Aussi étrange que cela peut paraître, on ne connaît pas exactement le nombre d’infirmiers en activité en France. Idem pour les aides-soignants. La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé publie en ce mois de juin une étude qui clarifie – autant que possible actuellement – la démographie de ces deux professions.
Près de 600 000 infirmiers exerçaient en France en 2021, dont 500 300 salariés et 98 600 libéraux, ainsi que 423 500 aides-soignants.
Dénombrer ces professionnels n’est pas aisé car les données dont disposent le Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) et le répertoire Adeli (Automatisation des listes) de l’Assurance maladie, qui devraient être exhaustifs, ne sont pas complètes.
Le RPPS est alimenté par les informations que font remonter les ordres professionnels, auxquels les professionnels ont l’obligation de s’inscrire et de cotiser chaque année. Le nombre d’inscrits à ces ordres, et donc à celui des infirmiers, devrait refléter le nombre de professionnels en exercice mais pour les infirmiers, par exemple, ce n’est pas encore le cas. Si les Idel sont tous inscrits, a priori, car l’inscription est nécessaire à l’exercice en libéral, une partie des infirmiers salariés ne l’est pas encore.
C’est le résultat des « ratés » des premières années de l’histoire de l’Ordre des infirmiers, quand le ministère de la Santé a suggéré, à tort, que l’inscription n’était pas obligatoire pour les infirmiers salariés.
Répertoires non exhaustifs
Les inscriptions remontent la pente depuis que l’obligation a été réaffirmée – l’Ordre comptabilise à ce jour 538 931 inscrits – mais selon Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre National des Infirmiers (Oni), environ 100 000 infirmiers ne le sont pas encore. Le répertoire Adeli, qui répertorie tous les professionnels de santé, n’est pas fiable non plus car son actualisation, lors de changements de situation, est incomplète. Il doit par ailleurs être supplanté par le RPPS, qui a vocation à être exhaustif. Faute de base de donnée exploitable, donc, la Drees a compilé pour réaliser son étude les données de la « base tous salariés » (BTS) de l’Insee et celles du système national des données de santé (SNDS, pour les libéraux).
En termes d’évolution des effectifs, le nombre d’infirmiers a augmenté de 3,2% par an en moyenne entre 2013 et 2021 mais cette progression a ralenti en 2021. Sur cette période, le nombre d’infirmiers libéraux a augmenté plus vite que celui des salariés. D’ailleurs, rapportée aux besoins de soins infirmiers, qui vont croissant du fait du vieillissement de la population, la densité d’infirmiers salariés a diminué de 0,8% par an entre 2013 et 2021. La Drees observe aussi que la place des femmes dans la profession reste aussi très stable, passant sur la même période de 88% à 87% pour les salariées et de 83% à 82% pour les libérales : la part des hommes augmente mais très faiblement. Les Idel sont par ailleurs plus âgés, en moyenne, que les salariés.
L’étude montre par ailleurs que trois quarts des infirmiers salariés travaillent en poste à l’hôpital (dont 57% dans le secteur public et 19% dans le privé), les autres (11%) exerçant dans un établissement ou service médicosocial (dont 4% dans le public et 7% dans le privé).
Répartition géographique inégale
Huit infirmiers sur dix sont, en 2021 comme en 2013, des infirmiers en soins généraux ou en psychiatrie. Un sur dix est infirmier spécialisé (Iade, Iboden ou Puer) et un sur dix est cadre.
Globalement, ils sont répartis de manière hétérogène sur le territoire. La densité standardisée (toutes choses égales par ailleurs) d’Idel est plus élevée dans les départements et régions d’outremer (DROM), en Corse et dans les régions au sud de la France et plus basse qu’ailleurs en Ile-de-France. Celle des salariés est plus homogène, même si elle est plus élevée en Bretagne et dans les DROM.
Du côté des aides-soignants, la Drees dénombre 423 500 professionnels en 2021. Si l’effectif de cette profession a augmenté en moyenne de 1,1% par an entre 2013 et 2020, elle a diminué de 1,1% en 2021. Le nombre d’aides-soignants a augmenté plus vite que la population générale, mais pas autant que les besoins de soins. La densité standardisée des aides-soignants a donc baissé de presque 1% par an dans le même temps.
La répartition par sexe est quasiment identique à celles des infirmières (90% de femmes) mais les aides-soignants sont en moyenne plus âgés qu’eux. Ils sont en revanche plus nombreux à exercer dans des services et établissements médicosociaux (28%). Leur répartition géographie est également différente : la densité standardisée d’aides-soignants est élevée en Bretagne et en Guyane, et relativement élevée dans la moitié nord de la France mais faible en région PACA et en Corse. Elle a diminué dans toutes les régions.
Géraldine Langlois
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