Olivier Véran a annoncé lundi, à l’issue du troisième comité de suivi du Ségur de la santé, une revalorisation des grilles indiciaires (lire notre article ICI). Cette mesure concernera les personnels soignants et médico-techniques de la fonction publique hospitalière à compter du mois d’octobre 2021. A titre d’exemple, un infirmier en début de carrière, devrait percevoir 290 € net/mois de plus qu’avant le Ségur (+183 € net de revalorisation du Ségur + 107 € net au titre de la revalorisation des grilles de catégorie A).
Les négociations avaient été entreprises au second trimestre 2020, durant la première vague de l’épidémie de COVID-19. Les organisations représentatives de la profession avaient alors présenté leurs revendications, parmi lesquelles l’augmentation salariale de 300 euros nets permettant de s’aligner sur le salaire moyen européen.
Quelques jours après les annonces, les réactions des centrales syndicales et des organisations professionnelles infirmières sont mitigées. Certaines saluent « de véritables avancées » comme le soulignent la CFDT santé-sociaux et Force Ouvrière dans leurs communiqués. Le SNPI, par la voix de Thierry Amouroux, confirme que la somme annoncée pour les infirmiers en début de carrière « se rapproche des revendications initiales », mais s’interroge sur le déploiement tardif de la revalorisation et sur les modalités de son application dans le temps.
Le SNPI rejoint d’ailleurs d’autres organisations professionnelles, notamment celles représentant les infirmiers spécialisés et les cadres de santé, qui dénoncent un traitement inégal de la part du ministère.
Sentiment d’inégalité, d’injustice…
« On est excédés ! », confie Simon Taland, secrétaire général du Syndicat National des Infirmier(e)s Anesthésistes (SNIA). La revalorisation des grilles de catégorie A, après 1 an de carrière, correspond à 16 euros net pour un infirmier spécialisé, – soit une revalorisation salariale de 199 €, contre 290 € pour un infirmier en soins général au total – selon les données du ministère. Après revalorisation, la différence entre le salaire net d’un IDE en début de carrière et celle d’un IDE spécialisé est de 13 euros, quand elle s’élevait à 113 euros avant Ségur.
« On s’aperçoit qu’il n’y a plus de différence entre les professions spécialisées et les infirmiers en soins généraux. » Simon Taland dénonce l’absence de prise en compte du niveau d’étude, de compétences et de responsabilités dans les annonces faites par le gouvernement. Il rappelle que les revendications des IADE portaient sur une grille salariale conforme à un BAC+5. « Il ne peut pas y avoir une différence de 13 euros entre un niveau licence et un master. »
Le sentiment est partagé par les IBODE. Dans un communiqué diffusé mardi, le Collectif Inter-Blocs estime que « la valorisation de la profession est inexistante. »
« C’est la douche froide pour les IBODE quand on s’aperçoit que l’écart de salaire se réduit encore », s’alarme de son côté l’Union nationale des associations d’infirmier(e)s de bloc opératoire diplômé(e)s d’Etat (UNAIBODE).
L’Association nationale des cadres de santé (ANCIM) s’est également exprimée. Elle explique que les cadres de santé sont les professionnels les moins revalorisés après un an de carrière et « devront attendre 5 ans pour percevoir un supplément. » En effet, les chiffres font état d’une revalorisation de 183 euros pour un cadre en début de carrière, soit le montant déjà obtenu lors de la première phase du Ségur, sans supplément.
« Cela pose un problème d’égalité », commente Thierry Amouroux pour le SNPI, « jusqu’à présent il y avait un principe de rémunération selon le niveau d’étude. Laisser entendre que, peu importe le nombre de mois d’études supplémentaire, une infirmière spécialisée touchera 13 euros, ça ne fait pas cher le mois d’étude ! »
… et de mépris
A travers l’expression des différentes organisations, apparaît un sentiment de mépris au sein des différentes familles que compte la profession infirmière. Simon Taland confie : « je n’ai jamais ressenti un tel mépris de nos gouvernants. » Sentiment partagé par l’ANCIM qui se dit « sidéré du mépris avec lequel sont considérés les cadres de santé », et par le collectif Inter-Blocs : « jamais un tel mépris n’avait été affiché par le gouvernement. »
Le secrétaire général du SNIA explique que ces annonces sont faites à un moment particulier pour la profession IADE dont les revendications statutaires n’ont pas été entendues. « Les IADE sont très éprouvés par la crise sanitaire, il y a un sentiment de déclassement qui fait monter la défiance chez les professionnels », ajoute-t-il.
« Le gouvernement peut mieux faire »
Les annonces concernant la revalorisation des salaires ne vont « pas suffire à répondre au problème de l’attractivité à l’hôpital […] Le gouvernement peut mieux faire », estime le SNPI . L’ensemble des organisations s’interroge également sur les modalités d’application à l’ensemble de la carrière et attend un calendrier plus précis de mise en œuvre.
Pour les organisations représentant les IADE, IBODE et cadres de santé il s’agit également de résoudre un problème d’attractivité des spécialités. Simon Taland craint des problèmes de recrutement dans les écoles : « Qui ira faire IADE pour 200 euros de plus – que les infirmiers en soins généraux, ndlr – en fin de carrière ? »
Adrien Collet
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