Infirmière libanaise, Berna a choisi de rester dans son pays
Le Pays du Cèdre pourrait bientôt manquer d’infirmières. Conditions de travail difficiles et bas salaires les poussent à travailler à l’étranger. Berna, elle, ne partira pas. En effet, elle compte parmi les infirmières libanaises « privilégiées ».
Voilà sept ans que Berna Abi Aad travaille dans le service de neurochirurgie de l’hôpital Saint-Joseph de Beyrouth. Et rien ne la fera partir. A 28 ans, Berna tient à rester au Liban, le pays où elle est née. Elle ne prendra pas le chemin de l’expatriation, comme une majorité de ses confrères. Une « fuite » des infirmiers que même l’ordre de la profession, qui n’existe que depuis 2 ans, n’arrive pas à chiffrer. A cela s’ajoute le désintérêt des étudiants pour la profession : en 5 ans, le nombre de futurs infirmiers s’inscrivant dans un programme universitaire a diminué de 45%.
« A court terme, nous commencerons à manquer d’infirmiers, même à Beyrouth, la capitale », prévient Claire Zablit, présidente de l’ordre des infirmiers libanais. Destinations en vogue dans la profession : le Canada, la France et récemment les pays arabes (Arabie Saoudites, Emirats Arabes Unis, notamment). Pourtant Berna, si elle le voulait, pourrait prendre un aller simple pour la France : elle a obtenu sa licence d’infirmière à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, diplôme reconnu en Hexagone. Ce sésame, envié dans la profession, lui permet de travailler en France, sans équivalence. « Cela me permet à tout instant de voyager », explique-t-elle. En tout cas, le départ n’est pas à l’ordre du jour.
Une formation sur-mesure
Et pour cause, Berna travaille dans l’un des hôpitaux privés les plus prestigieux du pays. Pour 15 jours par mois à raison de 12 heures de travail par jour, elle touche un salaire mensuel de 750 € quand une infirmière libanaise gagne en moyenne 410 € par mois. « L’inconvénient de travailler dans un hôpital public, c’est que l’on est payé tous les deux ou trois mois », explique-t-elle.
A ces « avantages » s’ajoutent un treizième et quatorzième mois et un bonus en fonction de l’ancienneté. Autre « plus » qu’offre l’établissement, les formations proposées tous les 5 ans à son personnel. Berna prévoit déjà de présenter un diplôme universitaire en réanimation dans les prochains mois. En échange de cette formation payée par l’hôpital, elle a prolongé son contrat avec l’hôpital de trois ans.
De toute façon, cette énergique jeune femme n’envisage pas de faire carrière ailleurs puisque « travailler dans un autre hôpital, ce serait vraiment trop compliqué et différent de ce que j’ai appris à l’université », assure-t-elle. Car l’Université Saint-Joseph fournit la quasi-totalité du personnel soignant de l’hôpital qui porte le même nom. Quand elle était encore étudiante, Berna y avait réalisé 75% de ses stages. Une formation sur-mesure pour l’institution et un moyen de s’assurer un vivier exclusif de personnel.
Autre motivation pour Berna : l’implication des infirmières dans le fonctionnement de l’hôpital. Elle participe, comme toutes ces collègues, à des comités de réflexion. « Les infirmières ont vraiment leur mot à dire dans le fonctionnement de l’hôpital. Nous avons été très écoutées dans le cadre du comité sur les escarres », se souvient-elle. Une parole qui pèse dans le fonctionnement de l’institution, semble-t-il, mais le rôle des infirmières reste encadré. « Je travaille en relation avec les médecins internes. Seulement en cas de difficultés, nous nous adressons au médecin résident. »
Un fonctionnement modèle qui n’est pas représentatif, notamment des centres de santé situés dans des zones plus reculées. Là-bas, des infirmières licenciées manquent. Et pour contrecarrer la fuite des infirmiers, l’ordre a un plan : améliorer les conditions de travail des infirmiers. Dans sa ligne de mire : 40 heures de travail par semaine, un treizième mois, et une augmentation de salaire de 5% tous les deux ans. Déjà un luxe pour beaucoup d’infirmières au Liban.
Ariane Puccini
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je t’envie Berna et BRAVO ; moi j’ai due quitter le Liban par obligation familiale il y a 21 ans et ce n’est pas que je ne suis pas bien en FRANCE , mais le LIBAN m’ a toujours manqué et la vie de travail la bàs aussi ; et si je peux faire marche arrière …………………………………
oui c est certain!
en lisant cet article je me dis que je n’ai finalement pas à me plaindre en France