Présidentielle : les étudiants en soins infirmiers s’invitent dans la campagne

Présidentielle : les étudiants en soins infirmiers s’invitent dans la campagne

A l’issue d’une campagne de dix jours pendant laquelle la Fnesi (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) a formulé une proposition quotidienne aux candidats, nous revenons sur les mesures phares attendues par les  professionnels en devenir.

 

Intégration universitaire “pleine et entière” de la formation en soins infirmiers 

Actuellement, les étudiants en soins infirmiers ne bénéficient pas pleinement des dispositifs ou installations universitaires telles que les technologiques numériques ou les laboratoires de simulation. Ils ne sont que rarement au contact des autres étudiants en santé, “ce qui est une barrière supplémentaire à l’interprofessionnalité” explique la Fnesi dans un communiqué. 

La fédération attend donc “un accès complet aux services universitaires“. “Le fait de ne pas être au sein du processus universitaire limite énormément les passerelles et donc la possibilité de réorientation adaptée” ajoute la Fnesi. 

Permettre l’accès pour tous à la formation en soins infirmiers

La Fnesi propose notamment la suppression du concours d’entrée infirmier en IFSI.

Objectif : réduire les inégalités sociales pour l’accès au concours. Les frais étant jugés trop élevés, avec une contrainte de multiplication des concours pour mutliplier les chances de réussite. 

Il est important de noter que les compétences mobilisées par le concours ne sont pas en lien avec la formation en elle-même” estime la Fnesi. 

Poursuivre des études pour les étudiants en soins infirmiers

La formation en soins infirmiers est sanctionnable depuis 2009 d’un grade licence délivré par l’Université. 

Néanmoins, il reste très difficile pour les étudiants de poursuivre leurs études, ce grade n’étant que rarement reconnu par les universités et rares sont les étudiants admis pour reprendre leurs études en master” remarque la fédération étudiante. 

Actuellement, la profession infirmière est très limitée car il n’y a peu de possibilités après les trois années de formation initiale – hormis les trois spécialisations“. 

Il n’existe pas ou peu de domaines de recherche en sciences infirmières en formation master ou doctorat, comme cela existe au Canada ou dans divers pays européens” poursuit la Fnesi, qui demande une “poursuite de la volonté d’élaboration d’un système Licence Master Doctorat en sciences infirmières“. 

Permettre l’égalité entre les étudiants

Les bourses des étudiants en soins infirmiers sont gérées par les régions depuis la loi de décentralisation de 2004. 

Nous constatons de nombreux retards dans le traitement des dossiers ainsi que dans le versement des bourses” explique la fédération, qui souligne que “les étudiants en soins infirmiers n’ont pas accès aux mêmes droits que les étudiants universitaires (logement, restauration, aides financières spécifiques…)“. 

Prendre en compte les particularités de chaque étudiant

Le temps d’étude peut-être une période perturbée par des contraintes économiques mais aussi sociales ou citoyennes. Des mesures adaptées sont prévues au sein des structures d’enseignement supérieur pour permettre aux étudiants concernés par ces situations (emploi étudiant, handicap, sportif de haut niveau…) de pouvoir poursuivre leurs études. Ces mêmes mesures n’existent pas au sein des IFSI” regrette la Fnesi, qui préconise la “mise en place des régimes spéciaux d’étude et de l’année de césure” pour les ESI.

Instaurer un réel processus démocratique dans les IFSI 

Lors de la réforme de 2009, le choix a été de conserver l’architecture actuelle des instituts paramédicaux et d’y faire entrer l’Université au travers de conventionnement. L’arrivée de cet acteur laissait espérer l’apparition d’une réelle démocratie à l’image de la place des étudiants dans les conseils centraux, mais il n’en fut rien” regrette la Fnesi, qui demande une “réforme de la gouvernance des IFSI“. 

Un véritable fonctionnement démocratique permettra aux étudiants d’investir pleinement leur formation et de participer à l’évolution de celle-ci, en agissant sur l’ensemble du fonctionnement de leur institut à travers des différents conseils“. 

Cette volonté d’une “réelle démocratie étudiante” est portée par les Fnesi depuis de nombreuses années. 

Suite à la manifestation de novembre 2016, le ministère de la santé s’est engagé à relancer les travaux de réforme de la gouvernance des IFSI. 

Créer une nouvelle forme d’exercice infirmier

Les pratiques avancées existent depuis de nombreuses années dans d’autres pays et ont différents buts : répondre à l’augmentation des coûts de la santé, permettre une meilleure prise en charge de l’orientation des patients et de la coordination de leurs parcours de soins ainsi que de répondre aux nouveaux enjeux de santé publique de la population. 

Ces infirmiers de pratique avancée, ont un champ de compétences augmenté grâce à une formation supplémentaire. Ils sont capables d’avoir une plus grande autonomie et une meilleure prise en charge des patients. 

La Fnesi, qui réclame l’accélération du processus IPA Infirmière de pratique avancée en France ( la loi de modernisation de notre système de santé a créé les IPA, mais un décret d’application définissant notamment leur rôle exact ainsi que leur formation est toujours en attente), explique que “cela ne doit pas être perçu comme une spécialisation dans un domaine de santé, mais plutôt dans un champ de compétences“. “Il est impératif que cette formation soit accessible directement à la suite de la formation initiale“.

Qualité de formation en stage

La Fnesi remarque que “les conditions d’accueil et d’encadrement des stagiaires sont très inégales” selon les établissements. 

Il est rare que les stagiaires aient accès aux services mis à disposition des salariés (blouses, restauration, badges, parking…)” et ” l’intégration des stagiaires passe par l’accès à ces services“. 

Et de constater : ” Une formation pour les tuteurs des stagiaires est prévue, mais elle n’est pas obligatoire. Cette formation n’est donc que très peu reconnue à l’heure actuelle“. 

La Fnesi demande donc un investissement “dans la politique d’encadrement” et souhaite faire “valoriser les statut de tuteur de stage“. 

Une valorisation du tuteur de stage permettra d’avoir une formation adaptée pour les infirmiers et ainsi leur permettre d’être en pleine capacité d’accueillir les étudiants dans les meilleures conditions possibles”

Permettre l’évolution de la profession infirmière

Les actes infirmiers sont régis par la nomenclature des actes de soins infirmiers. Seul l’article 51 de la loi HPST permet la mise en place de protocoles de coopération, de transferts de tâches entre les professionnels. 

Cette disposition ne s’inscrit pas dans un transfert de compétences et n’amène donc pas à un transfert de responsabilités entre les professionnel. En cas de changement de lieu d’exercice, le professionnel perd le bénéfice de cette protocolisation“. 

La Fnesi souhaite donc “la suppression du décret d’acte” et la “création d’un référentiel de compétence professionnel“.

En l’occurrence, la fédération propose la création d’un décret de compétences complété par un arrêté détaillant les actes, qui serait plus simple à faire évoluer. “Les compétences sont le socle de base, le coeur du métier, qui n’évolue que très lentement, tandis que les actes, régi par un arrêté, et sujets à de nombreuses modifications, pourrait être modifié beaucoup plus facilement“. 

Permettre une liberté d’installation en libérale pour les nouveaux diplômés. Pour la suppression du temps d’exercice avant l’installation en tant qu’infirmière libérale

Un étudiant en soins infirmiers nouvellement diplômé doit effectuer 24 mois d’exercice à temps plein avant de pouvoir s’installer en tant qu’infirmier libéral et 18 mois avant d’effectuer des remplacements dans le cabinet d’un infirmier libéral

Cette obligation d’exercice, présente uniquement chez les infirmiers, n’a pas de réelle justification en dehors d’une logique d’acquisition d’expérience. L’expérience, propre à chaque individu, ne devrait pas avoir sa place dans le cadre de l’exercice d’une profession“. 

M.S

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