Une étude pour prévenir l’usage problématique d’internet chez les adolescents

Une étude pour prévenir l’usage problématique d’internet chez les adolescents

Le CHU de Montpellier coordonne le volet français d’une étude – BootStRaP – menée à l’échelle européenne sur l’utilisation problématique d’internet chez les jeunes. Objectif : mettre au point une appli de prévention et faire des recommandations politiques pour lutter contre ces usages, en s’appuyant sur des preuves scientifiques solides.

© Fizkes / ShutterStock

L’utilisation problématique d’internet, notamment chez les jeunes, s’est manifestée en particulier pendant la crise Covid-19.

Cet usage est considéré depuis, comme un grave problème de santé mentale, à l’échelle mondiale. « Selon des données déjà connues, les consommations des jeunes lorsqu’elles sont problématiques peuvent être très compulsives avec un profil plutôt anxieux et la nécessité de maîtriser les flux d’informations, sur les réseaux sociaux entre autres », indique le docteur Diane Purper-Ouakil, cheffe du service de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent – secteur 1 au CHU de Montpellier. « Elles peuvent être plus impulsives et le profil est plutôt consommateurs de jeux vidéos en ligne avec perte de contrôle de l’activité », ajoute ce médecin coordonnateur du volet français de BootStRaP*, l’étude qui vient de démarrer dans 14 pays**.

La prévention avant tout

Cette recherche va se dérouler en trois étapes d’un an. Vont être étudiés entre autres la façon dont les adolescents utilisent internet et l’impact psychologique de tels usages. « L’objet principal de l’étude c’est la prévention des consommations problématiques chez les jeunes, en termes de temps, de contenus et de retentissement sur la vie de tous les jours », précise le docteur Purper-Ouakil.

« Les adolescents ont un fort risque de sur-utilisation numérique, et sont très vulnérables aux effets nocifs sur leur santé mentale. » Certains types d’usages sont en effet, plus problématiques dès lors qu’ils ont des répercussions sur la vie réelle : diminution des contacts sociaux, isolement, perte de repères et de convivialité familiale ou extérieure avec de vraies rencontres.

« La sédentarité, la diminution de l’activité physique présentent aussi des risques pour la santé globale comme le surpoids, les problèmes de squelette, d’alimentation », ajoute la cheffe de service. Il y a, selon elle, peu de risques massifs dans un seul domaine mais une accumulation de petites choses chez les usagers intensifs ou qui ont des usages à risques. « Par exemple, aller sur des sites dont les contenus ne sont pas recommandés pour l’âge ou sur des sites où ils risquent de se faire cyber-harceler ou prédater. »

10 à 17 % dans le monde

Jeux d’argent, jeux de hasard, achats compulsifs, réseaux sociaux, cyber intimidation, cybercondrie (recherche compulsive d’informations en ligne sur la santé, les soins les traitements)… la perte de contrôle de l’activité en ligne est  connue dans ces cas, aussi, pour ses répercussions sur le plan individuel et familial…

Une étude menée en 2022 par l’OMS fait ainsi apparaître que 10 à 17 % de la population mondiale est aujourd’hui concernée par une utilisation problématique*. « Il n’est pas question de dire que c’est globalement nocif, il y a aussi des effets positifs comme créer des liens, des communautés, trouver des infos… », rappelle toutefois Diane Purper Ouakil.

Des milliers d’ados

L’étude, en phase de recrutement, va mobiliser sur trois ans, plusieurs milliers d’adolescents dont 400 par an à Montpellier. Le recueil des informations sur les habitudes quotidiennes des jeunes en ligne va se faire à l’aide d’une appli mobile (BootStRaP).

Les deux années suivantes s’attacheront à construire puis évaluer un outil de prévention numérique capable de faire une veille et d’alerter sur les consommations qui sortent des usages moyens de la tranche d’âge concernée. « Ces contenus vont être adaptés aux profils et types de consommation problématique que l’on va voir émerger dans l’étude initiale », indique Diane Purper Ouakil. Les jeunes vont être directement impliqués dans la co-création de l’application, aussi.

Outre réduire les consommations problématiques des ados, l’étude BootStRaP veut pouvoir aider les parents, les professionnels de santé, les enseignants. « Nous aimerions aussi qu’elle puisse servir pour asseoir les politiques publiques de prévention », confie la cheffe de service.

Et, pourquoi pas, intervenir auprès des fournisseurs de jeux, des plateformes et des réseaux sociaux. « Elle vise avant tout un usage plus responsable chez les jeunes en même temps qu’une collaboration cohérente entre décideurs et politiques de santé », confie Diane Purper Ouakil.

Myriem Lahidely

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Infos

* Boosting Societal Adaptation and Mental Health in a Rapidly Digitalizing Post-Pandemic Europe / Stimuler l’adaptation sociétale et la santé mentale dans une Europe post-pandémique en pleine digitalisation.

** Montpellier est le seul CHU de France à y participer. Le projet global, lui, est coordonné par l’université du Herforthshire.

*** Cette étude note aussi, par exemple, que 33 % des adolescents jouent en ligne quotidiennement, et 22 %, d’entre eux, au moins quatre heures.

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