aujourd'hui, le sujet n'est malheureusement pas d'attirer de nouveaux professionnels dans nos établissements mais d'éviter le départ des rares qui y restent...", conclut le syndicat. 

Rédaction ActuSoins

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