La Fédération nationale des étudiants infirmiers (FNESI) et le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (CEFIEC), qui ont participé aux travaux préparatoires de ce changement, le saluent. Pour Ludivine Gauthier, présidente de la FNESI, la suppression du concours et le transfert du processus d’admission en IFSI par la plateforme Parcoursup, constitue une « avancée pour les étudiants et leurs familles ». Elle considère que cela rétablit « l’égalité des chances » entre les candidats en réduisant considérablement les frais liés à l’inscription à plusieurs concours, ceux correspondant aux déplacements et au logement pendant les épreuves écrites et orales dans plusieurs écoles et le coût de l’inscription à des classes préparatoires, souvent privées.
Plus d’égalité
Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) voit aussi dans cette « révolution » une nouvelle marche vers l’universitarisation et une reconnaissance des compétences des infirmiers mais il la considère aussi comme inquiétante. Le syndicat « exige » en effet que le processus d’admission comprenne toujours un oral (une demande non partagée par la FNESI). Selon lui, le SNPI, l’admission ne peut faire l’économie d’un entretien, comme il en existe pour d’autres formations concernées par Parcoursup. Ce « filtre humain » permet en effet, estime le syndicat, de « déceler certains comportements ou discours incompatibles avec la profession » et le contact avec des patients, mais aussi de « repérer des pépites dans le flot des candidats et leur donner une chance même si leur dossier peut être moyen ».
Une préoccupation partagée par la Coordination des étudiants et enseignants en santé. Yves Rival, son porte-parole, regrette que les professionnels et les étudiants n’aient pas été davantage consultés sur cette réforme, ce qui aurait conduit à l’écarter. Surtout, il craint fort que le passage de l’admission par Parcoursup ne conduise à une uniformisation des profils des étudiants en se basant davantage sur leur dossier scolaire que sur leur motivation et leur appétence pour le métier. « C’est ce qui s’est passé il y a deux ans pour les kinés, observe-t-il. La profession en pâtira à long terme, il y aura plus d’abandon du métier, voire des études. » Et le porte-parole de la coordination d’ajouter : « Ce métier est spécial. C’est un métier-passion. Si on veut tenir, il faut vibrer dès le départ. Etre infirmier ne s’improvise pas, l’IFSI n’est pas une voie de garage. » Un éventuel entretien permettra peut-être de résoudre cet écueil.
Mais Ludivine Gauthier se veut rassurante : « il y aura des modalités de classements des candidatures. Il est hors de question qu’on privilégie un bac plutôt qu’un autre ». En arrivant dans Parcoursup un an après sa mise en œuvre, « on ne fera pas les mêmes erreurs » observées cette année, pense-t-elle. Et le fait de mutualiser les dossiers par territoire universitaire devait rendre possible selon la présidente de la FNESI leur examen effectif par les jurys : « au lieu d’avoir 4000 dossiers par IFSI, on en aura par exemple 400 par territoire ». Cependant, les modalités d’admission ne sont pas encore définies…
Craintes des prépas privées
La commission Santé de la Fédération nationale de l’enseignement privé, s’insurge pour sa part contre la suppression du concours et et la « brutalité » de son annonce, effective sans délai… alors qu’il aurait eu l’assurance que le concours serait maintenu en 2019, indique Claude Lopez, responsable de la commission. Et que des milliers d’étudiants sont déjà inscrits dans leurs classes préparatoires, ont prévu leur logement pour la rentrée… Aussi, il estime que la suppression du concours -et donc, potentiellement des classes préparatoires- conduira à la fermeture de certaines écoles et, tout au moins, à la suppression de 930 à 950 postes d’enseignants et de personnels administratifs. Quelque 200 écoles privées proposent des préparations, qui regroupent quelques 8000 élèves. « Notre seul espoir, ajoute Claude Lopez, c’est qu’un contenu réel soit mis derrière concept de “valorisation” » évoqué par les ministres au sujet de la prochaine année de prépa.
Olivia Dujardin
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S’inscrire dans un processus d’universitarisation des études en soins infirmiers, nous sommes nombreux, étudiants comme IDE, à le réclamer depuis de nombreuses années. Cette réforme va dans le bons sens car elle répond à une demande forte et répétée.
Mais la faire ne suffit pas. Encore faut-il aller jusqu’au bout pour en définir les modalités d’application. Ensuite, il sera temps de faire le point sur son efficacité avec un peu de recul.
Bonjour Wiwi,
Ainsi, vous pensez que sélectionner un candidat pour exercer un métier lié aux soins à l’aide d’un algorithme est une méthode judicieuse ?
Je pense l’inverse. Parcoursup représente selon moi un danger pour la sécurité des patients. Peut-on par exemple tolérer en tant que patient d’être soigné par un maniaco-dépressif, un bipolaire ou tout simplement, par une personne qui ne fait pas preuve d’un minimum d’empathie ?
En tant que patient, c’est vrai, je suis demandeur d’un soin de qualité…mais l’empathie et l’écoute, c’est un minimum (sans avoir une vision angélique des relations humaines, je ne pense pas que les IDE doivent être des bonnes soeurs, loin de là).
Pensez-vous que Parcoursup puisse détecter tout cela ? J’espère sincèrement que le concours sera rétabli. Il en va de la sécurité et du bien-être (ca va ensemble) du patient.
Bonjour
La suppression du concours permet à l’Etat de disposer d’une réserve compte tenu des départs anticipés d’IDE en cours d’exercice.
Selon le SNPI, 30% des IDE changent de métier après …. 5 ans d’exercice pro ! C’est un scandale que les pouvoirs publics ne font rien pour limiter cette hémorragie. En supprimant le concours, l’Etat est sûr de pouvoir remplir les promotions et ainsi :
– remplacer les départs d’IDE
– limiter la hausse salariale demandée légitimement par les pros de santé (Plus de pros = plus de marge de manœuvre pour les employeurs = salaire limité lié à l’expérience pro. En effet, on ne rétribue pas de la manière une IDE qui a 15 ans d’exp qu’un(e) jeune IDE)
– permettre la continuité des soins
Bonjour
Bien que cet article date de 2018, en tant que membre d’une association accompagnant des personnes atteintes de maladies chroniques, je me questionne sur le recrutement des futurs professionnels de santé. En effet, que ce soit le métier d’IDE, de psychomotricien, d’ergothérapeute, d’AS, d’orthoptiste, de plus en plus de formations font l’objet d’un recrutement via PARCOURSUP.
Cette décision est scandaleuse pour la sécurité du patient. En effet, comment peut-on sélectionner des aspirants professionnels de santé à l’aide d’un algorithme ? Un algorithme est-il capable de déceler :
– des troubles psychologiques d’un candidat pour ne pas dire psychiatrique (Bipolarité, perversité)
– la motivation du candidat et ses qualités humaines (empathie, capacité de supporter la souffrance)
– les capacités cognitives du candidat.
Aussi, avec PARCOURSUP, il y a un risque de générer un homogénéisation dans le choix des candidats avec une volonté de rapprocher davantage la formation d’IDE vers l’Université (Bac S, 1re année de médecine ; ils ont leur place en IFSI mais ce qui fait la richesse d’une formation, peu importe le métier d’ailleurs, c’est la richesse des parcours)
Je prône une sélection drastique pour tout métier lié aux soins, du médecin en passant par l’AS, à l’instar des policiers & enseignants. Les policiers sont sélectionnés à l’aide de psychologues, idem du côté de l’éducation nationale. C’est la moindre des choses !
Espérant que la sélection via PARCOURSUP soit définitivement supprimée pour les professionnels de santé.
Je ne remet pas en cause la formation. Je suis issue de la nouvelle!! Je crains seulement que les mauvaises représentations déjà établies sur les nouveaux diplômés soient accentuées!
Be Fab impressionnant de voir comment vous détournez des propos 🙂
Je n’ai pas dit que évoquer d’autres problématiques de notre système de santé c’était polémique, par contre dire que ce n’est une priorité le concours infirmiers alors qu’on sait tous très bien que ce ne sont pas les mêmes personnes qui s’occupes de ces 2 sujets différents et qu’il n’est donc pas question de priorité pour moi oui c’est polémiquer.
Et encore une fois, à quel moment j’ai dis dans mon message qu’il fallait cesser d’ouvrir nos geules comme vous dites ? 🙂
Non j’ai juste dis que la nous avons la possibilité de changer les choses pour les étudiants infirmiers qui seront vos futurs collègues, de supprimé une inégalité, un concours qui n’avait rien à avoir avec la profession. Alors pourquoi ne pas encourager ce changement ?
Pour le reste je serais le “premier” à geuler sur toutes les problématiques de notre système de santé bien sur 🙂
Du coup, vous devez être très fâchée contre certaines organisations pro qui perdent du temps à s’opposer à la fin du concours plutôt que de lutter contre les vrais problèmes ?
La fameuse phrase qu’on entend a tous les stages… Lourdeur. Des professionnels, bon et mauvais, il y en a partout. C’est pas la nouvelle réforme qui est fautive. Dans tous les cas, on va bientot passer au ‘avant 2018, avec les concours, c’était beaucoup mieux ‘.
Il y aura tant ton dossier scolaire que ton engagement personnel (je pense que qqun qui est bénévole en EHPAD est bien à même de se faire une idée de soignant, bien plus que qqn qui passe des tests psychotechniques dans son coin), tes loisirs, ta motivation, ton parcours professionnel (si tu es en reconversion pro)… C’est encore en élaboration. Dans tous les cas, les quotas par IFSI ne seront pas changés.
Qu’on ne me dise pas “les tests psychotechniques permettent de voir un niveau en maths” –> si tu as ton bac, tu sais faire une règle de trois. Et pour s’inscrire sur Parcour’sup, il faudra un bac (à moins d’être as ou AP) 🙂
Qu’on ne me dise pas non plus “L’oral permet de sélectionner” quand, pour rentrer en IFSI, tu apprenais par coeur les attendus des examinateurs. Si c’était si fiable, je n’aurais pas eu 13 à l’oral de Rennes et 19 à l’oral de Rouen. Et pourtant j’étais la même personne, avec les même motivations 🙂
Un psychiatre met plusieurs mois (voir années) à poser un diagnostic fiable. Comment peut-on donc sérieusement dire qu’en 30min, on saura si la personne est apte ou non à faire une formation d’inf ?
De plus, te dire qu’en 30min, la personne est apte ou non, c’est nier qu’en 3ans elle va évoluer. Es-tu la même qu’à ton entrée en IFSI ? N’as tu pas progressé dans ton relationnel aux patients ? Et ca on ne pouvait pas le savoir à l’oral
Et ca permet d’arrêter l’hypocrisie du concours.
Il y avait 150 000 inscriptions à des concours. Mais une moyenne de 4-5 concours par personne.
Ce qui fait 30 000 candidats à entrer en IFSI, au final.
Et il y a 31 000 places en 1ere année d’IFSI, réparties sur tout le territoire français.
Donc le concours était-il efficace, mais surtout, utile ?
Un concours d’entrée qui juge si tu es apte ou non à intégrer un IFSI et être infirmier plus tard, c’est absurde. C’est comme si, avant même que tu commences les cours de conduite, on te fasse passer un concours pour savoir si oui ou non, APRES tes cours de conduite, tu seras capable d’être un bon conducteur 😉