Santé mentale : une appli co-créée avec des soignants pour enrayer les crises et favoriser le rétablissement

Des soignants du pôle de santé mentale 59G21 de Lille ont co-conçu une application (gratuite) qui vise à aider les personnes souffrant de troubles ou de maladies psychiques à prévenir et surmonter les moments de crise mais aussi à s'inscrire dans une démarche de rétablissement. Elle est en ligne depuis ce printemps.

© dodotone / ShutterStock

L'application a été baptisée « ESPER » pour reprendre les termes espoir, soutien, plaidoyer, empowerment et responsabilité personnelle.

Lorsque les patients l'ouvrent sur leur téléphone, ils sont accueillis « chaque jour par une citation inspirante différente, explique Louise Davrout, infirmière à l'EPSM (Établissement public de santé mentale) Lille Métropole, qui a participé à la conception du projet. Positives, ces citations visent à susciter, dans la bienveillance, la réflexion ».

Ensuite les utilisateurs peuvent « évaluer leur humeur par un emoji et leur sommeil en indiquant l'heure du coucher et du réveil ainsi que les éventuelles réveils durant la nuit », poursuit Sophie Gottrand, infirmière également impliquée. Ils ont aussi accès à deux outils essentiels : leur plan de crise et leur plan de rétablissement. « Ce sont des outils que nous utilisons, tous services et professionnels confondus, depuis une grosse dizaine d'années », poursuit Louise Davrout.

Quand l'ARS a lancé son appel à projets pour le Fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop), l'équipe a eu l'idée de les numériser pour qu'ils soient plus facilement accessibles que les documents sur papier mais aussi plus facilement modifiables et aussi partageables.

Le projet a été retenu et des groupes de travail composés de professionnels de l'EPSM, notamment infirmiers, et d'usagers (rémunérés pour leur participation) ont planché durant quasiment un an sur la rédaction du cahier des charges et la co-construction du projet avec le prestataire.

Co-construit entre soignants et usagers

Les utilisateurs de l'appli peuvent remplir le plan de crise comme le plan de rétablissement, quand ils veulent, sur proposition ou pas des professionnels. L'appli leur propose de décrire, dans le plan de crise, comment ils se sentent quand ils vont bien, d'identifier des éléments potentiellement déclencheurs d'une crise (par exemple le manque de sommeil).

Ils peuvent aussi indiquer ce qui a fonctionné pour eux lors de crises précédentes ou ce qui ne marche pas en général, mais aussi les personnes ressources qu'ils peuvent solliciter, etc. Cela peut les aider à identifier le moment où une crise approche, à l'enrayer ou à y faire face. « Le but, c'est d'éviter une hospitalisation suite à une crise », résume Louise Davrout.

Le plan de rétablissement repose quant à lui sur « l'objectif de vie que se donne la personne, par exemple à partir d'un rêve, et sur des questions qui en découlent, poursuit-elle. Il lui permet de se rendre compte des étapes à franchir, de ses ressources personnelles, de ses forces et de ses faiblesses, des personnes qui peuvent l'aider... ». Le plan aborde aussi les enjeux autour de la vie sociale, du logement, de la famille, de la sphère administrative, des loisirs, des études, du travail ou de la consommation... Les utilisateurs peuvent définir trois objectifs prioritaires. Il s'agit d'aider la personne, globalement, à vivre avec sa maladie, son trouble, quels qu'ils soient, et à se sentir bien.

Partage

Les utilisateurs peuvent rédiger ces plans seuls ou avec des proches de confiance et ils peuvent les partager avec les personnes de leur choix, notamment les soignants. Mais ils peuvent très bien, aussi, utiliser l'appli sans en partager les éléments et données. Selon Sophie Gottrand, les retours des patients sont « très positifs ». Un dernier espace de l'application leur propose des ressources documentaires et de partenaires nationaux ou du territoire, financement régional oblige.

L'appli a déjà été téléchargée 1 100 fois en environ 8 mois et 560 plans ont été complétés (il n'est pas indispensable qu'ils soient complétés pour être utilisés). Une partie des téléchargements est a priori réalisée par des patients vivant hors des Hauts-de-France. L'outil intéresse en effet des équipes en santé mentale d'autres régions.

Disponible sur IOS et Android et en ligne.

Géraldine Langlois

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